Une inflation globale
Longtemps cantonnée à certains pays émergents ou en développement, l’inflation fait son grand retour dans la plupart des économies les plus riches depuis 2021. En mars 2022, l’augmentation des prix a dépassé, en rythme annuel les 7 % au Royaume-Uni, en zone euro et aux États-Unis. Grâce à son mix énergétique favorable et aux différentes mesures composant le « bouclier tarifaire », la France affiche l’un des taux d’inflation les plus faibles de la zone euro : 5,4 % en avril 2022 en rythme annuel.
Le Japon fait toujours figure d’exception dans ce panorama. En mars 2022, l’inflation n’y était que de 1,2 % en rythme annuel.
Les raisons de ce retour de l’inflation sont nombreuses : forte reprise économique consécutive à la crise liée à la pandémie de Covid-19, augmentation des prix de l’énergie, perturbations des chaînes de valeur et de l’offre de certains produits en raison de la pandémie, effets inflationnistes de certaines mesures budgétaires et monétaires, etc. Le déclenchement de la guerre en Ukraine est venu, fin février, amplifier ce mouvement d’augmentation des prix.
L’hypothèse d’une inflation temporaire de moins en moins crédible
Présenté initialement comme un phénomène temporaire, ce retour de l’inflation devrait s’installer dans la durée.
Un durcissement des politiques monétaires
Preuve de ce changement d’attitude vis-à-vis de l’inflation, la plupart des banques centrales ont, d’ores et déjà, durci leur politique monétaire. Elles ont ainsi intégré le caractère « durable » de l’inflation actuelle. Dernières décisions en date : celles de la Réserve fédérale (FED) d’augmenter ses taux d’intérêt directeurs de 0,5 point et de réduire progressivement la taille de son bilan à partir du mois de juin.
Selon un rapport de la Banque mondiale paru fin avril, l’impact sur les prix alimentaires et de l’énergie de la guerre en Ukraine devrait, en effet, durer plusieurs années. Si les prix vont augmenter fortement en 2022, avant de connaître des baisses plus ou moins prononcées en 2023 et 2024, il n’en demeure pas moins qu’ils resteront à un niveau plus élevé qu’en 2021. Fin 2024, le prix de la viande de bœuf sera, selon les prévisions de la Banque mondiale, supérieur de 8 % par rapport à son niveau de 2021. Les hausses de prix au cours de la même période atteindront 12 % pour le charbon, 13,6 % pour le pétrole, 16 % pour le café, 17,5 % pour le blé, 21,3 % pour l’huile de palme et 38,5 % pour le gaz naturel.
Selon la Banque mondiale, ces augmentations du prix des produits alimentaires et de l’énergie devraient contribuer à maintenir l’inflation à un niveau non négligeable, en raison notamment des deux effets suivants :
- les énergies fossiles ne sont que faiblement substituables à court terme : puisque l’inflation touche toutes les sources d’énergie, il est moins facile de remplacer une source par une autre ;
- la hausse du prix de certaines matières premières et de produits de base va provoquer un effet « boule de neige ». Ils sont, en effet, utilisés dans la production de nombreux biens… ce qui devrait générer des tensions sur les prix de ces derniers.