Stabilisation ou dégradation des finances publiques ?
La crise économique provoquée par la pandémie de Covid-19 et la remontée actuelle des taux d’intérêt, conséquence du durcissement des politiques monétaires ont entraîné un regain d’intérêt pour les questions entourant le financement des États. Parmi elles : quelle évolution peut-on anticiper pour les finances publiques, compte tenu du contexte macroéconomique actuel ? Faut-il s’inquiéter de l’augmentation récente de l’endettement public ?
Le projet de loi de programmation des finances publiques 2023-2027 (LPFP) présenté par le gouvernement permet de répondre partiellement à la première question. Il dresse, en effet, des perspectives d’évolution des comptes publics en France.
Selon ce projet de loi, le déficit public se réduira progressivement au cours des cinq prochaines années, passant de 5 % du produit intérieur brut (PIB) en 2022 à 2,9 % en 2027. Si cette prévision est réalisée, la France passerait sous la barre des 3 % du PIB – plafond prévu par les traités européens – pour la première fois depuis 2018. La réduction progressive du déficit public devrait, en outre, permettre une stabilisation de la dette publique autour de 111 % du PIB.
Il ne faut pas confondre le déficit public et la dette publique. Le premier est un flux et traduit un solde budgétaire négatif (les dépenses sont supérieures aux recettes). La dette publique est, en revanche, un stock qui résulte de l’accumulation des déficits passés.
Le Fonds Monétaire International (FMI) a, quant à lui, une vision plus pessimiste de l’évolution des finances publiques françaises. Dans son dernier Moniteur des finances publiques paru en octobre, l’institution internationale anticipe une augmentation de la dette publique en France au cours des prochaines années. Elle atteindrait ainsi 118,5 % du PIB en 2027. Cette hausse de l’endettement public serait, selon le FMI, le résultat du maintien du déficit public à un niveau proche de 5 % du PIB (contrairement aux prévisions du gouvernement).
Le Haut Conseil des finances publiques a également critiqué les projections du gouvernement dans son avis rendu fin septembre : les prévisions de croissance y sont jugées « optimistes » et fondées « sur des hypothèses très avantageuses ». Le Haut Conseil des finances publiques considère également que « la trajectoire de finances publiques présentée par le gouvernement est peu ambitieuse ».
Évolution des finances publiques : comment expliquer ces différences de prévisions ?
Les différences de prévisions quant à l’évolution des finances publiques françaises s’expliquent par des hypothèses différentes, portant en particulier sur le dynamisme de la croissance économique. Ici, les projections retenues par le gouvernement sont plus optimistes que celles du FMI. L’institution internationale prévoit une croissance annuelle moyenne de 1,6 % en France entre 2022 et 2027, tandis que le projet de loi de programmation des finances publiques 2023-2027 est établi à partir d’une hypothèse d’une croissance annuelle moyenne de 1,8 %.
Le rythme de la croissance économique est un élément crucial dans l’évolution du déficit et de la dette publics. En particulier, une augmentation plus forte de l’activité économique est bénéfique pour les finances publiques, dans la mesure où elle entraîne une hausse des recettes fiscales, dont certaines sont proportionnelles à l’activité économique, et où elle réduit certaines des dépenses de l’État.
Et les finances publiques en Allemagne ?
Les prévisions d’évolution des finances publiques allemandes contrastent fortement avec la situation française. Selon le FMI, la dette publique de l’Allemagne devrait en effet se réduire de près de 10 points de PIB entre 2022 et 2027. Alors que la dette publique représente, actuellement, 69,6 % du PIB outre-Rhin, l’institution internationale prévoit que ce ratio redescendra sous la barre des 60 % en 2027.