Brésil : une croissance heurtée
Le Brésil connaît, tout d’abord, une croissance économique heurtée. Le phénomène n’est pas nouveau : depuis le début des années 1980, le pays a ainsi connu 9 années de recul de son activité économique. Il continue de caractériser l’économie brésilienne : au cours des 12 dernières années, le taux de croissance annuel du produit intérieur brut (PIB) n’a été que de 1,3 % en moyenne. Alors même que le Brésil était le B de BRICS, cet acronyme qui désignait des pays appelés, depuis le début des années 2000, à connaître un développement très rapide.
Comme de nombreuses autres économies, le Brésil a subi les conséquences de la crise des subprimes en 2009 et de la crise du Covid-19 en 2020. La récession des années 2015 et 2016, au cours desquelles le produit intérieur brut (PIB) a reculé successivement de 3,5 et 3,3 %, semble, quant à elle, propre à l’économie brésilienne. Elle a été déclenchée par la baisse des prix de certaines matières premières, telles que le soja, le sucre et le fer, dans lesquelles le Brésil est spécialisée. Ces récessions ont, au passage, révélé les faiblesses structurelles du modèle économique brésilien.
Ce caractère heurté de la croissance économique du Brésil a de nombreuses conséquences. L’une des plus importantes est la persistance du chômage. Celui-ci a bondi au milieu des années 2010 en raison de la récession de 2015-2016 : d’une valeur de 6,7 % en 2014, le taux de chômage a atteint 8,4 % en 2015, puis 11,6 % en 2016. En raison de la faible croissance de la période 2017-2019 et de la crise économique de 2020, le chômage a, de nouveau, augmenté. Le taux de chômage était, en effet, de 14,4 % au Brésil fin 2021.
Dans ses dernières projections économiques d’octobre 2022, le Fonds Monétaire International (FMI) anticipe que la croissance économique brésilienne atteindra 2,8 %, 1 % et 2 %, respectivement en 2022, 2023 et 2024.
Les craintes autour de l’inflation brésilienne
L’économie brésilienne est également confrontée au retour de l’inflation depuis 2021. La hausse des prix a en effet atteint 8,3 % en 2021 et devrait être comprise entre 4,7 et 6 % en 2022 et 2023 selon des prévisions du Fonds Monétaire International (FMI). L’évolution de ces taux d’inflation, largement supérieurs à la cible de la Banque centrale du Brésil, est scrutée de près au Brésil, pays qui connaissait au début des années 1990 une inflation annuelle de plusieurs centaines de pourcents !
Ce retour de l’inflation contraint fortement la politique monétaire menée par la Banque centrale du Brésil. Depuis 2021, celle-ci a augmenté à de nombreuses reprises ses taux d’intérêt directeurs. Le principal taux d’intérêt directeur est, à l’heure actuelle, de 13,75 %. Justifiée par la Banque centrale du Brésil par la nécessaire lutte contre l’inflation, cette politique monétaire restrictive pourrait, toutefois, peser sur l’activité économique du pays.
Niveau d’inégalités au Brésil
Le Brésil reste, enfin, un pays très inégalitaire. Les 20 % des ménages les plus pauvres n’y touchent que 4,5 % de l’ensemble des revenus. En outre, selon les calculs de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), le coefficient de Gini atteint, au Brésil, 0,534. Parmi les pays de l’OCDE, seule l’Afrique du Sud affiche un niveau d’inégalités de revenus supérieur : le coefficient de Gini y est de 0,62. En France, le coefficient de Gini est de 0,29.
Le coefficient de Gini mesure la différence entre la distribution observée d’une variable et la distribution théorique parfaitement égalitaire de celle-ci. Le coefficient de Gini est compris entre 0 (distribution parfaitement égalitaire) et 1 (distribution la plus inégalitaire possible).
Si le Brésil est parvenu au cours des 40 dernières années à réduire drastiquement l’extrême pauvreté – la part de la population vivant avec l’équivalent de moins de 2,15 dollars par jour est passée de 30,6 % en 1983 à 1,9 % en 2020 –, force est de constater qu’il reste encore de nombreux progrès à accomplir en matière d’inégalités.