Les femmes gagnent 15,8 % de moins que les hommes
Le vendredi 4 novembre 2022 est la journée à partir de laquelle « les femmes en France commencent à travailler gratuitement », selon les calculs de la newsletter Les Glorieuses. À quoi cette date, destinée à mettre l’accent sur les inégalités salariales entre les femmes et les hommes, correspond-elle précisément ? Pour le comprendre, il faut, tout d’abord, revenir sur la dernière estimation de l’écart de salaire moyen entre les femmes et les hommes pour la France. Selon les données d’Eurostat, les femmes percevaient en 2020 en France un salaire inférieur de 15,8 % à celui des hommes. Cet écart est en légère diminution par rapport à 2019, mais reste plus élevé que celui constaté au début de la décennie 2010.
En choisissant de comparer l’écart de salaire constaté au salaire des hommes, on minimise systématiquement la différence de rémunération entre les hommes et les femmes.
Un même écart rapporté à un salaire plus faible (celui des femmes) aboutit à un pourcentage plus élevé, en l’occurrence au lieu de 15,8 % on aurait environ 20 % si l’on cherchait de combien il faudrait augmenter le salaire des femmes pour qu’il atteigne celui des hommes.
Les données de salaires présentées ici sont exprimées en « équivalent temps plein » (EQTP). Selon cette méthode de calcul, l’ensemble des salaires est converti à un temps plein sur l’année, indépendamment du volume de travail réellement effectué.
En l’absence d’inégalité salariale, c’est-à-dire si les femmes gagnaient autant que les hommes, elles n’auraient à travailler qu’un peu plus de 213 jours pour toucher le même salaire qu’actuellement. Or, le 213e jour ouvré de l’année 2022 est le vendredi 4 novembre.
Le chiffre de 213 jours ouvrés s’obtient en rapportant l’écart salarial femmes/hommes, soit 84,2 %, au nombre total de jours ouvrés en 2022, soit 253 : (100 – 15,8) / 100 × 253 ≈ 213.
Comment expliquer les inégalités salariales femmes/hommes ?
Rendre compte des inégalités salariales entre les femmes et les hommes est complexe. Il n’est, tout d’abord, pas aisé de raisonner « toutes choses égales par ailleurs », c’est-à-dire à caractéristiques strictement identiques (type d’emploi, années d’expérience, etc.) De plus, de nombreux facteurs entrent en compte pour expliquer cet écart salarial.
Selon une étude de l’Institut National de la Statistique et des Études Économiques (INSEE), près de deux tiers des écarts de salaire entre les femmes et les hommes peuvent s’expliquer par la « ségrégation professionnelle » (différence de postes occupés). En effet, les femmes et les hommes ne travaillent pas dans les mêmes métiers et secteurs et n’occupent pas les mêmes postes, à savoir une profession donnée au sein d’une entreprise donnée. Il en résulte que la moindre rémunération des femmes par rapport aux hommes explique seulement un tiers de l’écart salarial entre les femmes et les hommes pour un même poste, dans le secteur privé.
Écart salarial : les propositions des Glorieuses
Afin de réduire l’écart de salaire moyen entre les femmes et les hommes, Les Glorieuses proposent notamment :
– L’application d’un principe d’éga-conditionnalité: il s’agirait ici de conditionner l’accès aux marchés publics, aux subventions de l’État et aux prêts garantis par l’État (PGE) à l’égalité salariale au sein de l’entreprise concernée.
– La revalorisation des salaires des emplois à prédominance féminine (infirmières, sage-femmes, enseignants, etc.). Cela permettrait notamment de réduire l’effet de la ségrégation professionnelle citée ci-dessus.
– L’adoption d’un congé parental d’une durée équivalente pour les deux parents.