La Coupe du monde la plus chère de l’histoire
La Coupe du monde 2022 se tient au Qatar du 20 novembre au 18 décembre. Selon Front Office Sports, un média spécialisé dans le sport, il s’agira (et de loin !) de la Coupe du monde la plus chère de l’histoire. Il estime, en effet, son coût à près de 220 milliards de dollars (soit environ 212 milliards d’euros). À titre de comparaison, c’est 14 fois plus que le coût de l’organisation de la Coupe du monde au Brésil en 2014 – la deuxième plus chère de l’histoire – et 95 fois plus que celui de la Coupe du monde en France en 1998 ! Ces montants, exprimés en dollars courants, n’intègrent, certes, pas l’inflation, mais même après avoir tenu compte de l’augmentation du niveau général des prix, le coût de l’organisation de la Coupe au monde au Qatar demeure plus de 12 fois plus élevé que celui de la Coupe du monde au Brésil (équivalent à environ 17,4 milliards de dollars de 2022 après prise en compte d’un taux d’inflation mondial moyen).
Ce coût faramineux s’explique notamment par les investissements en infrastructures rendus nécessaires par l’organisation de la Coupe du monde. Par exemple, 7 stades sur les 8 utilisés au cours de cette Coupe du monde, ont été construits spécialement pour l’occasion. Et seuls 3 d’entre eux ne seront pas démantelés à l’issue de la compétition…
Estimer le coût d’une Coupe du monde est un exercice délicat. Il nécessite, en effet, de nombreuses hypothèses quant aux coûts imputables directement à cette compétition. Si les coûts de construction et de rénovation des stades en font indubitablement partis, qu’en est-il, par exemple, des infrastructures construites avant la compétition et qui aurait pu être réalisées même en l’absence de Coupe du monde ? S’agissant toutefois d’un pays sans tradition footballistique, on peut imputer l’ensemble des coûts à cette Coupe du monde.
Les coûts humains et environnementaux de la Coupe du monde au Qatar
Si l’estimation du coût de l’organisation de la Coupe du monde au Qatar est complexe, chiffrer son « coût humain » l’est encore davantage, en raison de l’opacité entourant les conditions de travail des ouvriers. Selon Amnesty International et Human Rights Watch, toutefois, on compte des « milliers de morts », victimes de la chaleur ou encore d’accidents. Dans l’immense majorité, il s’agit d’ouvriers immigrés, venus de pays pauvres d’Asie (Népal, Bangladesh, Pakistan, etc.). Les droits de ces travailleurs immigrés sont, en outre, inexistants ou presque. Sous la pression de la communauté internationale et du Bureau International du Travail (BIT), le Qatar a, certes, entrepris des réformes de son droit du travail, mais la plupart n’ont été appliquées que très récemment, alors que les chantiers étaient terminés ou en voie de finalisation.
Jusqu’en 2020, un travailleur immigré ne pouvait changer d’employeur sans l’accord d’un « sponsor » (souvent l’employeur lui-même) … Un tel système dérivait, parfois, vers du travail forcé.
La prochaine Coupe du monde devrait avoir, en outre, un impact lourd sur l’environnement. En raison des températures élevées au Qatar, les stades (non pourvus de toit) intégreront des systèmes d’aération et de climatisation, particulièrement énergivores. En outre, du fait du manque d’hébergements disponibles au Qatar, des vols quotidiens seront organisés pour acheminer les supporters des États voisins à Doha, la capitale du pays. La Fédération internationale de football (FIFA) estimait, en 2021, que la Coupe du monde au Qatar allait générer 3,63 millions de tonnes de dioxyde de carbone. Bien que jugé trop faible par plusieurs ONG, ce chiffre représente déjà la moitié des émissions annuelles de dioxyde de carbone d’un pays comme la Lettonie !
Plusieurs organisations suggèrent de boycotter la Coupe du monde. En ce qui nous concerne, nous suivrons les matches de la France – sous un angle économique, comme toujours. Et vous que ferez-vous ?
Qatargate : des enquêtes pour corruption
Mais pourquoi donc avoir confié l’organisation de la coupe du Monde de football à un pays sans tradition footballistique et dans lequel il fait si chaud qu’on est obligé de décaler la manifestation aux mois de novembre et décembre ? La réponse est sans doute à trouver dans des intérêts d’argent – corruption, pots-de-vin, arrangements entre amis. Pour vous faire une idée, regardez l’émission Complément d’enquête ou lisez cet article du journal Le Monde.