Pour cette sixième édition du baromètre de l’épargne et de l’investissement (1) de l’Autorité des marchés financiers (AMF), peu ou pas de surprises : dans un contexte économique plus qu’incertain, les intentions d’investissement sur les produits risqués sont en nette régression, malgré des taux de rendement faibles sur les placements garantis.
8 Français sur 10 épargnent régulièrement ou occasionnellement
Au cours des 12 derniers mois (enquête réalisée en octobre 2022), 76 % des personnes interrogées ont déclaré avoir mis de l’argent de côté, un pourcentage stable par rapport à l’an passé. Mais dans le même temps, ils sont plus nombreux à avoir pioché dans leur épargne : 58 % (contre 51 % en 2021) ont retiré un peu sur leurs placements. Ce sont très majoritairement les livrets d’épargne et les placements garantis (assurance-vie en euros par exemple) qui sont privilégiés.
Parmi les Français qui ont mis de l’argent de côté, 88 % l’ont fait sur des livrets, 32 % sur des placements garantis comme l’assurance vie en euros, et seulement 17 % ont investi en bourse. Encore 50 % ont laissé leur argent sur un compte courant.
Une part toujours importante d’investisseurs prudents
Traditionnellement peu enclins au risque, les épargnants Français sont devenus encore plus réfractaires avec les évènements économiques et financiers de l’année (flambée des matières premières, volatilité des marchés financiers, guerre en Ukraine…).
De fait 58 % d’entre eux ne sont pas prêts à prendre plus de risque malgré la faible rémunération de l’épargne garantie (contre 49 % l’an passé). Et seuls 27 % chercheraient à compenser les effets de l’inflation par une prise de risque accrue, peut-on lire dans l’étude. Interrogés sur l’évolution de leur situation économique et financière sur l’année à venir, les personnes sondées se montrent à 43 % inquiètes, contre 30 % en 2021.
« Ces évolutions, mais aussi l’importance des propositions frauduleuses, soulignent l’importance pour l’AMF de poursuivre ses efforts de pédagogie afin d’accompagner les épargnants et leur donner les clés pour investir et diversifier leur épargne dans un horizon de long terme », Marie-Anne Barbat-Layani, présidente de l’AMF.
L’investissement en actions régresse
Un tiers des Français estime que le moment n’est pas propice aux placements en actions, proportion en hausse par rapport à 2021. En cause, les incertitudes sur l’évolution de la situation économique.
Les principaux motifs de cette « désaffection » sont l’incertitude de l’évolution économique (65 %), le fait que cette crise risque de durer plusieurs années (49 %) et également que ce n’est pas le bon moment pour prendre des risques (48 %). Des chiffres en hausse sensible par rapport à la dernière enquête. De fait, les intentions de souscription de placement en action régressent : 19 % (25 % en 2021). Toutefois, ceux détenant des actions restent plus optimistes, 31 % d’entre eux estimant que c’est un bon moment pour le faire.
7 Français sur 10 estiment que les placements en actions sont réservés « à des gens qui s’y connaissent suffisamment ».
Investissement socialement durable : un impact encore trop faible
Sur la notion de placements dits durables, il reste des efforts de pédagogie à faire ! Les Français semblent encore trop peu sensibles aux questions d’utilité économique ou d’engagement pour une « gestion plus verte, durable ou responsable de leur argent.
L’Amf note cependant que « la part des Français détenant des placements responsables ou durables augmente légèrement, de 9 % à 10 %. ».
Dès 2023, les conseilleurs devront interroger leur client sur leurs préférences en matière de durabilité. Un sujet sur lequel nous reviendrons prochainement.
Arnaques : des propositions frauduleuses en forte hausse
L’Amf ne cesse d’alerter les épargnants sur les offres de placement frauduleuses.
Les investisseurs sont une petite majorité à avoir le sentiment d’avoir la capacité de déceler ces arnaques. Qu’il s’agisse de placements boursiers ou de propositions de livrets d’épargne à taux élevé « garanti », apprenez à déjouer ces offres trop belles pour être vraies.
(1) Enquête menée par l’institut Audirep en septembre-octobre 2022 auprès d’un échantillon représentatif de 2 000 personnes.