Plus de la moitié des entreprises françaises rencontrent des difficultés de recrutement
La pandémie de Covid-19 a profondément transformé l’économie française. Le monde du travail ne fait pas exception. Dans ce domaine, les évolutions les plus notables portent sur la baisse du chômage, l’augmentation du taux d’emploi et l’apparition de nouvelles tensions sur le marché du travail.
L’enquête mensuelle de conjoncture menée par la Banque de France depuis mai 2021 permet de renseigner sur ces phénomènes. Elle montre, en effet, que plus d’une entreprise française sur deux rencontre actuellement des difficultés de recrutement. Cette proportion est en forte hausse par rapport au mois de mai 2021 où elle atteignait 37 %. Elle a, toutefois, légèrement reculé, depuis l’été 2022. Plus de 57 % des entreprises déclaraient alors rencontrer des difficultés de recrutement.
L’enquête mensuelle de conjoncture est menée, comme son nom l’indique, tous les mois par la Banque de France. Celle-ci interroge environ 8 500 chefs d’entreprises, issus de plusieurs secteurs de l’industrie et des services, sur de nombreux thèmes : anticipations quant à l’évolution de l’activité économique, situations de leur trésorerie, perceptions de l’évolution des prix, difficultés rencontrées dans l’approvisionnement, etc.
Tous les secteurs de l’économie ne sont pas impactés de la même manière par ces difficultés de recrutement. Celles-ci touchent ainsi 62,8 % des entreprises du transport et de l’entreposage et 59,8 % de la construction. L’hébergement et la restauration n’est pas le secteur le plus touché par ces difficultés (52,4 %), mais constitue l’un des domaines où elles ont augmenté le plus fortement depuis mai 2021 : + 21,1 points de pourcentage.
Comment expliquer ces difficultés de recrutement ?
Selon les données de l’INSEE, le taux de chômage était de 7,2 % fin 2022 en France. Cela représente près de 2,2 millions de personnes. La DARES indique qu’à la même époque environ 350 000 emplois n’étaient pas pourvus. Cette coexistence d’un chômage au-dessus du niveau de plein-emploi et d’emplois vacants peut sembler paradoxale. Elle résulte avant tout d’un mauvais appariement entre l’offre et la demande de travail que les réponses à l’enquête mensuelle de conjoncture de la Banque de France permettent d’éclairer.
Les qualifications et les compétences constituent un premier frein au recrutement mentionné par les chefs d’entreprise interrogés. C’est le cas de 18 % des entreprises d’intérim déclarant rencontrer des difficultés de recrutement. Pour les secteurs de l’industrie pharmaceutique, des équipements électriques et de l’édition, l’inadéquation des compétences des candidats aux postes proposés est mentionnée par près de 11 % des entreprises.
Les causes potentielles de ces difficultés de recrutement sont décrites à partir des réponses spontanées des chefs d’entreprise interrogés via un entretien semi-directif. Elles peuvent renseigner sur un phénomène, mais n’en rendent donc pas complètement compte. Les chefs d’entreprise sont, en effet, entièrement libres de leurs commentaires.
Les préoccupations autour des niveaux de salaire sont également mentionnées par les chefs d’entreprise interrogés dans un contexte de difficultés de recrutement. Parmi les secteurs les plus concernés par ce facteur, on trouve notamment l’édition, le conseil de gestion et l’informatique.
À partir des données de l’enquête mensuelle de conjoncture, la Banque de France estime que les entreprises les plus touchées par les difficultés de recrutement sont en moyenne plus grandes et distribuent des salaires moins élevés que les autres.