En 2023, selon l’Observatoire, le contexte est paradoxal : d’un côté, une nette baisse du taux de chômage entrainant une amélioration de l’activité économique, de l’autre, la hausse des prix entamée en 2022, qui frappe les ménages modestes habitant des logements énergivores, et ceux dont les déplacements imposent l’utilisation d’un véhicule. Ce retour de l’inflation réactive le débat sur les revenus, tandis que les revendications de pouvoir d’achat sont l’écho de multiples sources de tensions dans le pays : des inégalités « béantes » entre les groupes sociaux, la précarité persistante de millions de salariés, une école qui continue de favoriser les enfants de diplômés, etc.
Le rapport de l’Observatoire des inégalités est publié tous les deux ans. Elaboré grâce au soutien de 800 contributeurs, il bénéficie du soutien de la Fondation Abbé Pierre, du magazine Alternatives Économiques, d’Apivia Macif Mutuelle, du bureau d’études Compas et du cabinet de conseil Tenzing.
Le niveau de vie médian est de 1 880 € par mois mais la concentration des patrimoines se renforce (données 2020)
Si le niveau de vie médian pour une personne seule (après impôts et prestations sociales) est de 1 880 euros par mois, les inégalités de niveau de vie s’expliquent principalement par les écarts de salaires : 4,8 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté (940 € par mois) soit 7,6 % de la population, et 4,5 millions gagnent plus que 93 % des Français, soit au moins 3 762 € après impôts pour une personne seule.
Les femmes salariées à temps complet gagnent en moyenne 17 % de moins que les hommes. En 2005, cet écart était de 24 %. La tendance est donc à la diminution. A noter que l’écart entre le salaire mensuel net moyen des cadres et celui des employés est de 2 500 €.
Les inégalités de patrimoine sont enfin beaucoup plus fortes que les inégalités de revenus : l’Observatoire souligne que les 10 % des ménages les plus fortunés détiennent plus de 716 000 euros, contre 4 400 euros pour les 10 % les moins dotés.
L’école reste un creuset des inégalités
Malgré une élévation du niveau d’éducation (généralisation de l’enseignement secondaire, ouverture de l’enseignement supérieur à tous les milieux sociaux), les inégalités se sont déplacées vers le haut et l’école reste marquée par l’élitisme.
L’accès au diplôme est très inégal : 25 % des plus de 25 ans n’ont aucun diplôme ou seulement le brevet, tandis qu’à l’autre bout, 22 % de la population détient un diplôme de niveau bac + 3 ou plus.
Dès le primaire, les résultats scolaires dépendant du niveau social des familles. Entre le CP et le CM2, 70 % des élèves en difficulté mais appartenant à des milieux favorisés améliorent leurs résultats, contre 42 % pour les élèves des milieux sociaux très défavorisés.
Après la troisième, les enfants d’ouvriers représentent seulement 19 % des classes du lycée général ou technologique contre 30 % pour les enfants des cadres. Cette sélection se poursuit dans l’enseignement supérieur, puisque les enfants des cadres sont trois fois plus nombreux que les enfants d’ouvriers à l’université, même si, – avancée notable -, 23 % de ces derniers sont présents en BTS.
Le chômage frappe plus fortement les jeunes de moins de 25 ans
Le chômage touche plus certaines catégories que d’autres : tout d’abord les jeunes de moins de 25 ans : 17% des actifs de cette tranche d’âge sont au chômage, soit trois fois plus que la tranche d’âge des 25-49 ans. Ensuite, les ouvriers peu qualifiés : 17 % sont au chômage, soit 4,5 fois plus que les cadres. Enfin, les femmes, même si leur taux d’activité se rapproche de celui des hommes (84 % contre 92 % chez les 25-49 ans) sont 2,5 fois plus nombreuses que les hommes à temps partiel (environ 1 million).