Une inflation en baisse, mais à un niveau toujours élevé
L’inflation était, en France, de 5,1 % en rythme annuel au mois de mai. Selon les prévisions de l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE), elle devrait atteindre :
- 4,6 % en juin,
- 4,8 % en septembre et
- 4,4 % en décembre prochain.
Le taux d’inflation devrait donc légèrement baisser d’ici la fin de l’année. Autrement dit, les prix continueront à augmenter, mais moins rapidement qu’actuellement, phénomène caractéristique d’une désinflation.
Cela ne signifie pas que les prix retrouveront, en moyenne, leur niveau d’avant l’été 2021.
Le pic d’inflation semble donc être passé en France. Le rythme d’augmentation des prix reste toutefois soutenu. À titre d’illustration, 4,4 % – le taux d’inflation annuel prévu pour décembre 2023 – est un taux plus élevé que l’ensemble des taux d’inflation effectivement observés en France entre 1991 et 2021.
De nombreuses incertitudes entourent ces prévisions de taux d’inflation
Tout exercice de prévision, même à court terme comme c’est le cas ici, est soumis à de nombreuses incertitudes. Ces dernières sont notamment liées à l’évolution de l’activité économique mondiale (notamment en Chine) et de la situation géopolitique, aux décisions futures de politique monétaire des banques centrales, à l’issue des négociations commerciales entre producteurs et distributeurs, aux aléas climatiques, etc. Ces prévisions sont donc à considérer avec prudence.
Comment peut-on expliquer cette désinflation ?
Plusieurs facteurs permettent d’expliquer le ralentissement de la hausse des prix d’ici la fin de l’année 2023. Tout d’abord, le taux d’inflation sur les produits alimentaires, principal moteur de l’inflation aujourd’hui en France, devrait reculer.
Selon les prévisions de l’INSEE, les prix de l’alimentation devraient s’accroître de 7,4 % en décembre 2023, contre 14,3 % en mai dernier. Ils augmenteraient, ainsi, de 11,8 % en moyenne sur l’ensemble de l’année. Cette tendance au ralentissement de la hausse des prix de l’alimentation s’explique par le repli des cours mondiaux de matières premières. Ces derniers se transmettent aux prix de l’alimentation avec retard : selon une simulation de l’INSEE, les fluctuations des cours des matières premières agricoles se répercutent sur les prix de détail à hauteur de 50 % au bout de 3 trimestres et de 80 % au bout d’une année.
Une autre explication à ce phénomène de désinflation réside dans la baisse des prix de l’énergie sur les marchés mondiaux. Le cours du Brent est ainsi passé de près de 114 dollars il y a un an à environ 75 dollars le baril aujourd’hui, soit une diminution de plus de 34 % ! Il en est de même pour les cours mondiaux du gaz. Cette baisse des prix de l’énergie sur les marchés mondiaux se répercute de deux manières sur l’indice des prix à la consommation :
- D’une part, directement : les prix de détail de l’énergie diminuent ou augmentent moins rapidement.
Ainsi, le prix des produits pétroliers – qui représentent 4,3 % de l’indice des prix à la consommation – devrait reculer de 1,7 % en rythme annuel en décembre 2023. Les prix de l’énergie – soit 8,6 % de l’indice des prix à la consommation – devraient, toutefois, continuer à augmenter : +2,9 % attendu à la même date ; - D’autre part, indirectement : les coûts de l’énergie sont, en effet, une composante non négligeable des coûts de production de nombreux secteurs. Cette baisse des prix de l’énergie devrait donc permettre un ralentissement de la hausse de ces coûts de production et un allégement de la pression sur les prix.