Culture financière : la France dans la moyenne européenne
La Commission européenne a publié, le mercredi 19 juillet, les résultats d’une enquête portant sur la culture financière des populations européennes. Celle-ci vise, plus précisément, à mesurer le niveau de « littératie financière » au sein de l’Union européenne.
Traduction littérale de l’anglais « financial literacy », l’expression « littératie financière », d’abord utilisée au Canada, est de plus en plus usitée en Europe. Selon la Commission européenne, elle désigne « les connaissances et les compétences nécessaires pour prendre des décisions économiques importantes ». Dans cet article, nous utilisons les deux expressions « littératie financière » et « culture financière » comme synonymes.
Fondée sur plus de 26 000 réponses à un questionnaire individuel, l’enquête établit un niveau de culture financière et classe la population en trois catégories. Au sein de l’Union européenne, 18 % de la population obtient ainsi un score de culture financière élevé, 64 % un score moyen et 18 % un score faible. Le niveau de littératie financière est, en France, proche de cette moyenne européenne. À l’échelle de l’ensemble des pays considérés dans l’enquête, ce sont les Pays-Bas qui obtiennent les meilleurs scores avec 28 % de score élevé. À l’autre extrémité du classement, c’est au Portugal que le score de culture financière élevé est le plus faible (11 %).
Aperçu des questions utilisées pour définir le niveau de culture financière
Le score de littératie financière produit dans cette enquête repose notamment sur huit questions. Cinq questions jaugent le niveau de connaissances : taux d’intérêt composé, relation entre le rendement et le risque d’un placement, l’impact de l’inflation sur le niveau de consommation, etc. Trois questions tentent de mesurer le comportement financier (suivre ses dépenses ou se fixer des objectifs d’épargne par exemple).
Pour vous comparer au reste de la population, nous avons reproduit ces questions.
Une faible confiance dans les conseils de placement reçus
L’enquête de la Commission européenne met également en évidence une certaine défiance face aux conseils d’investissement prodigués par les professionnels des secteurs bancaire et financier.
Celle-ci touche tous les pays européens à des degrés divers. En France, près de 45 % des sondés déclarent n’avoir pas totalement ou pas du tout confiance dans les recommandations de placements émises par les conseillers bancaires ou financiers.
La France se situe ici exactement dans la moyenne européenne, mais loin derrière des pays comme la Finlande (30 %), le Portugal (32 %) ou encore le Danemark (35 %).
Les déterminants socio-économiques de la culture financière
Les scores globaux, tels que ceux présentés ci-dessus, sont utiles pour apprécier la culture financière moyenne d’une population donnée. Ils peuvent, toutefois, masquer de fortes disparités au sein même des pays étudiés. Le niveau de culture financière de chacun est ainsi déterminé par de nombreux facteurs.
Selon l’enquête de la Commission européenne, il ressort tout d’abord que les hommes obtiennent de meilleurs scores que les femmes (24 % de score élevé contre13 %).
C’est également le cas pour les personnes âgées de 40 ans et plus (20 %), en comparaison aux 18-24 ans (16 %) et 25-39 ans (13 %). La Commission observe, en outre, une corrélation positive entre le niveau d’études d’un individu et ses résultats en matière de littératie financière.
Enfin, les salariés et indépendants disposent davantage d’un score élevé, avec respectivement 20 et 21 %, que les personnes sans travail (17 %) et les ouvriers (12 %). Se dessine alors le portrait-robot de l’individu possédant une bonne culture financière : il s’agit d’un homme, âgé de 40 ans ou plus, diplômé du supérieur et travaillant comme salarié ou en tant qu’indépendant.
Culture financière : quelles pistes d’amélioration en France ?
Les résultats détaillés des réponses au questionnaire de la Commission européenne permettent d’identifier les concepts et mécanismes économiques les moins bien compris par la population française.
Le concept de diversification en matière de placement semble peu maîtrisé. Seul un Français sur deux environ considère que l’affirmation « un investissement dans un portefeuille composé de plusieurs actions d’entreprises différentes est susceptible d’être moins risqué qu’un investissement dans une seule action » est correcte. Or, « ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier » est un principe d’investissement permettant de réduire le risque associé à ces placements.
Autre mécanisme méconnu de la population française : la corrélation négative entre les taux d’intérêt et la valeur des obligations émises. Seuls 13 % des sondés l’identifie. Lorsque les taux d’intérêt montent, les investisseurs préfèrent, en effet, placer à des taux plus élevés et donc revendent les obligations qu’ils détiennent, ce qui pousse leur prix à la baisse, toutes choses égales par ailleurs.
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