L’Italie, une économie majeure de la zone euro
Pays d’une superficie de 301 336 km2, l’Italie est la troisième économie de la zone euro, en termes de population et de richesses créées. Elle compte, en effet, 58,9 millions d’habitants et son produit intérieur brut (PIB) a atteint, en 2022, 1 909,2 milliards d’euros selon Eurostat. Seules l’Allemagne et la France disposent d’un PIB plus élevé, avec respectivement 3 869,9 et 2 639 milliards d’euros. Rapporté au nombre d’habitants, le PIB de l’Italie est de 32 390 euros, un niveau comparable à celui de Malte.
Si le pays n’échappe pas au mouvement de désindustrialisation depuis la fin des années 1970, l’industrie conserve un poids important en Italie. La part de l’industrie dans la valeur ajoutée totale y atteint, en effet, 21,1 %. C’est plus que la moyenne de la zone euro (20,2 %) et que dans des pays comme la France (14 %), le Portugal (17,1 %), l’Espagne (17,4 %) ou encore la Belgique (17,7 %).
L’Italie occupe une place prépondérante notamment dans le secteur automobile et dans le textile.
Italie : une conjoncture économique incertaine
L’économie italienne a, début 2023, échappé à la récession, que beaucoup lui prédisaient à l’été 2022 à la suite de la crise du gouvernement, marquée par la démission de Mario Draghi et l’arrivée de Giorgia Meloni à la fonction de Présidente du Conseil. La conjoncture économique du pays demeure toutefois relativement incertaine.
D’après les données compilées par Eurostat, le PIB italien a progressé en volume (c’est-à-dire une fois l’effet de la hausse des prix neutralisé) de 0,6 % au premier trimestre 2023, avant de baisser de 0,3 % le trimestre suivant. Selon les dernières prévisions de la Commission européenne, la croissance économique italienne devrait atteindre 0,9 % en 2023 et 0,8 % en 2024. Cette croissance atone s’explique notamment par la faiblesse de la demande domestique. D’une part, la forte inflation pèse sur le pouvoir d’achat des ménages et donc la consommation et, d’autre part, la remontée des taux d’intérêt décidée par la Banque centrale européenne (BCE) impacte négativement l’investissement.
L’indice des prix à la consommation harmonisé – l’indicateur utilisé pour mesurer l’inflation en Europe – a progressé en Italie de 5,7 % en septembre (en rythme annuel). Il s’agit de l’un des taux d’inflation les plus élevés de la zone euro.
Le retour de l’inflation, que connaissent les économies européennes depuis le milieu de l’année 2021, pèse sur le pouvoir d’achat des ménages et ralentit la progression de la consommation (voire provoque un phénomène de déconsommation comme en France) En Italie, les difficultés en termes de pouvoir d’achat sont encore plus anciennes. Les salaires réels moyens, par exemple, n’y ont pas progressé depuis 1991.
Difficultés structurelles de l’Italie
Au-delà de cette conjoncture économique incertaine, l’Italie rencontre des difficultés structurelles. Tout d’abord, ses marges de manœuvre en matière budgétaire demeurent relativement limitées.
Fin 2022, la dette publique de l’Italie représentait près de 145 % de son PIB. Elle a certes diminué au cours des deux dernières années, mais demeure à un niveau particulièrement élevé. Comme pour la plupart des pays européens, le ratio dette publique / PIB s’est particulièrement accru en Italie à la suite de deux périodes de crises majeures : la crise financière de 2007-2008 et la pandémie de Covid-19. Il n’a, toutefois, pas reculé de manière franche après ces crises et, surtout, il était déjà élevé dans les années 1990. En 1995, la dette publique italienne avoisine en effet déjà les 120 % du PIB. Cette dette publique élevée pèse notamment sur les conditions de financement de l’État italien et lui impose une charge d’intérêts plus importante.
Le vieillissement de la population constitue un autre défi pour l’Italie. L’âge moyen y est en augmentation rapide (+ 2,8 ans depuis 2010). En outre, près d’un habitant sur quatre a aujourd’hui, en Italie, plus de 65 ans. Ce phénomène est amplifié par la baisse du nombre d’habitants : l’Italie affiche, en effet, un solde naturel, c’est-à-dire la différence entre le nombre de naissances et celui des décès, négatif et l’émigration, notamment des jeunes diplômés, n’est pas compensée par l’immigration. Or, ces phénomènes démographiques pèsent sur les finances publiques, notamment en entraînant une augmentation des dépenses de santé et en déséquilibrant les modalités de financement du système de retraite par répartition, ainsi que sur la compétitivité de l’économie italienne.
Enfin, l’Italie se caractérise par des déséquilibres sur le marché du travail. Relativement aux autres économies européennes, le taux d’emploi y est faible et le chômage relativement élevé. Selon les données d’Eurostat, le taux de chômage atteint 7,6 % en Italie, alors qu’il est de 5,9 % et 6,4 % en moyenne respectivement dans l’Union européenne et en zone euro. Le chômage des jeunes est en Italie parmi les plus élevés du continent européen. Plus d’un cinquième des jeunes actifs âgés de moins de 25 ans est considéré comme chômeur.