L’aggravation de la pauvreté tient à la fois à la baisse des revenus et des aides en 2022, et à l’augmentation du coût de la vie – notamment les prix alimentaires (+7,3 %) et de l’énergie (+23,1 %).
Le rapport a été établi à partir de 50 000 fiches renseignées parmi le million de personnes accueillies cette année par l’Association et sollicitant son aide, soit une nette augmentation du nombre de personnes accueillies par rapport à 2021 (elles étaient 780 000).
Aggravation de la pauvreté en 2023
95 % des personnes rencontrées vivent sous le seuil de pauvreté (soit 60 % du revenu médian français), et près de 75 % vivent même sous le seuil d’extrême pauvreté (soit 40 % du revenu médian) contre 65 % en 2017. La pauvreté s’accroit donc en France, selon le Secours catholique qui note que le niveau de vie médian a baissé de 7,6 % en un an, avec 538 euros mensuels (contre 579 en 2021), soit 18 euros par jour pour subvenir à tous ses besoins : logement, alimentation, …
En 2022, les personnes au chômage ont enregistré une baisse de 40 euros du niveau de vie médian mensuel. Le non-recours aux droits par leurs bénéficiaires est également en nette hausse : plus d’un tiers des personnes éligibles au RSA ne l’ont pas perçu en 2022. De même, parmi les personnes rencontrées par le Secours catholique, celles qui parviennent à combiner revenus du travail et prestations sociales ont un niveau médian (798 euros) inférieur au seuil d’extrême pauvreté (807 euros en 2022).
La part des ménages en logement précaire est de nouveau en hausse : 32,9 % contre 31 % en 2021. L’Association note à ce propos que depuis dix ans, l’évolution le plus significative est la hausse de 15 points de la part des ménages vivant en pension hôtel, ou centre d’hébergement.
Féminisation de la pauvreté
Cette aggravation de la pauvreté touche principalement les femmes. Celles-ci représentent 57,5 % des personnes rencontrées contre 51 % en 1989.
« Les premières victimes de la pauvreté sont donc les femmes, et surtout les femmes avec enfants ».
Car la pauvreté des femmes se conjugue souvent avec la charge des enfants : 94,4 % des enfants connus du Secours catholique vivent en effet au sein d’une famille où se trouve une femme, qu’elle soit leur mère ou non. Plus de la moitié des ménages avec enfants (52,6 %) sont avec des mères isolées (seulement 6,7 % sont des pères isolés).
Ces mères isolées sont majoritairement jeunes puisque les deux tiers ont moins de 43 ans et sont à 63 % de nationalité française. Elles ont un niveau de vie médian de 583 euros. Elles s’adressent surtout au Secours Catholique avec des demandes d’aides spécifiques : aide alimentaire, aide à l’habillement, aide à l’accompagnement éducatif et scolaire.
La part des étrangères dans la proportion de femmes pauvres a progressé depuis quatre ans, phénomène favorisé par l’arrivée d’ukrainiennes en 2022, fuyant la guerre en Ukraine (trois quarts des réfugiés ukrainiens sont des femmes, le plus souvent avec des enfants). Ces femmes de nationalité étrangère sont surtout touchées par le mal logement (55 % contre 40,9 % en 2012), et près de 3 femmes sur 10 n’ont pas de logement stable, soit nettement plus qu’il y a 10 ans (+ 18,1%). Ce qui signifie qu’aujourd’hui la majorité des femmes étrangères rencontrées vivent dans des hébergements d’urgence ou des logements précaires : la durée médiane d’hébergement est d’ailleurs passée de cinq mois en 2012 à un an et demi en 2022.