La Banque centrale européenne a enregistré 1,3 milliard d’euros de pertes en 2023

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Au cours de l’exercice 2023, la Banque centrale européenne (BCE) a subi des pertes s’élevant à 1,3 milliard d’euros. C’est la première fois depuis 2004 que le résultat de la BCE est négatif. Cette situation s’explique notamment par la remontée rapide des taux d’intérêt et, en particulier, celui portant sur les dépôts des banques commerciales. Toutefois, de telles pertes ne devraient pas avoir de lourdes conséquences à court terme.

Pertes de la BCE : une situation inédite depuis 2004

Selon des données publiées jeudi 22 février, la Banque centrale européenne (BCE) a essuyé des pertes d’un montant de 1 266 millions d’euros en 2023. Ces pertes auraient pu être encore plus élevées si l’institution située à Francfort n’avait pas puisé, à hauteur de 6,6 milliards d’euros, dans les provisions constituées au cours des années précédentes. Déjà, en 2022, la BCE avait eu recours à ces provisions pour clôturer l’exercice à l’équilibre financier.

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C’est la première fois depuis 2004 que le résultat de la BCE est négatif. Cette année-là, la Banque avait enregistré de lourdes pertes de change, provoquées par l’appréciation rapide de l’euro. De 2005 à 2007, les recettes et les dépenses de la BCE s’équilibraient, tandis qu’entre 2008 et 2021, la BCE a dégagé des bénéfices d’une valeur moyenne de 1 231 millions d’euros.

Bénéfices (+) ou pertes (-) de la Banque centrale européenne

En tant que banque centrale, la BCE n’a pas pour principal objectif de réaliser des bénéfices, mais de contribuer à assurer la stabilité du système financier et d’assurer la stabilité des prix au sein de la zone euro.

La hausse des taux pèse sur les comptes de la BCE

Les pertes enregistrées par la BCE s’expliquent principalement par l’augmentation rapide des taux d’intérêt. Décidée pour juguler l’inflation, celle-ci est intervenue dans un contexte marqué par une abondance de liquidités, elle-même liée à la politique de quantitative easing menée depuis 2015 au sein de la zone euro. Dans le cadre de ces mesures dites non conventionnelles de politique monétaire, la BCE a acheté des obligations, émises par des États ou des entreprises, en créant de la monnaie dite banque centrale, c’est-à-dire en créditant les comptes courants des banques commerciales. Or, si ces dépôts des banques commerciales auprès de la BCE étaient rémunérés à un taux négatif – -0,5 % – avant juillet 2022, ils le sont désormais à 4 %, ce qui occasionne des charges élevées pour la BCE.

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Dans le même temps, les revenus générés par les obligations détenues par la BCE ont augmenté plus lentement. Émises avec de faibles rendements, celles-ci présentent généralement des maturités longues : peu de titres détenus par la BCE arrivent donc à échéance, ce qui limite les réinvestissements et les achats de nouvelles obligations à rendement plus élevé.

La BCE a entamé en 2022 une phase de durcissement monétaire, également appelée quantitative tightening. Destinée à lutter contre l’inflation, elle se traduit, outre l’augmentation des taux d’intérêt directeurs, par la réduction de la taille du bilan de la BCE. Ce processus étant lent, il est fort probable que la BCE enregistre de nouvelles pertes au cours des années à venir.

Faut-il s’inquiéter des pertes réalisées par la BCE ?

Lors de la présentation de ses résultats, la BCE s’est voulue rassurante : selon elle, la perte enregistrée « n’a aucune incidence sur sa capacité à mener une politique monétaire efficace », entendue comme une politique parvenant à ramener le taux d’inflation à un niveau proche de 2 % en moyenne. L’institution de Francfort anticipe, par ailleurs, qu’elle accumulera d’autres pertes au cours des années à venir. Cette situation devrait toutefois être temporaire.

La BCE est loin d’être la seule banque centrale à subir des pertes dans ce contexte de remontée rapide des taux d’intérêt. Dans une estimation provisoire de ses comptes publiée en janvier, la Réserve Fédérale (FED) a ainsi annoncé une perte de 114,3 milliards de dollars pour l’année 2023.

 

Dans l’intervalle, la BCE peut tout à fait opérer, en raison de son statut particulier – elle n’est ni une entreprise, ni une banque commerciale –, tout en ayant des fonds propres négatifs. En effet, en cas de pertes, une Banque centrale peut toujours créer de la monnaie banque centrale et assurer ainsi ses engagements.

Il existe toutefois des acteurs pour lesquels les pertes enregistrées par la BCE constituent une mauvaise nouvelle : ce sont les États des pays membres de la zone euro. Lorsque la BCE réalise des bénéfices, ils touchent, en effet, via la banque centrale nationale – la Banque de France dans le cas français – des dividendes. Les pertes de la BCE se traduisent donc par de moindres recettes fiscales pour les États membres de la zone euro.