L’écart de salaires entre les femmes et les hommes
Selon les dernières données publiées mardi 5 mars par l’Institut National des Statistiques et des Études Économiques (INSEE), l’écart de salaire annuel entre les femmes et les hommes s’élève, en 2022, à 23,5 %. Dans le secteur privé, le revenu salarial des hommes est de 26 110 euros, contre 19 980 euros pour les femmes,
C’est par une facilité de langage qu’on exprime un écart de salaire en pourcentage, car selon qu’on prend le plus faible ou le plus élevé comme référence, on n’obtient pas le même résultat !
L’écart de salaire annuel est de 6 130 euros. Rapporté au salaire des hommes, cela donne bien une différence de 23,5 % (les femmes gagnent 23,5 % de moins que les hommes), mais rapporté au salaire des femmes, cela donne 30,7 % (c’est de ce pourcentage qu’il faudrait augmenter le salaire des femmes pour qu’elles rejoignent les hommes).
Cet écart s’explique par de nombreux facteurs. Le premier d’entre eux est le temps de travail. Selon l’INSEE, le temps de travail annuel des femmes est inférieur de 10,1 % à celui des hommes. Cet écart a eu tendance à diminuer au cours des 30 dernières années. Ainsi, en 1995, il atteignait 14,9 %. Le fait que les femmes aient un volume de travail annuel inférieur aux hommes s’explique par la conjonction de deux phénomènes. D’une part, elles travaillent, davantage à temps partiel et, d’autre part, elles sont moins souvent en emploi que les hommes. Selon les calculs de l’INSEE, à temps de travail identique – on parle de salaire en équivalent temps plein (EQTP) –, l’écart de salaire entre les femmes et les hommes atteint 14,9 %.
L’INSEE définit le salaire en équivalent temps plein (EQTP) comme « un salaire converti à un temps plein pendant toute l’année, quel que soit le volume de travail effectivement rémunéré ».
Mesuré globalement ou à temps de travail identique, l’écart de salaires entre les femmes et les hommes a sensiblement diminué depuis le début des années 2000. L’écart de revenu salarial était ainsi de 34,5 % en 2000, 29,8 % en 2010 et 24,5 % en 2020. Calculé à partir des salaires en EQTP, l’écart de salaire atteignait 22,2 % en 2000, soit près de 7,3 points de pourcentage de plus qu’en 2022.
Inégalités de salaire : l’effet du poste occupé et de la composition familiale
Le deuxième facteur permettant de rendre compte des inégalités salariales entre les femmes et les hommes est le poste occupé. L’INSEE calcule en effet qu’à temps de travail et à poste identiques, l’écart de salaire entre les femmes et les hommes atteint 4 %. Ce dernier demeure inexpliqué par l’Institut statistique. Il peut être lié à des différences d’ancienneté, d’expérience ou de diplômes ou encore à de la discrimination pure.
Le genre des professions
Certaines professions sont particulièrement « genrées ». C’est le cas notamment des secrétaires, des aides à domicile et aides ménagères ou encore des aides-soignantes, pour lesquelles la part des femmes dépasse 90 %.
À l’inverse, les hommes sont très largement majoritaires parmi les conducteurs routiers, les maçons qualifiés, les techniciens d’installation et de maintenance des équipements industriels ou encore les ouvriers peu qualifiés du bâtiment.
L’INSEE note enfin que les écarts de salaires entre les femmes et les hommes sont d’autant plus marqués que ces derniers sont parents. À temps de travail identique, l’écart de salaire entre les femmes et les hommes était, en moyenne, de 15,5 % en 2021. Pour les personnes sans enfant, cet écart n’était « que » de 6,1 %, mais atteignait 12,4 %, 20,5 % et 29,5 % lorsque la famille se composait respectivement d’un, de deux ou de trois enfants et plus. Les données de l’INSEE corroborent ainsi les travaux, portant sur des données américaines, de Claudia Goldin, lauréate en 2023 du prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d’Alfred Nobel. Selon cette économiste, l’un des principaux facteurs expliquant l’écart actuel de rémunération entre les femmes et les hommes réside dans la parentalité, dans la mesure où les inégalités salariales apparaissent principalement après l’arrivée du premier enfant, souvent synonyme d’interruption temporaire de la carrière des mères.