Élections législatives 2024 : propositions économiques des principaux partis ou coalitions

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À l’occasion des élections législatives anticipées provoquées par le président Macron le soir des Européennes, petit tour d’horizon des programmes des quatre principaux partis ou coalitions qui s’affrontent.

Pour mémoire, à l’extrême droite, nous retrouvons le Rassemblement National (RN), mené par Jordan Bardella.

Au sein de la droite plus modérée, le parti Les Républicains (LR) s’est retrouvé divisé entre les élus prêts à rejoindre le RN, et ceux qui ont refusé cette stratégie.

La majorité présidentielle a été rejointe par d’autres partis « centristes » (Horizons et MoDem) pour former Ensemble pour la République (Ensemble).

Les partis de gauche (LFI, PS, les Écologistes, le parti Communiste…), ont, quant-à-eux uni leurs forces en créant une alliance appelée le Nouveau Front Populaire (NFP).

Elections législatives 2024 : propositions économiques

Voici, regroupées en quatre thématiques, certaines des thèses économiques de chacun de ces quatre mouvements.

Les partis et mouvements politiques ont été pris par surprise et ont dû mettre au point leur programme de manière accélérée. Avec, de ce fait, des flottements, changements et incertitudes. Nous sollicitons par avance l’indulgence des internautes pour les flous ou inexactitudes que pourraient contenir ce décryptage.

Élections législatives : le pouvoir d’achat

La capacité des Français à payer leurs factures et maintenir le même niveau de vie est devenue une préoccupation majeure, surtout suite à la vague inflationniste des années récentes.

Le Rassemblement National

Leur programme prévoit une baisse de la TVA de 20 % à 5,5 % sur les énergies (carburant, gaz, électricité, fioul). Ils envisagent aussi de supprimer la TVA sur les produits de première nécessité, cependant cela ne se ferait pas immédiatement.

Ils comptent aussi mettre en place l’exonération des cotisations patronales sur les augmentations de salaires dans certaines limites, ce qui vise à encourager l’augmentation des salaires.

Les Républicains

Le parti historique de droite souhaite réduire les cotisations sociales que payent les salariés dont le salaire est inférieur à 4 200 euros net.

Ensemble

Face à la préoccupation principale des Français, le parti du président vise à réformer le marché européen de l’électricité pour réduire les factures des Français de 15 %. Pour améliorer la couverture santé, ils proposent une complémentaire à bas prix (1 euro par jour), pour les citoyens qui n’ont pas de mutuelle.  Ils promettent aussi d’augmenter le plafond de la prime de partage de la valeur, ex “prime Macron” de 3 000 à 10 000 euros et d’exonérer les frais notariaux pour les premiers achats de propriétés n’excédant pas  250 000 euros.

Le Nouveau Front populaire

L’alliance des partis de gauche souhaite mettre en place un blocage des prix pour les biens de première nécessité tels que certains produits d’alimentation, énergie et carburants. En parallèle, ils soutiennent une augmentation du SMIC de 200 euros, ce qui lui permettrait d’atteindre 1 600 euros nets par mois. Ils proposent également une hausse de 10 % du point d’indice des fonctionnaires. Pour protéger les salaires, le Nouveau Front populaire propose enfin de les indexer sur l’inflation.

Élections législatives : économie – emploi

L’abrogation de la réforme de l’assurance chômage figure au programme du RN et de NFP, tandis que la réduction des normes et des charges est un point commun au programme du RN et de LR, et la mise en place de prix agricoles planchers apparaît chez Ensemble et au NFP.  

Le Rassemblement National

Outre l’annulation de la réforme de l’assurance chômage, le parti de Jordan Bardella envisage donc de réduire les normes et de « renationaliser » les autoroutes.  .  

Les Républicains

Le programme des LR ne cherche pas à revenir sur la réforme de l’assurance-chômage.

Ensemble

La majorité présidentielle soutient naturellement la réforme qu’ils ont eux-mêmes portée tout au long du processus législatif.

Le Nouveau Front populaire

L’abrogation de la réforme de l’assurance-chômage est un pilier important de la campagne électorale de l’alliance de gauche.

Élections législatives : la retraite

L’âge légal de départ à la retraite a été la source de beaucoup de mécontentement au cours de l’année 2023. Ce sujet se retrouve au cœur du débat électoral.

Le Rassemblement National

Bien que s’étant fermement opposés à la réforme des retraites qui a reculé l’âge légal de 62 à 64 ans, le parti d’extrême droite a fait preuve de très peu de clarté sur le sujet au cours de cette campagne. Ils dit s’en remettre aux résultats d’un audit des finances publiques et d’en rediscuter à l’automne. L’indexation des retraites sur l’inflation leur semble en tout cas inévitable.

Les Républicains

Pas de proposition de réforme.

Ensemble

Le parti de la majorité présidentielle ne propose pas de changements à ce sujet, si ce n’est l’indexation des retraites sur l’inflation pour protéger le pouvoir d’achat des retraités.

Le Nouveau Front populaire

Malgré le coût élevé d’une potentielle abrogation de la réforme des retraites de 2023, l’alliance de gauche en a fait un élément phare de son programme électoral. Ils ont l’intention d’en faire une priorité s’ils arrivent au pouvoir à l’issue de ce scrutin. Ils souhaitent également indexer les retraites sur les salaires.

Élections législatives : fiscalité

Compte tenu des propositions audacieuses faites par tous les candidats pour augmenter le pouvoir d’achat des ménages, le parti au pouvoir devra augmenter les recettes du gouvernement. Ceci est particulièrement important compte tenu de la situation actuelle de la dette publique française.

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Le Rassemblement National

Toutes les mesures fiscales proposées par le RN n’aboutissent pas à des économies. D’un côté, il y a en effet le rétablissement projeté de l’équivalent de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF), qui avait été supprimé en 2017 et qui s’appellerait impôt sur la fortune financière. Ainsi que la lutte contre la fraude. Mais ces mesures seraient (partiellement) contrebalancées par la suppression des droits de succession pour les successions en ligne directe concernant les familles les plus modestes, la suppression de l’impôt sur le revenu pour les Français de moins de 30 ans, ainsi que – comme vu plus haut – la baisse de la TVA.

Les Républicains

Les LR proposent des solutions qui feraient baisser les dépenses du gouvernement. Parmi ces réformes, ils avancent la possibilité de réduire le nombre de fonctionnaires. Le parti cherche tout de même à alléger les coûts des entreprises, en leur accordant une baisse des impôts qui les visent.

Ensemble

Les candidats affiliés au camp présidentiel portent leur attention vers une baisse des impôts, notamment sur la taxation de l’héritage. Cependant, pour financer et soutenir la transition énergétique, leur programme souhaite taxer le rachat d’action et les superprofits des géants de l’énergie.  

La Nouveau Front Populaire

Les partis de gauche prévoient de nombreuses augmentations des impôts des plus fortunés grâce à la modification du système d’impôt sur le revenu, la généralisation de la taxe sur les superprofits, le rétablissement de l’impôt solidaire sur la fortune (ISF) et le renforcement de la taxation des transactions financières. Ils souhaitent aussi supprimer la Flat Tax et réformer les droits de succession.

Élections législatives 2024 : le chiffrage des différentes mesures

Eu égard aux délais très brefs, à l’inflation des mesures « électoralistes » ainsi qu’à la difficulté inhérente à tout calcul économique de mesurer les conséquences directes et indirectes des mesures proposées, le chiffrage des programmes est une véritable gageure. Certains s’y sont essayés, et on s’aperçoit dans le dossier de l’OFCE qu’il existe pour presque chaque mesure au moins deux chiffrages. Et souvent des commentaires indiquant que telle mesure censée faire faire des économies serait inconstitutionnelle ou inefficace, et telle autre censée coûter de l’argent  n’aurait pas l’efficacité attendue.