Le niveau de vie reste stable
Entre 2021 et 2022, le niveau de vie médian des Français n’a diminué que de 0,1 point. En 2022, le niveau de vie annuel médian est de 24 330 euros.
Le niveau de vie médian sépare la population en deux parties égales, les personnes qui gagnent plus et les personnes qui gagnent moins. Le niveau de vie est égal au revenu disponible du ménage divisé par le nombre d’unités de consommation (1,8 UC dans le cas d’un couple avec un enfant de moins de 14 ans).
L’Insee observe toutefois une faible tendance à la hausse du niveau de vie médian des 10 % des Français les plus modestes après prise en compte les mécanismes de redistribution (+0,3 % en euros constants par rapport à 2021). Les 10 % les plus aisés ont vu, eux, leur niveau de vie baisser de 0,5 %.
Qu’est ce que la pauvreté ?
L’Insee estime qu’un Français vivant seul est sous le seuil de pauvreté s’il gagne moins de 1 216 euros par mois.
Pour un couple sans enfant, ce montant atteint 1 824 euros mensuels, auquel il suffit d’ajouter 365 euros s’ils ont un enfant de moins de 14 ans, et 608 euros pour toute autre personne à charge. 9,1 millions de Français correspondent à ces critères, ce qui représente 14,4 % de la population.
1 français sur 6 vit donc sous le seuil de pauvreté, un chiffre qui reste très élevé, avec 28 000 Français de plus que l’année précédente. En 2022, ce chiffre s’élevait donc à 60 % de 24 330 euros, soit un niveau de vie de 14 600 euros sur l’année (ou 1 216 euros par mois) pour une personne seule.
Calculer le taux de pauvreté
Pour calculer le taux de pauvreté, l’institut statistique évalue combien de Français gagnent moins de 60 % du niveau de vie médian. Cette définition, en valeur relative, est commune aux pays européens, voire aux pays de l’OCDE. En revanche, il arrive qu’au niveau international la pauvreté soit mesurée par la proportion de la population gagnant moins de 1 $ par jour.
La pauvreté selon les caractéristiques socioéconomiques
Certains statuts d’activité sont plus touchés par la pauvreté que d’autres. Plus d’un tiers des chômeurs (35,3 %) vivent sous le seuil de pauvreté alors qu’ils ne représentent que 3,2 % de la population. Inversement, le taux de pauvreté n’est que de 7,7 % chez les actifs occupés qui constituent 42,6 % de la population. Même contraste entre les indépendants et les salariés : les premiers (5,7 % de la population) ont un taux de pauvreté de 18,3 %, les seconds (36,9 % de la population) ont un taux de pauvreté de 6,1 %. L’emploi protège donc, et en son sein l’emploi salarié bien plus que le statut d’indépendant.
La composition d’un ménage contribue aussi fortement à sa situation économique. Dans la tranche d’âge des moins de 65 ans (âge du chef de famille), les familles monoparentales sont les plus touchées par la pauvreté. Bien que le taux de pauvreté ait diminué de 0,9 point en un an, il reste très élevé, atteignant 31,4 % en 2022. Les moins atteints sont les couples sans enfants, dont seulement 6,6 % se trouvent sous le seuil de pauvreté.
Deux forces contraires agissent sur le niveau de vie
Les conditions économiques auxquelles les Français ont été confrontés en 2022 ont eu des effets contraires sur leur niveau de vie, ce qui explique la stagnation observée par l’Insee.
D’un côté, la reprise de l’inflation dont la moyenne annuelle a atteint 5,2 %, l’interruption des aides visant à compenser le ralentissement économique pendant la crise et le plafonnement de l’augmentation de l’allocation logement ont pesé lourd sur le niveau de vie.
De l’autre, la baisse du chômage (à son niveau le plus bas depuis 1982), et plusieurs mesures en faveur du pouvoir d’achat (trois revalorisations du smic, hausse du plafond d’exonération d’impôt sur les heures supplémentaires et primes exceptionnelles) ont contribué à soutenir le niveau de vie des Français. Ces conditions aux forces opposées ont permis à la pauvreté de ne pas prendre le dessus dans le pays.
Les indicateurs d’inégalités
Le coefficient de Gini, indicateur principal qui permet d’évaluer les inégalités au sein d’un pays, varie entre 0 (égalité parfaite) et 1 (inégalité totale). Il a été stable entre 2021 et 2022. Depuis 2021, le coefficient Gini a presque retrouvé le niveau élevé qu’il avait atteint entre 2010 et 2012.
Le calcul du rapport interdécile, qui mesure l’écart entre ce que gagnent respectivement le premier et le neuvième décile démontre aussi une légère amélioration en 2022. Il reste toutefois assez élevé, les 10 % les plus riches reçoivent en effet 3,38 fois ce que les plus modestes gagnent.