Pourquoi un deuxième type de COP ?
L’origine de ces deux COP remonte à 1992 avec le sommet de la Terre à Rio de Janeiro. À l’issue de ce sommet, les Conférences des Parties (COP) ont été instituées par l’adoption de la Convention-cadre des Nations-unies sur les changements climatiques (CCNUCC). En ont découlé deux types de COP : l’une centrée sur le climat (comme la COP21), et l’autre centrée sur la préservation de la biodiversité (comme la COP16 de cet article). La COP sur le climat a lieu tous les ans, tandis que la COP sur la biodiversité n’a lieu que tous les deux ans.
Les COP sur la biodiversité s’inscrivent dans une vision de long-terme
Deux aspirations de long-terme sous-tendent toutes les discussions des COP sur la biodiversité, telles que présentées lors de la COP15 Kunming-Montréal :
- A l’horizon 2030 : « Prendre des mesures urgentes pour enrayer et inverser la perte de biodiversité […] en assurant le partage juste et équitable des avantages découlant de l’utilisation des ressources génétiques, tout en fournissant les moyens de mise en œuvre nécessaires. »
- A l’horizon 2050 : « la biodiversité est appréciée, conservée, restaurée et utilisée avec sagesse, ce qui permet de maintenir les services écosystémiques, de préserver la santé de la planète et de procurer des avantages essentiels à tous les peuples. »
Objectifs de la COP16
Les principaux objectifs de cette COP16 sont de trouver des financements aux objectifs issus des accords finalisé lors de la COP15. Comme on peut l’attendre d’un rassemblement visant à préserver la biodiversité, les objectifs sont concentrés sur la protection des espèces animales et végétales, l’amélioration de la diversité des espèces, leur prospérité durable et aussi la limitation de l’exploitation de terres riches en biodiversité. A chaque grand objectif sont associés des “cibles”, c’est à dire des buts concrets souvent quantifiés :
- Maintenir « l’intégrité, la connectivité et la résilience de tous les écosystèmes », stopper les extinctions d’espèces d’origine humaine et conserver la diversité génétique des espèces.
Exemple de cible :
- Cible 3 : Conservation de 30 % des écosystèmes terrestres, marins et d’eaux intérieures par le biais de mesures protégées.
- Favoriser un développement durable qui permet de maintenir des activités humaines, sans pour autant en faire pâtir la biodiversité, au contraire, le développement durable doit favoriser la restauration d’espèces en déclin. Cela « au profit des générations actuelles et futures d’ici à 2050 ».
Exemple de cible :
- Cible 2 : Restauration d’au moins 30 % des écosystèmes dégradés pour améliorer la biodiversité.
- Engagement au partage équitable entre les peuples des ressources monétaires et non monétaires issues de l’utilisation de ressources génétiques (comme des plantes, des animaux ou des micro-organismes).
Exemple de cible :
- Cible 13 : Partage juste et équitable des bénéfices des ressources génétiques.
- Partage des moyens financiers et technologiques dans une grande coopération mondiale afin de permettre à tous les États, même les plus pauvres, d’entamer leur transition écologique. Les financements mondiaux annuels sont estimés à 700 milliards de dollars.
Exemple de cible :
- Cible 20 : Développement des capacités et renforcement de la coopération technologique et scientifique.
Quels résultats pour la COP 16 ?
Cette COP s’est achevée sur un goût amer. En effet, le principal objectif qui était de trouver un accord sur le financement pour la mise en œuvre des objectifs de la COP15 (de plus de 200 milliards de dollars) est resté lettre morte, les États n’arrivant pas à un accord. Aucun accord non plus sur un cadre mondial d’évaluation des progrès des projets.
La COP16 marque des avancées sur la protection des aires marines et l’intégration des peuples autochtones au sein de la COP comme une instance à part entière. Jusque-là, ces peuples n’étaient que des invités, sans pour autant avoir un quelconque pouvoir décisionnel. Cependant, les tensions entre les populations autochtones et les orientations onusiennes sont toujours vives. L’un des exemples les plus marquants est l’opposition sur les espaces naturels protégés : des peuples autochtones sont parfois chassés de leur terre ou empêchés de continuer leur mode de vie (chasse, cueillette…) dans un objectif de préservation.
Les négociations reprendront lors de la prochaine COP17 qui se tiendra en Arménie en 2026. Il faut espérer que les engagements déjà pris soient suivis d’ici là, et que d’autres, plus ambitieux, soient mis en avant pour le bien de la biodiversité mondiale, avec la concertation des grandes nations et des peuples autochtones.