Union européenne : contexte économique
Il est régulièrement reproché à l’UE d’être une organisation compliquée. Sa lourdeur administrative et sa complexité politique et régulatoire la rendrait inertielle et peu adaptée à initier des transformations économiques.
La croissance atone du vieux continent serait donc tirée vers le bas, en particulier par rapport aux autres grandes puissances économiques que sont les États-Unis et la Chine. La locomotive allemande, embourbée depuis plusieurs années, inquiète au premier chef. L’instabilité politique française, allemande, mais aussi mondiale constitue un catalyseur des difficultés économiques.
Malgré ces difficultés, l’UE dispose d’importants atouts : une main-d’œuvre qualifiée, des infrastructures de pointe et un vaste marché intérieur. Le rapport de Mario Draghi, publié en octobre 2024, avait déjà pointé la nécessité d’investir massivement dans l’innovation et la transition écologique pour relancer la compétitivité européenne.
« La boussole pour la compétitivité transforme les excellentes recommandations du rapport Draghi en feuille de route. Nous avons donc un plan, à présent. Nous avons la volonté politique. Ce qui importe est la vitesse, et l’unité. Le monde ne nous attendra pas », Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne.
Trois priorités pour l’Europe
La boussole s’articule autour de trois objectifs de long-terme jugés essentiels.
Stimuler l’innovation
Encourager la création de jeunes entreprises à fort potentiel, soutenir la diffusion de technologies de rupture (intelligence artificielle, biotechnologies, quantique, etc.) et faciliter l’essor de pôles industriels innovants.
Développer une industrie décarbonée et compétitive
Face à la volatilité des prix de l’énergie et à la pression pour réduire les émissions de CO2, l’UE veut accélérer l’octroi de permis pour les secteurs industriels en transition et promouvoir de nouveaux modèles économiques (économie circulaire, technologies propres). Des plans d’action spécifiques concerneront notamment l’acier, la chimie et les métaux, piliers de la production manufacturière européenne.
Renforcer la sécurité et l’autonomie stratégique
Il s’agit de diversifier les approvisionnements pour réduire les dépendances excessives, en particulier dans les secteurs critiques (matières premières, énergies, technologies clés). L’UE entend conclure de nouveaux partenariats à l’international tout en prévoyant une forme de « préférence européenne » dans les marchés publics pour certains secteurs sensibles.
Cinq “catalyseurs” pour soutenir ces priorités
Pour favoriser la réussite de ces trois grands axes, la boussole identifie cinq leviers transversaux :
- Simplification : réduire significativement la complexité administrative, notamment grâce à une proposition visant à alléger les formalités pour les entreprises et les PME.
- Renforcement du marché unique : moderniser son cadre de gouvernance, faire tomber les freins internes et faciliter l’élaboration de normes communes.
- Financement : fluidifier la circulation de l’épargne et encourager le capital-risque via une « union de l’épargne et des investissements ».
- Compétences : développer la formation continue, attirer les talents non-européens et promouvoir la mobilité professionnelle à l’intérieur de l’UE.
- Coordination accrue : mettre en place un nouvel outil pour suivre la mise en œuvre des réformes, identifier les projets stratégiques et mutualiser les ressources grâce à un futur fonds pour la compétitivité.
Christian Noyer, gouverneur honoraire de la Banque de France (et Président de l’Institut pour l’Éducation Financière du Public – La finance pour tous, ndrl) participe activement à la construction de cette union des marchés de capitaux. Il a notamment présenté, en avril 2024, un rapport au ministre de l’Économie de l’époque, Bruno Le Maire.
Interrogations et arbitrages en Europe
Défis économiques
La Commission espère que ces orientations donneront peut-être un nouvel élan à l’UE, confrontée à la fois au retour de Donald Trump à la Maison Blanche et au bras de fer commercial avec la Chine. Reste à savoir si ces mesures seront appliquées rapidement et si elles sauront dépasser les blocages politiques et institutionnels de l’Union.
Défis écologique
Au défi du rattrapage économique s’ajoute celui de la transition écologique. La boussole tente d’élaborer une synthèse entre ces objectifs.
Pour l’instant, de nombreux pays européens sont en retard dans leur transition. Il est malheureusement possible que, malgré un découplage de plus en plus net entre croissance et émissions de CO2, l’UE se retrouve confronté à un arbitrage indépassable : le rattrapage économique est-il tout à fait compatible avec une transition écologique complète ?