Ce budget se révèle moins ambitieux que celui du gouvernement Barnier. En effet, il prévoit de contenir le déficit public à 5,4 % du PIB annuel contre 5 % pour le précédent projet, rejeté suite à la censure du gouvernement Barnier. La France dépassera donc cette année encore la limite des 3 % de déficit public autorisée au sein de l’Union européenne. En fait, rares sont les experts à proposer un redressement brutal capable de passer sous la limite en seulement un an. La cible des 3 % est ainsi prévue pour être atteinte, en théorie, en 2029. Résumons les principaux apports de ce PLF 2025.
Les hausses d’impôts
Une part importante du projet de loi de finances (PLF) repose sur des hausses d’impôts visant les plus fortunés, qu’il s’agisse de particuliers ou d’entreprises. Plusieurs mesures sont prévues, dont une surtaxe de l’impôt sur les sociétés (IS) pour les grands groupes ( plus de 400 entreprises réalisant plus d’un Md€ de chiffre d’affaires). Cette majoration, comprise entre 20,6 % et 41,2 % selon le chiffre d’affaires, devrait rapporter 7,8 milliards d’euros en 2025.
D’autres mesures accompagnent cette hausse, comme la nouvelle taxe « anti-optimisation fiscale » sur les très hauts revenus (plus de 250 000 euros annuels pour une personne seule), qui vise à garantir un taux d’imposition minimum de 20 %. Cette taxe, concernant 0,06 % des foyers, devrait rapporter 1,87 milliard d’euros à l’État.
S’ajoutent également une nouvelle taxe sur le rachat d’actions par les entreprises (400 millions d’euros), l’augmentation de la taxe sur les transactions financières (600 millions) et la hausse de la taxe sur les billets d’avion, notamment en classe affaires et business, pour un gain estimé à 460 millions d’euros.
Par ailleurs, la suppression de la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE) est repoussée à 2030 au lieu de 2027. Son maintien devrait rapporter 4,24 milliards d’euros à l’État en 2025.
Les baisses de dépenses
Les hausses d’impôts ne constituent pas le seul levier : l’État prévoit aussi de diminuer ses dépenses dans de nombreux secteurs pour atteindre ses objectifs. Parmi les mesures principales figure la demande de 2,2 milliards d’euros d’économies aux collectivités territoriales et locales (régions, départements, agglomérations, communes, etc.). Certes, ce montant est inférieur aux 5 milliards demandés par le précédent gouvernement Barnier, mais il aura tout de même un impact notable sur ces collectivités, dont l’activité économique est cruciale pour les territoires (écoles, routes, équipements sportifs, santé, transition écologique, etc.).
Une autre coupe importante concerne le budget de la transition écologique, réduit de 14 % en 2025. Le Fonds vert perd ainsi 1,45 milliard d’euros et MaPrimeRénov’ 900 millions d’euros.
De nombreuses autres diminutions de crédits sont prévues dans différents ministères.
- 1 milliard d’euros en moins pour la recherche dans l’enseignement supérieur,
- 1,2 milliard d’euros en moins pour l’aide au développement,
- 150 millions en moins pour la culture,
- 100 millions en moins pour le sport,
- 80 millions en moins pour l’audiovisuel public,
- 225 millions en moins pour l’éducation nationale,
- 89 millions en moins pour les programmes destinés à la jeunesse (dont le SNU).
Il est toutefois à noter que, contrairement à ce qui a un temps été envisagé, l’Éducation nationale n’aura pas à supprimer 4 000 postes. Son budget baisse néanmoins. Après les JO de Paris, certains espéraient que le secteur du sport bénéficie d’un soutien accru. Son budget est finalement ajusté comme dans de nombreux autres domaines.
Budgets en hausse ou maintenus
Tous les budgets ne sont pas en recul : celui de l’Intérieur et celui de la Justice augmentent respectivement de 26 et 10,5 milliards d’euros. Ils constituent ainsi l’une des rares exceptions au sein d’un budget global marqué par des restrictions dans les dépenses de fonctionnement de l’État.
50 milliards d’euros d’économies
Au total, les économies attendues s’élèveraient à 50 milliards d’euros, dont environ 20 proviendraient des hausses d’impôts et 30 des réductions de dépenses. Le déficit ne devrait donc pas dépasser 5,4 % du PIB.
Ces économies sont à mettre en perspective de la dynamique générale des dépenses publiques. En effet, 50 milliards d’économie ne veut pas dire que le volume total des dépenses publiques baisse effectivement de 50 milliards, mais plutôt qu’il baisse par rapport à une situation hypothétique où rien n’aurait changé. En pratique, les dépenses de l’État augmenteront d’un peu moins de 42 milliards d’euros, ce qui fait augmenter leur part dans le PIB.
Enfin, rappelons que ce budget s’appuie sur les estimations de Bercy quant à la croissance du PIB en 2025, qui est par nature très difficile à anticiper correctement. En 2024, des erreurs de prévisions avaient contribué au dérapage budgétaire.