Des investissements massifs dans l’IA

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L’intelligence artificielle (IA) est dans toutes les têtes depuis le lancement de ChatGPT fin 2022. C’est d’ailleurs l’objet du sommet international de l’IA qui s’est déroulé à Paris les 10 et 11 février. La course entre les puissances économiques bat son plein, chacun cherchant à acquérir l’hégémonie de cette révolution. Les chatbots, ces robots conversationnels capables de répondre à vos questions, sont au cœur de la bataille. Après ChatGPT, Gemini, ou le chinois DeepSeek, c’est au tour du français Mistral AI de dégainer son bot, « Le Chat” (prononcez comme l’animal).

Ce sommet de l’IA au Grand Palais, accueille depuis le 6 février 2025 tout le beau monde de la tech et de nombreux chefs d’État.

On retrouve, entre autres, l’entreprise française spécialisée dans l’IA, Mistral, les Américains OpenAI et Nvidia, ainsi que la startup chinoise DeepSeek. Du côté des personnalités politiques, on peut notamment citer le vice-président américain J.D. Vance, le premier ministre indien Narendra Modi, le vice premier ministre chinois Zhang Guoqing, la présidente de la commission européenne Ursula von der Leyen, et le premier ministre canadien Justin Trudeau. Ce sommet est donc, en plus d’un rassemblement autour de l’IA, une grande réunion politique où chacun vient vanter ses mérites.

Des plans d’investissements massifs pour l’IA

Plan Stargate aux États-Unis : 500 milliards pour l’IA

Donald Trump a dévoilé fin janvier le projet Stargate (littéralement : porte des étoiles), d’un montant de 500 milliards de dollars d’investissements sur 4 ans. Ce programme est en collaboration directe avec Oracle, OpenAI et l’entreprise japonaise SoftBank. Les financements sont privés, c’est donc un fléchage public des investissements privés. L’objectif général est de développer les infrastructures autour de l’IA, comme les data centers, des centrales de productions électriques (car ces data centers consomment énormément d’énergie), et d’en faire un secteur stratégique américain.

Un plan français à 109 milliards d’euros : quels objectifs ?

Emmanuel Macron a annoncé un plan ambitieux en marge du sommet. Pourquoi 109 milliards ? C’est un montant conséquent, portant une valeur symbolique : il correspond à la même somme par Français que les 500 milliards de dollars du projet Stargate par Américains. Le message envoyé par le président de la République est donc fort : en Europe aussi, nous investissons dans l’IA, dans des proportions équivalentes. Comme pour le plan américain, ce sont des fonds privés qui vont financer ces investissements. Le profil des investisseurs est vaste, en passant par des fonds étrangers, des entreprises françaises ou encore via des levées de fonds plus classiques sur les marchés financiers.

Les Émirats arabes unis, en vertu de l’accord-cadre signé avec la France, se sont engagés à investir 50 milliards d’euros dans la création d’un grand campus de l’IA en Europe. Si la situation géographique n’a pas été précisée, nul doute que la France aimerait l’avoir sur son territoire. En termes d’investissements notables, notons notamment que :

  • Le fonds canadien Brookfield va investir 20 milliards pour construire des data centers.
  • Le fonds BlackRock et Microsoft vont débourser 30 milliards à deux également pour la construction de data centers.
  • L’entreprise Mistral prévoit elle la construction d’un très grand data center, probablement sur le plateau de Saclay.
  • BPI France lance un plan de 10 milliards d’investissement dans l’IA d’ici à 2029. Elle accompagne déjà de nombreuses startups du domaine et compte donc amplifier son action.
  • L’entreprise Iliad (entreprise de Xavier Niel), via sa filiale Opcore, a annoncé 3 milliards d’investissements dans des infrastructures dédiées à l’IA.

Une forte création d’emplois sur le territoire à prévoir donc, et une opportunité pour la France d’être sur le devant de la scène dans ce domaine très porteur.

La guerre des performances fait rage entre les chatbots

OpenAI, DeepSeek, Mistral, Google, Meta, Microsoft, Apple et beaucoup d’autres se livrent un « combat » autour de leurs modèles d’intelligence artificielle et en particulier autour de leurs chatbots. En effet, ces outils se vendent très bien auprès des entreprises et représentent un marché gigantesque à conquérir. Depuis la sortie de son chatbot « Le Chat », le français Mistral a officialisé sa collaboration avec des grands groupes français comme Stellantis et Veolia.

Ces assistants du quotidien peuvent se révéler extrêmement pratiques s’ils sont bien adaptés. Les usages qu’on peut en faire dans le monde du travail sont multiples : résumés de rapports, analyse de données, détection de fraude ou de maladie… Une augmentation de la productivité des salariés potentiellement révolutionnaire.

Chaque nouvelle version d’un chatbot fait braquer sur elle tous les regards, qui inspectent scrupuleusement ses caractéristiques. La sortie il y a quelques jours du chatbot de DeepSeek, startup chinoise, qui remet en cause l’hégémonie américaine sur ce domaine, a par exemple fait chuter temporairement toute la bourse américaine, notamment le Nasqaq.

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Intelligence artificielle : quel impact sur l’économie globale ?

Comme le laisse penser l’exemple cité précédemment, les bourses deviennent de plus en plus dépendantes aux IA. On pourrait suspecter une nouvelle “bulle Internet”. Aux États-Unis, le principal indice boursier, le S&P 500, est aujourd’hui particulièrement lié à l’IA. En effet, Nvidia pèse pour plus de 6,5 % de tout l’indice. Ainsi, si Nvidia vacille, c’est toute la bourse américaine qui peut perdre pied.

Cependant, comme toujours, affirmer être en présence certaine d’une bulle relève de la témérité. Si l’IA se révèle à la hauteur des attentes des marchés, alors les hautes capitalisations actuelles auront été plus que justifiées. Si, à l’inverse, les marchés ont surestimé les capacités de l’IA, alors la bourse se corrigera, peut être fortement. Mais juger de la rationalité des investisseurs à priori du déploiement de l’IA est délicat.

L’IA représente-t-elle un danger ?

Problème de droit d’auteur, usurpation d’identité, création massive et facile de désinformation, arnaque en tout genre, tels sont les risques déjà connus autour de l’IA. Il faut également ajouter une certaine orientation politique des chatbots. Ceux-ci ont tous plus ou moins de garde-fous afin d’éviter aux utilisateurs d’être confrontés à du contenu violent, mais beaucoup vont plus loin que ça.

L’IA chinoise de DeepSeek ne vous parlera par exemple pas des évènements de la place Tian’anmen et se refusera à aborder la question des caricatures du président chinois. ChatGPT, lui, a des réponses clairement orientées “libérales-démocrates”, quitte à parfois tomber dans la caricature. De plus, de par le mode de fonctionnement prédictif, certains chatbots peuvent avoir tendance à reproduire les préjugés et les inégalités. Les IA ne sont donc pas “neutres” (quoiqu’il s’agit de savoir ce que cela veut dire).

Où en est la législation sur l’intelligence artificielle ?

Il existe à l’échelle européenne un règlement sur l’intelligence artificielle paru au Journal officiel de l’Union européenne le 13 juin 2024. Celui-ci donne un cadre réglementaire et fixe des objectifs généraux. Ce cadre permet en premier lieu d’harmoniser les conditions d’accès au marché européen pour les produits et services utilisant de l’IA.

Des interdictions y sont formulées et visent dans leur ensemble à protéger les utilisateurs. Pour cela, il est proscrit pour une IA d’essayer d’altérer le comportement d’individus en les manipulant, tout comme elle ne doit pas classer les individus sur des fondements de comportement social. Il y a bien d’autres interdictions, mais toutes se veulent être des protections contre des IA qui tenteraient de manipuler les individus. Un autre pan important concerne la limitation de la reconnaissance faciale.

Malgré tout, il subsiste des angles morts. Et notamment le non-respect des droits d’auteur si l’IA utilise des données normalement protégées par la propriété intellectuelle. Pourtant, et alors que ces données vont lui servir à remplir ses missions, les entreprises derrière les IA ne payent souvent pas les ayants droits, qui, d’ailleurs, ne sont pas toujours au courant que leurs propriétés sont utilisées par les IA.

L’intelligence artificielle pourrait bien être l’internet des années 2020, et plus encore. Nous sommes probablement encore loin d’avoir tout vu, et une grande part d’incertitude plane encore sur les réelles possibilités à terme de cette technologie. Les États et les investisseurs privés ont en tout cas l’air de s’accorder sur le fait de fonder beaucoup d’espoir dans ce domaine.