Crédit : les ménages continuent de moins s’endetter

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En 2024, le taux de détention des crédits par les ménages a continué de reculer tandis que les appréciations des ménages sur leur situation financière et budgétaire se sont améliorées. Les intentions de souscrire un nouveau crédit dans les prochains mois de 2025 sont en léger rebond.

Tels sont les trois principaux enseignements du 37ème rapport annuel de l’Observatoire des crédits des ménages publié mi-février (*).

Le taux de détention de crédits par les ménages ne cesse de reculer

Il s’établit en effet à 41,9 %, soit le taux le plus bas depuis 35 ans, date de création de l’Observatoire (1989). Ce recul est le sixième consécutif depuis 2019, 2017 et 2018 ayant enregistré le taux de 47,8 %. La baisse est donc très sensible – de près de 6 points – en six ans.

Selon l’Observatoire, le nombre de ménages endettés (crédits immobilier ou/et crédit à la consommation) a ainsi reculé de 1 026 000 depuis 2019, et de 150 000 rien qu’en 2024.

En 2024, 13 millions de ménages détenaient un crédit : 22,9 % détenaient un ou des crédits immobiliers, 12,2 % détenaient un ou des crédits à la consommation, et 6,8 % détenaient à la fois les deux types de crédit.

Sur une période plus longue (2008 – 2024), le recul est encore plus important – plus de 10 % – et correspond à une tendance structurelle et continue de baisse du taux de détention : 52,6 % en 2008 et 41,9 % en 2024. Autrement dit, les ménages n’en finissent pas depuis plus de 15 ans de moins s’endetter.

Par type de crédit, c’est le crédit à la consommation qui recule le plus auprès des ménages : le taux de détention a effet encore reculé en 2024 à 19 % (contre 20,9 % en 2023 et 24,9 % en 2020), soit également le niveau le plus bas constaté par l’Observatoire, et pour la septième année consécutive.

En 15 ans, le crédit à la consommation a profondément évolué : tandis que les lois Lagarde (2010) et Hamon (2014) ont considérablement freiné la distribution du crédit renouvelable, le crédit à la consommation s’est « recentré » sur la gestion du budget et le financement de petits achats à caractère répétitif : mais si jusqu’en 2020, cette baisse portait surtout sur les cartes de magasins ou d’organisme de crédit, ou sur les crédits obtenus directement auprès du vendeur, cela concerne aussi, depuis la crise sanitaire, le crédit distribué directement par les banques et établissements financiers, le taux de détention baissant de 19,3 % en 2020 à 13,4 % en 2024. On assiste donc à un repli continu, profond du crédit à la consommation par les ménages, celui-ci continuant de financer principalement (84,6 %) des projets d’équipement (auto, moto, équipement ménager, amélioration du logement).

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Le recul du taux de détention est moins important du côté du crédit immobilier : il s’élève à 29,7 % en 2024, c’est-à-dire reste stable (29,6 % en 2023 et 30,1 % en 2022) sur quelques années.

Le taux de détention avait commencé de reculer en 2020, et jusqu’en 2023, le nombre de ménages détenant des crédits immobiliers avaient baissé de 270 000, dans un contexte de resserrement de l’accès au crédit. En 2024, l’activité des marchés immobiliers s’est redressée, et l’offre bancaire s’est élargie. « Comme les renégociations de crédits en cours et les rachats de créances se sont maintenus à bas niveau, le taux de détention des crédits immobiliers a pu se stabiliser » note l’étude.

L’amélioration du moral des ménages conduit à un rebond des intentions de crédit pour 2025

2024 marque une rupture après deux années de dégradation : 60,5 % des ménages estiment que leur situation financière s’est stabilisée voire améliorée (contre 53,6 % en 2023) et 57,9 % se déclarent à l’aise avec leur budget (ou que « ça va ») contre 56,6 % en 2023.

La part des ménages qui se déclarent à l’aise s’est fortement redressée à 19,7 % (18,2 % en 2023), soit une proportion nettement supérieure à la moyenne de longue période (16 % depuis 2001).

Le ralentissement de l’inflation et la baisse des taux de crédit immobiliers expliquent, selon l’Observatoire, cette sensible amélioration du moral des ménages.

Dans ce contexte plus détendu, les charges de remboursement sont jugées supportables ou très supportables par 50,7 % des ménages endettés. En revanche, la part de ceux qui la jugent trop élevé augmente légèrement (de 14 % à 14,6 %).

Cette nouvelle donne conduit à une hausse des intentions de crédits en 2025. Et la baisse des taux des prêts constatée depuis plus d’un an est un facteur encourageant pour les candidats à l’acquisition.

Après une année 2024 marquée par les plus faibles intentions de souscrire des crédits immobiliers depuis 25 ans (2,8 %), « le rebond des intentions concernant les crédits immobiliers est aussi remarquable », note l’Observatoire.

Du côté des crédits à la consommation, il y a rebond, mais « léger » : 3,7 % contre 3,5 % en 2023, et surtout, nettement en dessous de la moyenne de longue période de 4,2 %. C’est en fait, le retour à la moyenne constatée depuis la pandémie.

(*) enquête réalisée en novembre 2024 auprès d’un échantillon de 13 000 ménages par Kantar.