Résultat des élections en Allemagne
Le vainqueur, ou en tout cas le parti ayant recueilli le plus de voix, est le groupe CDU/CSU. Ce sont des chrétiens-démocrates, composés du CSU en Bavière et du CDU sur le reste du territoire. Ce parti bien établi, au programme plutôt conservateur et libéral, a récolté 28,52 % des voix. Vient en deuxième position l’AfD, le parti d’extrême droite qui atteint un score historique de 20,80 % des suffrages, puis le parti sortant, le SPD du chancelier sortant Olaf Scholz, qui chute à 16,41 % des voix. Enfin, on retrouve les Verts et le récent parti de gauche Die Linke, qui ont obtenu respectivement 11,61 % et 8,77 % des suffrages.
Quelles coalitions pour gouverner ?
La tradition veut que ce soit le parti avec le plus de sièges qui mène les négociations afin de former une coalition gouvernementale. C’est donc au groupe CDU/CSU que la tâche incombe. Il pourrait théoriquement obtenir une majorité absolue en s’associant avec l’AfD, mais cela parait très peu probable, car ce parti d’extrême droite reste à l’écart des autres. Les chrétiens-démocrates pourraient bien plutôt choisir de s’allier avec les sociaux-démocrates du SPD ainsi qu’avec les Verts centristes. Ces trois partis formeraient ainsi une alliance noire-rouge-verte, dite “coalition kényane”, en référence au drapeau de ce pays.
Quel programme ? Comment redresser la situation économique de l’Allemagne ?
L’Allemagne est dans une situation délicate depuis la fin de la crise du Covid-19 et ses rouages semblent grippés.
Son modèle économique, basé sur une énergie bon marché, une compétitivité industrielle, et des marchés étrangers très consommateurs de sa production, se fissure petit à petit. Le secteur automobile illustre parfaitement ce phénomène. Lui qui, pendant longtemps, dominait le marché européen, est aujourd’hui en perte claire de vitesse, en particulier face à la nouvelle concurrence chinoise. Chaque partie de la probable coalition soumet un certain nombre de propositions. Certaines convergent, mais il existe également des divergences profondes, sur la dette, le marché du travail ou encore l’énergie. Voici les principaux points des programmes des trois membres de la probable coalition.
Programmes des principaux partis allemands
Programme de la CDU/CSU
- Baisse des impôts pour les entreprises et les particuliers,
- Réduction de la bureaucratie et des normes sociales et environnementales,
- Retour au nucléaire pour partie,
- Réforme de l’interdiction de la vente de voitures thermiques à partir de 2035,
- Pas d’augmentation de la dette publique.
Programme du SPD
- Mise en place d’un bonus pour le « made in Germany » sous la forme d’un crédit d’impôt de 10 % pour toute entreprise qui investirait sur le sol allemand,
- Création d’un fonds de 100 milliards d’euros qui serait constitué de fonds publics et privés. Ce fonds doit servir à financer des projets d’avenir (transition écologique, modernisation, digitalisation),
- Augmentation du SMIC, de 12,82 à 15 euros de l’heure.
- Instauration d’un impôt sur la fortune sur les patrimoines supérieurs à 10 millions d’euros,
- Réforme du frein à l’endettement.
Programme des Verts
- Arrêt de toutes les productions électriques au charbon d’ici 2030 pour décarboner l’économie,
- Prime à l’investissement de 10 % pour les entreprises qui voudraient financer des projets durables et respectueux de l’environnement,
- Investissements de l’État et du privé dans les infrastructures et le transport durable,
- Nouvel impôt, sur les milliardaires, les successions et sur la fortune. Ce sont pour l’instant des idées peu définies,
- Réforme du frein à l’endettement.
Quelle suite pour l’Allemagne ?
La coalition devra affronter un certain nombre de débats majeurs pour définir l’orientation de la locomotive européenne. La question de la dette publique occupera une place centrale : le gouvernement fédéral doit-il s’en servir comme levier pour relancer ou même réorienter son économie ? L’influence de la pensée ordolibérale reste profondément ancrée dans la culture des citoyens allemands.
L’ordolibéralisme est un courant de pensée économique libéral. Il prône un cadre institutionnel strict pour garantir une économie de marché fonctionnelle, avec une forte insistance sur la stabilité des prix et la discipline budgétaire, ce qui implique une gestion rigoureuse de la dette publique pour éviter les déséquilibres financiers et maintenir la confiance des marchés.
Le chancelier devra également adopter une réflexion d’envergure plus structurelle : le modèle exportateur allemand est-il encore viable à long terme ? Faut-il rendre l’économie allemande plus tournée vers la consommation intérieure ? Le mix énergétique nécessite-t-il d’être repensé ? Un arbitrage sera-t-il nécessaire entre croissance économique et transition écologique ? Toutes ces questions se poseront rapidement au sein de la coalition, qui devra relever le défi de parvenir à des décisions fortes, cohérentes et adaptées dans des délais restreints.