Qu’est-ce que l’euro numérique ?
La BCE (comme d’autres banques centrales) développe depuis plusieurs années maintenant une nouvelle forme de monnaie : l’euro numérique.
L’objectif est assez simple : faire en sorte que les ménages et entreprises de la zone euro puisse disposer d’un compte auprès de la banque centrale. Ce compte, similaire à un compte de dépôt de monnaie électronique, pourrait permettre aux utilisateurs de gagner en souveraineté, en praticité, et en accessibilité.
Ce nouveau moyen de paiement sera comparable à celui d’une monnaie fiduciaire, puisqu’il partagera une des principales caractéristiques des espèces, la confidentialité. En effet, l’eurosystème (BCE + Banques Centrales Nationales) n’aura pas la capacité de connaître vos informations personnelles et de les relier avec des habitudes de consommation. C’est pourquoi cet euro numérique est aussi appelé « billet numérique ».
Mais attention, cet euro numérique n’est pas là pour remplacer les autres moyens de paiement, mais pour les compléter. Ainsi il permettra d’offrir un plus grand choix dans le moyen de règlement, octroyant une plus grande liberté aux ménages.
Cet euro numérique a pour objectif de répondre à un certain nombre d’enjeux contemporains auxquels font face les autorités européennes.
Enjeux du système de paiement
Renforcement de la souveraineté Européenne
Les résultats de la dernière étude européenne sur le comportement des consommateurs en matière de paiement dans la zone euro (enquête SPACE 2024) confirme le développement de l’ère numérique. Le paiement par carte bancaire, maintient, plus que jamais, sa place de moyen de paiement préféré des européens.
66 % des opérations par carte bancaire dans la zone européenne au premier semestre 2024 étaient basées sur des systèmes non-européens.
À titre d’exemple, si sur votre carte bancaire il est indiqué VISA ou Mastercard, qui sont deux entreprises américaines, alors cela signifie que vous utilisez leur réseau de paiement électronique. En France, il est également possible d’utiliser le réseau Carte Bancaire (choix que vous pouvez faire via le terminal de paiement, souvent en appuyant sur le bouton jaune). Un choix généralement fait par les commerçants car le coût de la transaction est moins élevé.
Amélioration de l’accès aux moyens de paiement
D’après le règlement européen relatif aux paiements transfrontaliers, (Article 3), la facturation par votre établissement bancaire d’une transaction monétaire (par carte bancaire, virement ou prélèvement) dans un autre pays membre de la zone euro doit suivre la facturation en vigueur sur le territoire national. Autrement dit, votre établissement bancaire ne peut pas vous imposer un surcoût lorsque vous voyagez dans un pays membre de la zone euro et que vous payez par carte bancaire, virement ou prélèvement.
Cependant, certains frais demeurent, comme sur le retrait d’espèces. Celui-ci souffre en effet d’une politique commerciale contraignante de la part des établissements bancaires. C’est d’ailleurs le cas, même en France, selon le type de cartes que vous détenez si vous réalisez des « retraits déplacés », c’est-à-dire dans un réseau bancaire différent du votre.
Vous partez en vacances en Espagne. À votre arrivée, vous souhaitez retirer de l’argent afin de payer un commerçant sur le marché. Vous vous rendez donc à un distributeur automatique de billets (DAB). Cependant, en Espagne, retirer des espèces à un DAB entraîne systématiquement des frais lorsque la carte bancaire insérée dans le DAB n’est pas du même établissement que le distributeur (sauf cas d’accord entre votre banque et la banque espagnole).
Enfin, ce nouvel euro permettra de développer l’accès aux personnes non-bancarisées ou qui ne détiennent pas de smartphone.
La création de moyens de paiement répondant à tous les besoins
Les espèces souffrent d’une diminution de leur utilisation , malgré leur première position en Europe en nombre de transactions. De nombreux pays restent très attachés au cash (comme l’Italie, l’Espagne ou la Slovénie), qui a entre autres comme intérêt d’être facile à utiliser, sans frais et anonyme.
Cependant, les espèces sont peu commodes pour les grosses transactions, s’usent, peuvent être contrefaites, volées…, et ne permettent pas de suivre l’ensemble des transactions mensuelles. Les jeunes générations ont donc tendance à privilégier d’autres moyens de paiement. Les espèces sont également chères à produire et à distribuer pour les autorités.
Comment fonctionnera l’euro numérique en pratique ?
Les grandes lignes du fonctionnement de ce nouveau moyen de paiement sont déjà connues :
- Auprès de votre banque ou d’une autorité publique désignée, comme un bureau de poste, vous pourrez créer votre portefeuille pour stocker vos euros numériques.
- Une fois que votre portefeuille est créé, vous pourrez l’alimenter soit avec des espèces, soit depuis un compte bancaire en faisant un virement.
- À l’aide du moyen de paiement que vous auriez décidé pour stocker votre portefeuille numérique, téléphone, carte… vous pourrez utiliser vos euros numériques.
Il est important de mentionner que pour des questions de stabilités financière, la détention d’euro numérique sur un portefeuille sera restreinte dans un premier temps par un plafond. Ce plafond n’est pas encore connu.
L’implantation plus technique de ce moyen de paiement n’est pas déterminée, et toujours en réflexion, entre l’utilisation ou non de systèmes décentralisés, comme la blockchain.