Prise dans son ensemble, l’évolution économique de la zone euro au printemps 2011 est relativement favorable : Le PIB a augmenté de 0,8 % au 1er trimestre. 2 % sont prévus sur l’ensemble de l’année. L’investissement des entreprises semble repartir.
Le déficit public reculerait nettement, passant de 6 % en 2010 à 4,3 % en 2011 et la croissance de la dette publique ralentit sensiblement passant de 85,4 % du PIB à 87,7 % en 2011. La prolongation de ces tendances en 2012 conduirait à une quasi stabilisation en dessous des 90 %.
Des situations nationales contrastées
Derrière des résultats globaux favorables, les différences nationales sont fortes. L’Allemagne, la Finlande ou les Pays Bas affichent des taux de croissance supérieurs à 2 % et des déficits publics qui repassent en-dessous de 3 %. Ils ne rencontrent aucun problème pour trouver des financements à bas taux d’intérêt sur les marchés.
Par contre les résultats économiques des pays du Sud de la zone euro sont beaucoup moins favorables. A commencer par ceux de la Grèce avec, en 2011, la perspective d’une troisième année consécutive de diminution du PIB (-3 %), une stagnation des exportations qui ne prennent pas le relai de la baisse de la demande intérieure , un taux de chômage supérieur à 15 %, un déficit à 7,5 % du PIB malgré les coupes dans les dépenses et des recettes fiscales, censées combler le déficit, réduites par la récession. De ce fait, la dette a mécaniquement gonflé et dépasse 150 % du PIB en 2011.
Le scepticisme des investisseurs sur la capacité de la Grèce à faire face à ses engagements se réinstalle dès le début mars 2011 lorsque l’agence de notation financière Moody’s ouvre un nouveau cycle de dégradation de la dette grecque.
À nouveau la Grèce ne peut plus se financer sur les marchés. Dès lors il faut un nouveau plan de sauvetage. La Grèce est sommée de mettre en place un nouveau plan de super austérité et de privatisations massives cependant que le délai de remboursement du 1er prêt de 110 milliards d’€ est allongé de 3 ans et ½ à 7 ans et ½. Mais cela ne suffit pas. Le gouvernement grec chiffre à 110 milliards d’€ le nouveau plan de sauvetage dont elle a besoin. Les dirigeants européens peinent à se mettre d’accord sur les modalités et le contenu de ce plan.
Un point d’achoppement majeur tient au fait de savoir si ce plan doit ou non réduire la dette grecque, s’il doit se traduire par une participation des investisseurs privés, voire par un défaut de paiement de l’État grec. La Banque Centrale européenne s’y oppose craignant que cela n’entraine une nouvelle crise bancaire en Europe. (voir article suivant).
La contagion
Les difficultés à mettre en place un nouveau plan de sauvetage de la Grèce entraîne, par contagion, des réticences des investisseurs vis-à-vis de la dette publique de l’Italie, sommée de mettre en place en urgence un nouveau programme de réduction des dépenses publiques de 80 milliards sur 2 ans, de l’Espagne ainsi que du Portugal dont l’agence de notation Moody’s dégrade la note en juin 2011 malgré le plan de sauvetage récemment mis en place.
Le ressort de la contagion est simple, explique l’économiste Anton Brender : « Pourquoi dégrader le Portugal au moment précis où les autorités européennes cherchent justement le moyen d’éviter un défaut grec ? Parce que les perspectives de progression des exportations étant faibles et l’endettement des agents privés déjà élevé, l’austérité fiscale va, au Portugal comme en Grèce, asphyxier la croissance. Or, sans retour de la croissance, le pays n’a aucune chance de se financer à des taux soutenables sur les marchés. La seule issue pour lui sera alors de demander une aide supplémentaire à l’Europe, aide qui, comme pour la Grèce, risque d’être assortie d’une participation des investisseurs privés. En dégradant la note du Portugal, Moody’s vient simplement de prévenir les détenteurs d’obligations portugaises qu’ils ont de bonnes chances d’être appelés demain à aider « volontairement » le Portugal à se financer » (Les Échos, 19 juillet 2011).
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