Peut-on éviter la restructuration de la dette grecque ?

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Cet article et l’ensemble de ceux composant ce dossier ont été rédigés au moment de la crise de la zone euro. Ils doivent être considérés en se plaçant dans le contexte de l’époque.

Ce décryptage a été rédigé à l’époque du pic de la crise de la dette publique grecque. Il permet d’analyser les événements tels qu’ils ont été vécus sur le moment. 

La Grèce a adopté à la fin du mois de juin 2011 un nouveau plan qui prévoit 28,4 milliards d’euros d’économies budgétaires et 50 milliards d’euros de privatisations d’ici 2015.

Les bailleurs de fonds en avaient fait le préalable au déblocage de la dernière tranche de l’aide financière prévue en avril 2010. Mais cela ne suffit pas pour couvrir les besoins de financement de la dette des trois prochaines années, alors que l’État grec ne peut plus en pratique se financer sur les marchés compte tenu des taux exigés par les investisseurs. Les besoins sont estimés à 80 milliards d’euros et même à 110 milliards par le gouvernement grec.

Mais, même en supposant qu’un prêt lui soit accordé avec un faible taux d’intérêt (par exemple en étant fourni par le Fonds européen de stabilité), la Grèce n’arrivera sans doute pas à faire face à ses engagements.

L’État grec n’arrivera pas à redevenir solvable. Pourquoi ?

La dette grecque représente actuellement 160 % du PIB. Selon les économistes de la banque centrale européenne (cf le journal économique allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung cité par Eurointelligence 15 juillet 2011), la Grèce pourra ramener ce taux à 127 % en 2020 si la croissance est de 2 à 3 % par an et si elle obtient un excédent budgétaire avant paiement des intérêts sur la dette (ce qu’on appelle le solde budgétaire primaire) de 6 % chaque année.

Le problème est que la croissance de la Grèce est actuellement fortement négative (- 5 % prévu en 2011) et ne parait pas devoir revenir dans le cadre du plan d’austérité.

Selon l’économiste Patrick Artus, « la politique budgétaire est si restrictive que l’emploi recule de 5 % en un an ; la hausse du chômage fait baisser le pouvoir d’achat des salaires par tête (de 10 % en un an !) : le pouvoir d’achat de l’ensemble des salaires versés a reculé de 15 % (= 5+10) en un an : l’économie grecque est entraînée dans une spirale dépressive où elle ne peut pas améliorer ses finances publiques, faute de croissance ».

A quoi il faut ajouter que la Grèce ne peut pas miser sur une dévaluation de sa monnaie (l’Euro) pour rendre ses exportations plus compétitives.

Conclusion : aider un pays à se financer à des taux d’intérêt faibles ne suffit pas à restaurer la solvabilité si la croissance ne suit pas.

Deux solutions

Restent alors deux solutions non exclusives l’une de l’autre :

Éviter la spirale déflationniste

Essayer d’éviter que la réduction de déficit demandée n’entraîne un enfoncement de la croissance actuelle et future. « Il serait plus intelligent, analyse Patrick Artus, de demander aux Grecs de ramener leur déficit à 3 % en 2021 et non en 2013 ou 20 ».

Mais cela veut dire également, du moins au départ, des besoins financiers plus élevés (le déficit affiché à financer serait dans cette hypothèse plus élevé mais plus réaliste que celui de la réduction à marche forcée) (source Natixis Flash Economie 19 juillet 2011).

Pour l’économiste américain Barry Eichengreen (dont les travaux ont notamment porté sur le rôle joué par l’étalon or pendant la dépression des années 1930), « la stratégie actuelle, qui revient à tenter d’extraire du sang d’une pierre, ne fonctionne pas. Il est temps que l’Union Européenne présente un plan Marshall pour la Grèce. Plutôt que d’alourdir d’emprunts supplémentaires le poids déjà insoutenable de la dette du pays, l’UE devrait proposer un programme d’aide étrangère sur plusieurs années. Le gouvernement grec et les donateurs décideraient ensemble des projets à financer. Ces derniers pourraient consister en de nouvelles usines de production d’énergie solaire ou éolienne, de manière à ce que la Grèce devienne leader dans l’exportation d’énergie, ou la réhabilitation des ports pour renforcer sa plateforme commerciale en direction de l’est méditerranéen. L’expertise et l’aide étrangères pourraient être utilisées pour moderniser les systèmes d’enregistrement foncier et de perception de l’impôt. Les fonds pourraient être utilisés pour recapitaliser les banques et soulager un peu la dette… pour financer le soutien du gouvernement envers les chômeurs, les indigents, et les plus âgés, principales victimes de la crise financière » (source site Project syndicate 13 juillet 2011).

Restructurer la dette grecque

Diminuer la dette par sa restructuration afin d’alléger la charge financière liée à l’endettement.

Mais cette solution, quelles que soient ses modalités, présente des risques considérables.

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