« Crise financière : le pire est-il passé ? »

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Cet article et l’ensemble de ceux composant ce dossier consacré à la crise des subprimes ont été rédigés entre 2008 et 2010. Ils doivent être considérés en se plaçant dans le contexte de l’époque.

 

Sur la plupart des places financières les indices représentatifs du cours des actions (CAC 40 et SBF 120 à Paris ; Dax à Francfort ; NYSE et NASDAQ à New York, FTSE à Londres) ont connu une hausse de 10 % environ entre la mi mars et le début du mois d’avril. Depuis ils se sont stabilisés à des niveaux légèrement inférieurs.

La crise financière a-t-elle touché le fond ?

Oui répond Patrick Artus, Directeur des Études économiques chez Natixis interrogé par Challenges (numéro du 3 avril 2008) : « Le pire est passé. C’est fini ». Selon lui, la raison principale en est l’action des institutions financières américaines : « Par leurs interventions elles ont fourni un prix plancher aux actifs qui dégringolaient. Nous sommes en train de sortir de la psychose du trou sans fond ».

En clair, la Banque centrale américaine ne se contente plus s’injecter des liquidités. Alliée à l’État fédéral, elle change de méthode et se rapproche de ce qui a été fait en France lors de la crise du Crédit Lyonnais en mettant en place des structures de reprise des crédits pourris, comme par exemple dans le cas du rachat par JP Morgan de la Banque Bear Stearns.

Du coup les banques comme la banque suisse UBS ou la banque américaine Lehman Brother‘s qui doivent lever des fonds pour compenser leurs pertes retrouvent des investisseurs qui acceptent d’acheter les titres qu’elles émettent.

Cette opinion est partagée par un certains nombre d’experts dans d’autres pays. Le Financial Times du 8 avril titre « Les experts commencent à voir de la lumière au bout du tunnel ». Larry Summers ancien secrétaire d’État au Trésor considère qu’« il n’est pas déraisonnable d’espérer que au moins aux USA la crise financière va s’atténuer ». Richard Berner, économiste en chef américain de Morgan Stanley « les événements de la mi-mars marquent vraisemblablement un point culminant dans la tourmente financière ». Les acteurs financiers, explique le FT, sont maintenant davantage convaincus que les institutions financières agiront de nouveau comme elles ont su le faire en cas de besoin.

Le même avis est exprimé par le financier George Soros ( cité par Le Monde du 10 avril 2008): « la crainte que le système financier ne s’écroule n’a plus lieu d’être depuis le sauvetage de Bear Stearns et la capacité de se défendre qu’a démontré Lehman Brothers ». Bref comme l’écrit Pascal Auber (La tribune 8 avril 2008) « les mauvaises nouvelles sans être exclues seront moins déstabilisantes ».

D’autres experts sont plus circonspects

En France, Michel Aglietta, conseiller scientifique du CEPII et de Groupama AM considère (les Echos 8 avril 2008) que « la crise financière empire ». Selon lui « trois cercles vicieux se renforcent mutuellement… Le manque de liquidités recherchées pour couvrir les risques de crédits fait baisser le prix des actifs. La baisse de la valeur des actifs réduit la dépense et donc les revenus faisant entrer les États-Unis en récession…. La décélération des revenus va faire baisser les profits des entreprises provoquant une faiblesse des bourses qui va faire baisser le prix des actifs ».

Aux Etats-Unis, Paul Volker, ancien Président de la Banque centrale dans les années 80, cité sur Bloomberg.com, le 9 avril 2008, considère pour sa part que la reprise par la Banque Centrale des Etats-Unis du portefeuille d’actifs de la banque Bear Stearns pour 30 milliards de $ se situe « à l’extrême limite » de son pouvoir légal.

Au niveau international, le FMI a publié le 8 avril son édition d’avril du Rapport sur la stabilité financière dans le Monde qu’il établit deux fois par an. Ce rapport a fait un peu l’effet d’une douche froide. Il chiffre à 945 milliards de $ le coût de la crise pour le système financier mondial, dont plus de la moitié (565 milliards) pour les banques.

C’est plus que ce que les banques ont comptabilisé jusqu’ici dans leurs comptes et il faudra s’attendre à l’affichage de nouveaux coûts de leur part. Le FMI ne considère pas que la situation soit déjà normalisée. Il a dressé la « carte de la stabilité financière » ) qui montre que « les risques globaux pesant sur la stabilité financière ont augmenté nettement depuis octobre 2007 ».

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