Le pari que prend un investisseur sur l’avenir dépend de la capacité de la société dans laquelle il a investi à générer des profits. Les profits réalisés permettent en effet de distribuer des dividendes aux actionnaires et, pour la partie non distribuée, d’accroître le niveau des capitaux propres, ce qui augmente la valeur de l’entreprise.
Les profits jouent donc un rôle important dans la valorisation du cours de bourse. Toutefois, une hausse (ou une baisse) des profits ne s’accompagne pas toujours d’une hausse (ou d’une baisse) du cours de l’action. En fait, ce qui est déterminant dans l’évolution des cours de bourse, ce sont les perspectives de profits à court/moyen terme.
Les profits jouent en théorie un rôle important dans la détermination du cours d’une action
Il existe généralement une relation positive entre les profits réalisés par une entreprise et la valeur de son titre en Bourse si elle est cotée. Ainsi, parmi les diverses techniques de valorisation d’une entreprise cotée, celles qui sont les plus couramment utilisées par les analystes boursiers font une place centrale aux profits.
On en distingue trois méthodes de valorisation des actions : l’actif net, le PER et la valeur actualisée des dividendes futurs.
L’actif net
Il s’agit d’une mesure « comptable » de la valeur d’une entreprise qui se détermine par différence entre l’ensemble des actifs et l’ensemble des dettes, ce qui comptablement correspond peu ou prou aux capitaux propres définis comme la somme du capital social, des réserves, des provisions réglementées, des subventions, du report à nouveau et du résultat de l’exercice.
De fait, hormis les augmentations de capital qui restent peu fréquentes, seuls les bénéfices non distribués permettent à l’actif net de progresser.
L’actif net est souvent utilisé pour déterminer la valeur de l’entreprise et la comparer à sa valorisation boursière, ce qui permet de juger de l’existence d’une éventuelle « décote » plus ou moins excessive du titre qui pourrait justifier un achat de l’action.
Ainsi, les bénéfices non distribués aux actionnaires accroissent l’actif net de l’entreprise et donc la valeur de celle-ci, ce qui devrait influencer positivement son cours en bourse.
Le Price earning ratio ou PER
Le ratio cours/bénéfice, connu sous son terme anglo-saxon « price earning ratio » ou « PER » est souvent utilisé par les analystes pour déterminer si une entreprise est correctement valorisée en bourse.
Le multiple du PER peut en effet être comparé à celui des autres entreprises exerçant leurs activités dans des secteurs identiques. Un PER inférieur à la moyenne observée sur les autres entreprises similaires cotées en bourse sera le signe qu’un titre est relativement peu cher et donc attractif.
Par construction, une hausse (une baisse) du bénéfice se traduit, toutes choses égales par ailleurs, par une baisse (un hausse) du PER qui à son tour incite à acheter (vendre) l’action : le lien entre bénéfice et cours boursier est ici clairement et directement établi.
Le PER se calcule en rapportant le cours de l’action au bénéfice net par action du dernier exercice clos.
Pour Renault, le PER calculé au 24/06/2019 est de : 55,62 € (cours de l’action) / 10,88 € (bénéfice net par action estimé en 2019) = 5,11
Pour le groupe PSA (Peugeot Citroën), le PER calculé au 24/06/2019 est de : 21,55 € (cours de l’action) / 3,62 € (bénéfice net par action estimé en 2019) = 5,95
La valeur actualisée des dividendes futurs anticipés
Les dividendes futurs anticipés dépendent eux-mêmes des profits futurs anticipés.
Il s’agit de déterminer le montant des profits que l’entreprise dégagera de son activité au cours des années à venir, d’en déduire le montant futur des dividendes versés et d’actualiser ces dividendes futurs (c’est à dire les exprimer en euros d’aujourd’hui) puis de les comparer à la valorisation du titre en bourse.
Si ce dernier est inférieur au montant des profits futurs actualisés, le titre est considéré comme sous-évalué en bourse et constituera une bonne opportunité d’achat. Dès lors, les achats de titres de la société entraîneront le cours de l’action à la hausse.
Le lien entre profits et cours de bourse n’est pas systématique
Il est toutefois fréquent de constater que cours de bourse et profits ne varient pas dans le même sens, comme le montre le graphique représentant la variation comparée des profits réalisés par les entreprises du CAC 40 et de l’indice CAC 40 entre 2010 et 2018.
NB : la variation du CAC 40 est calculée comme la variation en pourcentage de l’indice entre le 1er janvier et le 31 décembre de chaque année.
Cette absence de corrélation entre évolution des profits et des cours boursiers se vérifie aussi si on prend en compte la variation des cours boursiers au cours des périodes pré et post publication des bénéfices réalisés sur l’exercice précédent, c’est à dire durant le premier trimestre de chaque année.
En effet, si on cherche à mesurer l’impact de la publication des résultats sur le cours de bourse, il faut comparer la période qui précède cette publication avec celle qui la suit.
Or, pour la quasi-totalité des entreprises du CAC 40, la publication des résultats de l’année N s’effectue au cours du premier trimestre de l’année N+1 (par exemple les résultats de l’année 2018 ont été publiés par les entreprises du CAC 40 dans le courant du premier trimestre 2019).
NB : la variation du CAC 40 est calculée comme la variation en pourcentage de l’indice entre le 1er janvier et le 31 mars de chaque année.
La raison de ce « découplage » entre évolution des profits et évolution des cours boursiers tient pour partie au fait que ces derniers sont en fait influencés par plusieurs facteurs et que les profits ne constituent qu’un élément parmi d’autres.
Une étude conduite sur le marché boursier français sur longue période montre ainsi que si les variations des profits ont une influence significative sur les fluctuations de l’indice représentatif des actions, elles n’en expliquent que moins de la moitié.
Selon l’auteur, la majeure partie des fluctuations boursières est en effet expliquée par des éléments non fondamentaux (c’est à dire non liés aux caractéristiques des entreprises), comme des mouvements de taux d’intérêt, des tensions géopolitiques ou encore des « chocs » affectant l’économie dans son ensemble (crise pétrolière, faillites bancaires, …).
Les perspectives de profit restent l’élément clé de la détermination des cours des actions
Ces conclusions ne remettent toutefois pas en cause la pertinence des outils utilisés par les analystes pour déterminer la valeur « intrinsèque » d’une entreprise cotée. Il convient en effet de considérer que les éléments non fondamentaux sont en fait des évènements qui par leurs effets vont influencer les profits à venir des entreprises.
Par exemple, une hausse des taux d’intérêt aura un impact négatif sur l’activité économique ce qui pèsera sur les résultats des entreprises. Logiquement, l’appréciation des analystes boursiers sur les profits futurs en sera affectée négativement et les cours des actions s’orienteront à la baisse.
Les cours boursiers reflètent à un instant donné le consensus des analystes sur les perspectives à court/moyen terme des profits des entreprises. Ce consensus est lui-même le produit du traitement de deux types de données :
- les données concernant chaque entreprise cotée, ce que l’on désigne par « analyse fondamentale ». De fait, les profits de l’exercice en cours des entreprises cotées sont dans une très large mesure déjà anticipés par les analystes et sont de ce fait « intégrés » dans les cours. C’est la raison pour laquelle le cours des actions ne réagit généralement pas ou peu à la publication des résultats. A l’inverse, les cours boursiers peuvent être impactés, à la hausse ou à la baisse, par la communication des entreprises sur leurs perspectives de bénéfices pour l’exercice à venir ou sur leur stratégie à moyen terme ;
- les informations concernant l’environnement économique et politique national et/ou international.
Aussi, à chaque instant le cours des actions est susceptible d’évoluer en fonction de données nouvelles communiquées par les entreprises elles-mêmes sur leurs perspectives à court/moyen terme ou en réaction à des informations relatives au climat économique ou politique global dans la mesure où celles-ci peuvent avoir un impact sur les bénéfices futurs des entreprises.
La communication prospective des sociétés cotées est particulièrement suivie par les marchés financiers. Une étude publiée en 2015 et portant sur le comportement du marché français entre 2000 et 2010, montre que le fait pour une entreprise cotée de ne pas atteindre les objectifs ou les prévisions préalablement annoncés se traduit par une sanction moyenne de 18 % sur son cours de bourse dans les jours qui suivent l’avertissement sur les résultats négatifs (« profit warning »).
Bonjour,
Après avoir beaucoup chercher sur internet et dans des revues, enfin une définition simple de ce qu’il faut savoir. Je vous remercie pour cette explication concise et nette des éléments de base pour investir en bourse.