En 2022, les festivals organisés en France ont connu des fortunes diverses. Pour certains, la répercussion des jauges covid, des annulations de dernière minute et des intempéries ont empêché les événements de se tenir dans les meilleures conditions… tandis que d’autres ont attiré de très nombreux artistes et festivaliers.
En mai 2023, le Centre national de la musique (CNM) a publié une étude intitulée « Les festivals de musiques actuelles en France en 2022 ». Elle présente les principales caractéristiques financières de 68 festivals de toutes ampleurs et de tous genres musicaux. Les données utilisées pour cette étude ont été recueillies dans le cadre du suivi des demandes de soutien accordées par le CNM et proviennent directement des déclarations des organisateurs.
Le CNM propose des aides au financement aux festivals :
- dont le budget est supérieur ou égal à 80 000 euros ;
- dont la billetterie est en partie ou totalement payante ;
- et qui proposent au moins une dizaine de groupes ou entités artistiques dans leur programmation.
Ainsi, le panel de l’étude n’est pas exhaustif : il laisse notamment de côté les « petits » festivals et ceux ne recevant pas de subventions publiques.
Quel est le budget d’un festival ?
Le budget d’un festival dépend principalement de l’esthétique de l’événement et de son ampleur. Ces derniers sont généralement liés. Les plus gros festivals, par leur budget particulièrement élevé, tirent fortement les moyennes des budgets vers le haut.
En 2022, le budget total moyen des festivals interrogés par le CNM s’élevait à 1 487 000 euros. Le budget médian n’était, dans le même temps, que de 742 869 euros, signe de l’impact sur la moyenne des plus gros festivals.
Comment se répartissent les coûts d’un festival ?
Ces coûts d’un festival comprennent :
- les charges artistiques, qui comprennent majoritairement la rémunération des artistes et des techniciens liés à l’artistique ainsi que les contrats de cession ;
- les coûts liés aux installations techniques, à la location des lieux, à la logistique de l’événement et à la sécurité ;
- les frais liés aux campagnes de communication du festival ;
- et des coûts divers, comme les taxes.
La répartition de ces charges diffère en fonction de l’esthétique musicale du festival. Hormis dans le cas des festivals de chanson, ce sont les charges liées à la technique, à la logistique et à la sécurité qui représentent le poste de dépenses le plus important : 45 % en moyenne. C’est d’autant plus vrai pour les festivals de musiques électroniques et amplifiées et de musiques actuelles sans distinction dont la part du budget dédiée aux coûts techniques, logistiques et de sécurité atteint respectivement 50 et 47 %. Cela peut s’expliquer par le nombre plus important de festivaliers attendus dans ce type d’événement, et par l’utilisation plus systématique de sites à aménager plutôt que de lieux naturellement adaptés.
A contrario, les festivals de chanson consacrent une part plus importante de leur budget à l’artistique : 36 %. Cela peut s’expliquer par des contrats de cession plus importants proportionnellement à la taille de l’événement.
Toutes catégories confondues, le part moyenne consacrée à la rémunération des artistes n’est que de 30 %.
D’où proviennent les recettes d’un festival ?
Là encore, les produits d’un festival sont répartis différemment en fonction de l’esthétique, du lieu et de la catégorie de budget de l’événement. On compte :
- les recettes de billetterie, des bars, des points de restauration, des concessions et autres ;
- les apports en numéraire des partenaires ;
- les contributions des organismes professionnels ;
- et les soutiens financiers européens, de l’État, des collectivités territoriales et du CNM.
En moyenne, les festivals de musiques traditionnelles, de musiques du monde et de Jazz et musiques improvisées sont plus dépendants des subventions publiques et privées, qui constituent une part supérieure ou égale à 50 % de leurs produits.
Inversement, les événements de musiques amplifiées et électroniques et de musiques actuelles sans distinction comptent particulièrement sur leurs recettes propres (respectivement à hauteur de 70 et 62 %).
Les festivals n’imposent parfois pas les mêmes tarifs à tous les festivaliers : ils peuvent proposer des prix moins élevés en fonction de l’âge ou de la situation sociale des individus, et même donner accès à des billets gratuits sous certaines conditions ! En fonction de la politique de l’événement, la structure de ses recettes propres pourra donc fortement varier.
En 2022, le prix moyen d’un billet était de 32 euros et le nombre moyen de places payantes s’élevait à 16 638 par festival.
De plus, en moyenne, les événements aux budgets les plus faibles reçoivent plus de subventions de la part d’organismes publics et professionnels que ceux aux budgets les plus élevés, proportionnellement à la taille de leur budget.
Les retombées économiques des festivals
Les festivals ne rapportent pas seulement aux organisateurs : les régions qui les accueillent peuvent profiter de retombées économiques et touristiques. En générant de l’activité, les festivals favorisent l’emploi à court et long terme. Ils mobilisent une activité saisonnière lors de l’événement et durant sa préparation, et surtout s’ils sont annuels, renforcent l’attractivité du lieu.
Les festivaliers dépensent également en dehors de l’achat de leur billet, en consommant dans le festival ou alentour. Les secteurs les plus impactés sont généralement l’hôtellerie et la restauration. Cela contribue à dynamiser la région où se tient l’événement.
Par exemple, en 2021, le cabinet d’études GECE a analysé les retombées économiques de 12 festivals sur la région Provence-Alpes-Côte d’Azur. Pour le Cooksound Festival, l’étude indique qu’un euro de subvention locale injecté dans le festival produit en retour 9,30 euros dans le tissu local.
Commenter