Dé-mêler le modèle économique des clubs professionnels de rugby

la finance pour tous

Quel est le modèle économique des clubs de rugby professionnels en France ? Quelles sont leurs principales ressources ? Quel poids le salaire des joueurs pèse-t-il dans les comptes des clubs professionnels français ? Ces derniers sont-ils rentables ? Voici quelques-unes des questions auxquelles nous répondons dans cet article.

Les principales ressources viennent des partenariats et versements de la Ligue nationale

Selon le rapport annuel 2023 de la Commission de contrôle des championnats professionnels, le produit d’exploitation de l’ensemble des clubs professionnels a atteint 515 millions d’euros sur l’exercice 2021-2022. Ce montant est, sans surprise, en forte progression par rapport aux années Covid, mais est également plus élevé de 7 % par rapport à 2018-2019, dernier exercice non impacté par la pandémie.

Les partenariats constituent le premier poste de recettes des clubs, avec 233,3 millions d’euros, soit 45 % de l’ensemble des produits d’exploitation. Ce poste intègre l’ensemble des recettes liées au sponsoring.

Les versements de la Ligue nationale de rugby (LNR) représentent, quant à eux, 105,1 millions d’euros, soit 20 % du total. Ils se composent des sommes versées au titre des droits de diffusion télévisuelle, ainsi que des dispositifs de soutien à la formation et d’indemnisation liée à la mise à disposition des joueurs internationaux. Les versements de la Ligue ont sensiblement augmenté (+ 6 % par rapport à 2018-2019), en raison notamment d’une revalorisation des droits TV.

Le troisième poste de recettes, la billetterie, est en légère diminution par rapport aux années d’avant pandémie, en raison de l’instauration de jauges sanitaires dans les stades en janvier 2022 : 55,6 millions d’euros, contre 57,8 millions d’euros lors de la saison 2018-2019.

Les subventions reçues, les transferts de charges (c’est-à-dire le dispositif d’activité partielle dont l’accès a été autorisé par l’État sous condition au
regard de la crise sanitaire), la vente de produits dérivés (merchandising) et les autres produits complètent les recettes des clubs professionnels de rugby.

Produits d’exploitations cumulés des clubs professionnels de rugby

Les droits TV des matchs de la première division sont 5,8 fois plus faibles pour le rugby que pour le football. Ils atteignent, en effet, 454,4 millions d’euros pour les quatre prochaines saisons pour le ballon ovale, contre 663 millions d’euros par saison pour le ballon rond.

 

La masse salariale, première charge des clubs professionnels

Les charges d’exploitation des clubs professionnels de rugby se sont élevées à 542,4 millions d’euros en 2021-2022. Parmi elles, c’est la masse salariale qui pèse le plus lourd : 241,3 millions d’euros, soit près de 44 % du total. La masse salariale a progressé de près de 12 millions par rapport à l’exercice 2018-2019, malgré l’existence du salary cap. Ce dernier ne porte, en effet, que sur la rémunération des joueurs et ne concerne donc pas les autres employés des clubs. De plus, s’agissant d’un maximum, il n’est pas nécessairement atteint par les clubs.

La rémunération des joueurs de rugby fortement encadrée

À l’instar des ligues nord-américaines de basket-ball (NBA) et de hockey sur glace (NHL), la Ligue nationale de rugby a instauré lors de la saison 2010-2011 un plafond salarial. Ce dernier, souvent désigné sous sa traduction anglaise salary cap, fixe une limite à la rémunération totale de l’ensemble des joueurs d’une équipe, comprenant les salaires bruts, mais également les primes versées, les droits à l’image, etc.

Les éventuels sponsors personnels et primes versées par les fédérations à la suite de matchs internationaux ne sont, cependant, pas inclus dans ce salary cap. La fixation d’un plafond salarial vise à assurer une plus grande équité entre les différents clubs et à rendre le championnat plus intéressant en raison d’une plus grande homogénéité entre les équipes.

Le salary cap est actuellement fixé à 10,7 millions d’euros par an par la Ligue nationale de rugby. À titre de comparaison, cela représente environ 6 fois moins que le salaire du seul Lionel Messi.

Les services extérieurs, regroupant notamment les dépenses de location (bâtiment et matériels), les frais d’honoraires et les frais de déplacement, et les charges sociales constituent les deuxième et troisième postes de dépenses des clubs. Ils représentent respectivement 108 (soit 20 % de l’ensemble des charges) et 67 millions d’euros (12 %).

Au total, la Ligue nationale de rugby note que l’ensemble des clubs professionnels affiche un déficit d’exploitation de près de 28 millions d’euros. Au sein du TOP 14, seuls 6 clubs affichent un résultat d’exploitation positif.

Compte de résultat cumulé des clubs professionnels de rugby

0 commentaire

Commenter