Prix du pétrole : une demande tirée par les besoins de transport des pays émergents
La demande de pétrole provient actuellement pour deux tiers des besoins de carburant (camions, voitures), et pour la production électrique.
Cela n’a pas toujours été le cas : avant les chocs pétroliers des années 1970, les besoins d’électricité, de chauffage et de l’industrie représentaient plus de 50 % de la demande de pétrole.
Puis progressivement, le charbon, le gaz naturel et le nucléaire, moins chers et/ou offrant plus d’indépendance énergétique, se sont substitués au pétrole pour ces débouchés. Ils sont aujourd’hui complétés par les énergies renouvelables.
Les pays occidentaux étaient la principale source de la demande mondiale de pétrole jusqu’à l’émergence économique de nombreux pays en développement, en particulier la Chine et l’Inde, dans les années 2000.
Aujourd’hui, la croissance de la demande de pétrole est tirée uniquement par l’expansion de ces pays qui s’industrialisent, s’urbanisent et dont les revenus des classes moyennes atteignent des niveaux leur permettant d’acquérir une voiture.
En revanche, les pays occidentaux aux économies davantage tournées vers les services et disposant d’une plus grande efficacité énergétique connaissent un recul de la demande de pétrole. On parle de diminution de l’intensité énergétique.
À l’avenir, la demande de pétrole devrait continuer d’être tirée par les pays émergents dont la consommation par habitant est encore éloignée de celle des pays occidentaux.
En 2023, la quantité de pétrole consommée chaque jour par habitant en équivalent kilowattheure s’élevait à 29 296 kWh pour les États-Unis, 11 858 kWh pour la France contre 6 376 kWh pour la Chine.
Des ressources pétrolières très concentrées
La production de pétrole dans le monde apparait, de prime abord, bien répartie. Les États-Unis, l’Arabie saoudite et la Russie sont les trois principaux producteurs avec respectivement 18,355,6 %, 11,793,1 % et 12,013 % de la production mondiale.
Comme la plupart des pays riches en ressources d’hydrocarbures ne consomment pas autant qu’ils produisent, ils peuvent exporter massivement leur production. Ce n’est pas le cas d’un pays comme les États-Unis, par exemple : premier producteur de pétrole brut, il est également le premier consommateur mondial de pétrole.
La dépendance mondiale vis-à-vis du pétrole produit au Moyen-Orient s’est accrue ces dix dernières années avec l’émergence de la Chine devenue en 2015 le premier importateur mondial.
La force de ces pays provient également de coûts de production extrêmement bas parce que les gisements sont gigantesques et faciles à exploiter, car situés à terre (onshore) et non en mer (offshore). Cet avantage compétitif leur permet de supporter des prix bas pendant plusieurs années si nécessaire. L’essentiel de ces pays exportateurs à bas coût (à l’exception du Venezuela) se sont réunis dans le cartel de l’OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole).
Quand la concurrence devient trop importante, ils peuvent mettre davantage de barils sur le marché pour faire chuter les prix et regagner des parts de marché. Une fois la concurrence éliminée, ils peuvent réduire leur production pour faire remonter les prix. C’est ce qui s’est passé entre 2014 et 2016 pour contrer l’expansion de la production de pétrole de schiste américain.
En utilisant une nouvelle technique de forage (fracturation hydraulique), les États-Unis ont pu extraire des ressources de pétrole inaccessibles auparavant (schiste de pétrole). Ils sont ainsi devenus moins dépendants des importations du Moyen-Orient. Mais cette nouvelle technologie a créé de nombreuses polémiques sur ses conséquences écologiques.
Fluctuation du prix du baril
L’évolution du prix du pétrole dépend donc essentiellement de ces deux paramètres d’offre et de demande qui se répondent comme dans une partie de ping-pong.
Exemple avec les différents « contre-chocs » pétroliers
Depuis les années 1970, il y a eu quatre « contre-chocs » pétroliers : en 1985-1986, en 1997-1998, en 2008 et en 2020 (dans des circonstances certes très particulières).
À chaque fois, les prix du pétrole sont repartis à la hausse après une ou deux années de stabilité à des niveaux bas. Les raisons de cette reprise des cours du pétrole tiennent à la conjugaison de deux éléments déterminants :
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Du côté de l’offre, la chute des cours du pétrole décourage les investissements dans les infrastructures, car elle réduit leur rentabilité. Il s’ensuit une réduction des capacités de production qui finit par peser sur le nombre de barils mis sur le marché.
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Du côté de la demande, la chute des cours du pétrole renchérit le prix relatif des énergies alternatives et atténue la nécessité de réduction de la consommation dans les pays importateurs. Il s’ensuit une remontée de la demande de pétrole.
Les deux éléments combinés, baisse de l’offre et hausse de la demande, finissent par provoquer une remontée du prix du pétrole.
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