Grâce aux nouveaux moyens de stockage et de traitement de la masse de données dont nous disposons aujourd’hui, de nombreux acteurs économiques les utilisent à plusieurs fins (ciblage, perception des risques, etc.).
Le Big Data au service des entreprises
Toutes ces données disponibles, notamment pour les entreprises, peuvent s’avérer très utiles pour améliorer leur compétitivité ou leur productivité.
Ceci est possible surtout grâce à la technique marketing de la « personnalisation en temps réel ». Ainsi, lors d’une recherche sur internet, les navigateurs web utilisent les cookies (petits fichiers qui permettent aux sites web de conserver les données relatives à leurs utilisateurs) pour proposer auxdits utilisateurs des publicités correspondant à leurs préférences en tant que consommateurs.
Amazon a aussi su profiter du Big Data pour améliorer ses services et sa compétitivité sur le marché. Le leader mondial du e-commerce l’utilise dans un but prédictif. En effet, grâce à des technologies très avancées d’analyse des données massives dont dispose Amazon, l’entreprise est désormais capable de prédire correctement le prochain acte d’achat de chacun de ses clients, et donc de préparer l’expédition des marchandises en amont de la commande !
Le pouvoir de ces multinationales grandit avec le Big Data. Google, Facebook, Amazon et Apple détiennent actuellement près de 80 % des données personnelles au niveau mondial. Ces sociétés ont donc aujourd’hui le pouvoir de contrôler les données disponibles ainsi que d’en tirer profit en les vendant à d’autres entreprises. C’est ce que l’on appelle la data monetization (monétisation des données). D’autres pratiques de partage de données sont utilisées tel que le data sharing qui permet à des acteurs de s’allier en partageant leurs données dans le but d’offrir aux clients des services plus adaptés à leur profil.
L’exploitation de ces données massives s’effectue, de plus en plus souvent, grâce à l’intelligence artificielle et au recours à des algorithmes, ce qui n’est, en outre, pas sans soulever des questions éthiques.
La transformation du marché de l’emploi
Les entreprises qui utilisent de plus en plus les technologies pour profiter de l’ère du Big Data sont nombreuses. C’est ainsi qu’elles contribuent à la création de nouveaux emplois souvent très qualifiés comme les « Data scientists » ou les « Data analysts », ainsi qu’à la transformation de certains emplois déjà existants tels que le consulting qui utilise de plus en plus des données et des moyens de traitement de données pour apporter des solutions optimales aux entreprises.
L’essor des intelligences artificielles génératives est aussi un moyen pour les géants de la tech d’exploiter de manière encore plus complète le big data. En effet, ce type d’IA est capable, une fois entraîné, de traiter de très grande quantité d’information et d’en tirer des conclusions détaillées. De plus, la capacité générative est capable de produire des rapports complets et non pas seulement des rapports statistiques.
Cela, rend l’exploitation du Big Data plus rapide et accessible à tous. Cette technologie va donc surement rendre l’exploitation des données accessibles même aux plus petites entreprises, changeant au passage la manière dont elles opèrent.
Le Big Data au service des gouvernements
Enquêtes criminelles, défense, élections, etc… le Big Data est, depuis sa naissance, utilisé par les pouvoirs publics.
Concernant la sécurité, nous pouvons donner l’exemple de la ville de Memphis aux États-Unis qui utilise le supercalculateur Blue Crush. Ce dernier collecte et analyse toutes les données sur la criminalité de la ville et permet ainsi de prévoir où et quand les crimes seraient susceptibles d’être commis au sein de cette ville.
Le Big Data a fait cependant ses preuves davantage dans le domaine politique. En 2012, grâce à des données personnelles massives issues de Facebook et de Google, ainsi qu’au savoir-faire de ces sociétés américaines, l’État américain sous la présidence d’Obama, lance un fonds de recherche sur le Big Data subventionné à hauteur de 200 millions de dollars. In fine, il a été révélé que ces recherches ont permis de cibler les potentiels et nouveaux électeurs d’Obama pour ainsi le faire réélire une seconde fois. On parlait alors du « Big Data President ».
Le Big Data au service de la finance, de la banque, et de l’assurance
Il est estimé que le gain tiré de l’utilisation du Big Data par les banques et les institutions financières représenterait 10 % de revenus annuels supplémentaires.
Dans le domaine de l’assurance, le Big Data a déjà pris sa place. Grâce à toutes les données qu’elles possèdent aujourd’hui, les compagnies d’assurance peuvent désormais mieux percevoir le risque de chacun de leurs clients et donc adapter leurs offres.
C’est ce que l’on appelle le principe « pay as you ». Cette méthode utilisant le Big Data est par exemple utilisée par Direct Assurance, filiale d’AXA. Cette société propose à ses clients dans le cadre de son offre « you drive », d’installer une Drive Box dans leur voiture ce qui permet de collecter des données sur le comportement de conduite, qui seront par la suite analysées et synthétisées en scores de conduite mensuels, permettant in fine de déterminer le montant de la facture du mois suivant. Ce dispositif incite fortement les conducteurs à adopter une conduite responsable afin de réduire le montant de leur prime d’assurance. C’est ainsi une assurance plus adaptée et plus juste qui est proposée.
Le Big Data peut aussi s’avérer très utile dans la finance. En effet, la multitude de données disponibles permet une meilleure connaissance du marché en termes de risques et d’opportunités tout en prenant en compte des éléments politiques, sociaux, ou économiques. Cependant, en finance, c’est essentiellement le temps qui constitue un élément majeur lorsqu’il s’agit d’investir sur les marchés financiers. Grâce au Big Data, a été développé le « trading à haute fréquence » permettant de passer plusieurs centaines d’ordres d’achat et/ou de vente en quelques secondes, voire en millisecondes, tout en optimisant la prise en compte des risques. Cela permet d’acheter pour revendre dans un laps de temps suffisamment court pour éviter une évolution potentiellement négative du marché durant l’opération. On peut donc affirmer que le Big Data a permis de révolutionner le secteur financier.
Enfin, les banques traditionnelles sont elles aussi confrontées au Big Data. Le développement des services en ligne leur offre une meilleure connaissance de leurs clients, ce qui induit un changement dans la relation de la banque avec ses clients.
Par ailleurs, le Big Data permet aux banques de lutter contre la fraude. Elles sont désormais capables de surveiller l’intégralité des transactions par carte bancaire et d’être alertées lorsqu’un utilisateur réalise un paiement inhabituel (notamment en termes de montant).
Le Big Data sous surveillance
Si le Big Data parait très utile pour divers secteurs de l’économie, il peut s’avérer problématique lorsqu’il s’agit pour les gouvernements ou les entreprises d’utiliser des données personnelles, notamment en provenance d’utilisateurs des réseaux sociaux.
À ce sujet, en juin 2013 a éclaté le scandale Prism (programme d’espionnage informatique de la NSA, National Security Agency des États-Unis) révélé par Edward Snowden, employé de la NSA. En effet, la NSA disposait d’un accès direct à des données personnelles hébergées par les géants américains des nouvelles technologies tels que Google, Facebook, Microsoft, etc. De plus, cette pratique était accompagnée d’espionnage au sein de plusieurs ambassades aux États-Unis de pays alliés tels que la France, l’Italie ou la Grèce.
La surveillance était particulièrement importante en Allemagne, où la NSA avait réussi à scruter chaque mois un demi milliard d’appels téléphoniques, d’emails et de SMS.
Ces pratiques ont été dénoncées par la société civile mais aussi par les gouvernements visés par l’espionnage, créant des tensions diplomatiques.
En France, la CNIL (Commission nationale de l’informatique et des libertés) est l’autorité de contrôle en matière de protection des données personnelles. Son objectif est de permettre aux citoyens d’utiliser les nouvelles technologies tout en protégeant leurs données personnelles.
Cependant, le contrôle de la CNIL ne suffit pas à lui seul : il faut protéger les internautes des excès du phénomène Big Data en prônant une connexion plus responsable. Étant donné la taille du Big Data, la sécurité doit s’accompagner inévitablement de la responsabilisation des individus sur les données qu’ils délivrent sur les réseaux sociaux.
Le Big Data responsable d’une pollution importante
Selon l’Agence internationale de l’énergie, les data centers (centres de stockage des données) représenteraient à eux seuls, entre 1 et 1,5 % de la consommation mondiale d’électricité. Or, le Big Data étant en perpétuelle croissance, cette consommation électrique et la pollution associée suivent le même chemin.
En effet, selon une étude du Guardian en 2024, les émissions de gaz à effet de serre d’Apple, Microsoft, Meta, Google et Amazon seraient 7,62 fois supérieures aux rapports officiels produits par ces sociétés. Cette étude montre que tout est souvent affaire de communication et de manière de compter. Chacun des géants du Big Data veut apparaître comme le plus engagé pour la planète, même si cela revient à omettre certains éléments non négligeables.
Certes, il n’est pas évident d’allier le développement massif des data centers nécessaires pour le Big Data et les IA avec les objectifs de développement durable. En effet, ceux-ci consomment beaucoup d’électricité pour être alimentés et surtout, refroidis. Il n’en reste pas moins que des alternatives existent pour limiter au mieux l’impact environnemental de ce secteur. Les options peuvent être de localiser les data centers dans des pays froids pour profiter d’un refroidissement naturel, de les alimenter directement via des éoliennes, panneaux photovoltaïques et autres productions « vertes » d’énergie.
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