Avant de regarder les avantages et les risques, il faut noter la place prépondérante du marketing au sein d’une campagne de financement par ICO. Bien que Facebook vienne d’interdire les publicités en lien avec les ICOs, de nombreux autres canaux de communication restent possibles pour qu’une startup atteigne ses investisseurs : Twitter, Reddit, Youtube, Telegram, Discord… Elle doit donc mettre en place une campagne de publicité parfois colossale afin de « faire parler d’elle » et attirer toujours plus d’investisseurs dans l’ICO, et ce, quel que soit son projet.
Pour se faire connaitre, la startup a également la possibilité de réaliser un « Airdrop » (en français : parachutage) afin de se faire connaître. La startup distribue alors gratuitement ses jetons à des investisseurs potentiels afin d’attirer plus de capitaux et de lever plus de fonds lors de son ICO. Certaines startups demandent de partager une publication, d’aimer une page Facebook ou même de retweeter sur Twitter en échange de ces jetons gratuits lors du Airdrop.
Avantages d’une levée de fonds par ICO
Se financer par ICO apporte plusieurs avantages à une startup par rapport aux modes de financement conventionnels :
Rapidité et facilité d’une levée de fond par ICO
Lorsqu’une startup lance son ICO, elle peut fixer un « cap » c’est-à-dire un plafond à atteindre (par exemple 10 millions de dollars) et/ou une date limite (par exemple : 3 mois). Ainsi, la mise en place d’une ICO et l’arrivée de fonds peut être beaucoup plus rapide qu’un financement par capital risque ou par introduction en bourse pour lesquelles plusieurs intermédiaires doivent analyser le projet, le business plan, le marché ou encore la solidité financière. Si le projet plait plus que prévu à la communauté, il est possible que l’ICO permette de lever des montants parfois astronomiques en très peu de temps. L’ICO a donc l’avantage de la rapidité et de la facilité.
Ce fut le cas de l’ICO de « Brave » fin mai 2017 avec son jeton nommé « BAT », pour « Basic Attention Token ». Le navigateur web créé par le cofondateur de Mozilla a réussi à lever 35 millions de dollars en seulement 30 secondes !
Avec un montant plus important, ce fut le cas de Filecoin en août 2017, un réseau de stockage crypté, qui a dû suspendre son ICO après avoir récolté 186 millions de dollars en seulement une heure.
ICO : sans frontières et faible coût
Les ICOs ont également l’avantage de pouvoir atteindre un public international, au-delà des frontières d’un pays. Il est ainsi possible de récolter des fonds aux quatre coins de la planète, le nombre de pays différents pouvant parfois dépasser la centaine ! Le coût de lancement est souvent plus faible puisque l’ICO permet de contourner les longs et coûteux processus de levées de fonds conventionnelles. En France, on estime que lever des fonds en passant par une levée de fonds traditionnelle coûte environ 500 000 €, sans compter le temps et l’énergie passés à constituer un dossier volumineux. Pour une ICO, un avocat expert peut suffire. En revanche, ce n’est pas totalement gratuit, de nombreuses charges sont à prévoir comme pour les sites internet, les serveurs ou encore la campagne marketing.
ICO : pas de dilution
L’ICO apporte un avantage remarquable puisqu’elle permet d’éviter le phénomène de dilution du capital de l’entreprise au profit d’investisseurs externes. Il ne sera donc pas question de donner des parts de l’entreprise aux investisseurs comme le fait une action, ni pouvoir de décision, de gestion et de stratégie à ces derniers. Cela permet de laisser intact le pouvoir de décision des administrateurs de la startup.
Liquidité, gains et ouverture
De l’autre côté de la balance, les investisseurs obtiendront des jetons, actifs très liquides sur la plupart des plateformes d’échange, qu’ils pourront échanger ou conserver, selon leur optique de gains et d’horizon de temps. Les gains peuvent être aussi décuplés, les marchés des crypto-monnaies étant très volatils, les variations journalières ne sont pas comparables aux marchés des actions par exemple, et peuvent atteindre des dizaines, voire des centaines, de pourcents en quelques jours. Il n’est pas rare de voir le prix d’un jeton être multiplié par deux ou trois lors de son entrée sur les plateformes d’échange !
Enfin, un avantage commun aux investisseurs et aux entrepreneurs est l’ouverture des ICOs à tout le monde. Investir dans une ICO ne demande pas d’accréditations particulières pour les investisseurs, il suffit d’avoir un portefeuille virtuel validé et d’accéder au site de l’ICO. Notons qu’il est néanmoins possible que tous les pays n’aient pas accès à toutes les ICOs, cela dépend des politiques en vigueur et de la réglementation de chaque pays.
La promulgation de la loi PACTE ne permet plus à « tout le monde » d’avoir accès aux ICOs. L’Autorité des marchés financiers (AMF) propose à présent un visa optionnel pour les ICOs pour une meilleure protection des investisseurs. Ainsi, même sans visa, les ICOs sont toujours légales en France, bien qu’elles « ne pourront pas démarcher le grand public ».
Inconvénients et risques liés au financement par ICO
Risques d’arnaques
L’univers des ICOs, et de façon générale, des crypto-monnaies, est encore très peu régulé aujourd’hui et fait donc l’objet de nombreuses controverses à cause des « scams », autrement dit des arnaques qui se sont multipliées. Faire une ICO est relativement simple mais il est tout aussi aisé pour l’entreprise d’encaisser les sommes récoltées et de ne plus donner aucun signe de vie, on appelle alors cela un « exit scam ». L’un des plus spectaculaires est daté d’avril 2018 lorsque l’entreprise vietnamienne Modern Tech a disparu après avoir levé 660 millions de dollars lors de son ICO pour le Pincoin Token.
Sélectivité
Les ICOs ne sont finalement pas ouvertes à toutes les entreprises. Certes, une infinité de secteurs est concernée mais seuls les projets nécessitant ou étant fondé sur la blockchain peuvent bénéficier d’ICO. Cependant, certaines entreprises déjà bien ancrées dans leur secteur, voire cotées en bourse, se lancent dans une ICO afin de proposer de nouveaux services basés sur la blockchain.
Kodak, un des leaders de la photographie depuis la fin du XIXe siècle, a lancé sa plateforme « KodakOne » basée sur la blockchain en 2018. Elle vise à protéger les droits d’auteurs et les photographies tout en étant financée par une ICO.
Volatilité et perte
Par définition, une fois que les jetons sont émis et vendus aux investisseurs, ils peuvent être échangés sur les plateformes d’échange en ligne (qui ressemblent de plus en plus à de réelles places de marché), leur prix dépend alors de l’offre et de la demande. Ainsi, du côté des investisseurs, la forte volatilité des cours provoquée par une importante liquidité des actifs peut être un frein à l’investissement à moyen ou long terme. La spéculation et le trading à court terme peuvent engendrés des gains rapides mais substantiels. De plus, les cours n’étant actuellement pas régulés, ils font régulièrement l’objet de manipulations par des groupes d’individus possédant des fonds importants, et pouvant influer sur le marché en passant des ordres pour des montants considérables, ce qui accélère les pertes (mais aussi les gains) chez les différents acteurs des marchés.
Près d’une ICO sur deux se solde par un échec.
Réglementation juridique
Le flou juridique actuel renforce le climat crypto-sceptique du grand public, les investisseurs ne sachant pas quel statut juridique donner aux crypto-actifs qui ne sont pas considérés comme des « monnaies » aux yeux de la loi mais comme des actifs incorporels, ni exactement à quel taux les profits seront imposés (les profits étant désormais taxés selon trois régimes possibles : de biens meubles, BIC ou BNC).
C’est d’ailleurs pour cette raison que l’AMF se propose à présent d’encadrer un minimum les ICOs avec la création d’un visa optionnel pour les ICOs. Elle supervisera également, toujours optionnellement, les « prestataires de services sur actifs numériques » (PSAN) qui le souhaiteront. Enfin, une « liste noire » des ICOs et des PSAN ne respectant pas les réglementations pourra être disponible sur le site Internet de l’AMF.
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