Le cadre réglementaire du financement participatif

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La finance participative est, en raison de son activité, soumise à la réglementation bancaire et financière. Les plateformes sont tenues d’obtenir des statuts réglementés pour exercer leurs activités.

Quel que soit le modèle de financement et de services offerts par les plateformes de finance participative, celles-ci doivent respecter la réglementation et les obligations correspondant aux activités exercées : collecte de fonds, conservation et gestion de fonds, appel public à l’épargne, distribution de produits financiers…

Plateformes de crowdfunding reposant sur le modèle du don

Les plateformes de dons sont soumises, depuis le 1er mars 2017, à l’obligation d’immatriculation au registre unique des intermédiaires en assurance, banque et finance géré par l’Orias en tant qu’intermédiaire en financement participatif (IFP), statut créé par l’ordonnance du 30 mai 2014. En tant qu’IFP, les plateformes de dons doivent souscrire une assurance de responsabilité civile professionnelle. Le montant des garanties ne peut être inférieur à 100 000 € par sinistre et 200 000 € par année d’assurance.

Mais le statut d’IFP n’autorise pas la plateforme à recevoir des fonds. Pour recevoir des fonds de la part des donateurs, pour le compte des porteurs de projets, la plateforme de dons doit disposer d’agréments supplémentaires.

La plateforme de financement participatif, qui encaisse des fonds pour le compte de tiers dans le cadre des opérations de financement participatif, doit être agréée à minima en qualité d’établissement de paiement (EP) par l’ACPR ou être enregistrée en tant qu’agent de prestataire de services de paiement (APSP).

Si la plateforme fournit elle-même ces services de paiement, elle doit être agréée en tant qu’établissement de paiement. Cet agrément est délivré par l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR), autorité administrative indépendante adossée à la Banque de France, chargée de l’agrément et de la surveillance des établissements bancaires et d’assurance. Si la plateforme confie l’encaissement des fonds à un prestataire de services de paiement agréé, dans le cadre d’un partenariat, elle doit être agréée en qualité d’agent de services de paiement. Ce qui nécessite un enregistrement auprès de l’ACPR.

Les plateformes de dons bénéficient d’un assouplissement de la réglementation applicable aux établissements de paiement. Elles disposent d’un régime prudentiel allégé en matière de capital (de 40 000 euros minimum), lorsque le montant des opérations de paiement ne dépasse pas une moyenne de trois millions d’euros par mois (montant total moyen réalisé par l’établissement de paiement au cours des douze derniers mois).

En revanche, si la plateforme ne gère pas l’encaissement des fonds, en proposant uniquement un service de mise en relation des personnes qui versent un financement avec celles qui apportent un projet, elle n’est pas soumise à la réglementation d’intermédiaire financier. Lorsque son activité correspond à la fourniture d’un espace d’hébergement, celle-ci peut éventuellement relever du régime de la responsabilité des hébergeurs (article 6. I. 2 de la Loi pour la Confiance en l’Économie Numérique du 21 juin 2004).

Plateformes reposant sur le modèle du prêt (crédit participatif)

Les plateformes de prêt, avec ou sans intérêts, sont soumises à l’obligation d’être immatriculées au registre unique des intermédiaires en assurance, banque et finance géré par l’Orias en tant qu’intermédiaire en financement participatif (IFP), statut créé par l’ordonnance du 30 mai 2014. En tant qu’IFP, les plateformes de prêts doivent souscrire une assurance de responsabilité civile professionnelle. Le montant des garanties ne peut être inférieur à 250 000 € par sinistre et 500 000 € par année d’assurance.

Mais le statut d’IFP n’autorise pas la plateforme à recevoir des fonds. Pour recevoir des fonds de la part des prêteurs, pour le compte des porteurs de projets, la plateforme de prêts doit disposer d’agréments supplémentaires.

La plateforme de financement participatif, qui encaisse des fonds pour le compte de tiers dans le cadre des opérations de financement participatif, doit être agréée a minima en qualité d’établissement de paiement (EP) par l’ACPR (Autorité de contrôle prudentiel et de résolution) ou être enregistrée en tant qu’agent de prestataire de services de paiement (APSP).

Les plateformes de prêts bénéficient d’un assouplissement de la réglementation applicable aux établissements de paiement.

Elles disposent d’un régime prudentiel allégé en matière de capital (de 40 000 euros minimum), lorsque le montant des opérations de paiement ne dépasse pas une moyenne de trois millions d’euros par mois (montant total moyen réalisé par l’établissement de paiement au cours des douze derniers mois).

L’agrément d’établissement de paiement ou la qualité d’agent de prestataire de services de paiement n’est pas nécessaire pour la perception d’une rémunération par la plateforme, à titre d’intermédiaire (frais bancaires, commissions…).

Plateformes reposant sur le modèle de l’investissement en fonds propres

Les plateformes de financement participatif sous forme de souscription de titres financiers, doivent être immatriculées au registre unique des intermédiaires en assurance, banque et finance géré par l’Orias en tant que conseiller en investissements participatifs (CIP), statut créé par l’ordonnance du 30 mai 2014. Elles peuvent aussi choisir d’opter pour le statut de prestataire de services d’investissement (PSI) et être, dans ce cas, agréées par l’ ACPR.

Le statut de conseiller en investissements participatifs (CIP)

La plateforme de crowdfunding ayant le statut de CIP peut proposer, dans la limite de 8 millions d’euros, certains titres financiers, sans prospectus visé par l’AMF. Ce statut n’impose pas de capital minimum à la plateforme, mais celle-ci ne peut pas proposer ses services hors de France dans un pays membre de l’Espace économique européen (EEE).

Un agrément de prestataire de services d’investissement (PSI)

Les plateformes d’investissement en capital qui choisissent le statut de PSI peuvent fournir des services d’investissement au sein de l’Espace économique européen (EEE). Ce statut impose à la plateforme un capital minimum de 50 000 euros si elle ne reçoit ni fonds ni titres de la clientèle, de 125 000 euros dans le cas contraire. L’agrément en tant que PSI est délivré par l’ACPR après approbation par l’Autorité des marchés financiers (AMF) du programme d’activité du futur PSI. La liste des prestataires de services d’investissement est accessible sur le site de l’ACPR.

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Les minibons qui existaient depuis 2016 ont été supprimés. Il s’agissait de bons de caisse pouvant être émis par des sociétés de type SA ou SAS, ou encore par des sociétés à responsabilités limitées (SARL). Ses titres étaient émis par l’entreprise en échange d’un crédit qui lui était accordé avec un certain taux.

Dans leur guide du financement participatif à destination des plateformes et des porteurs de projets, l’ACPR et l’AMF rappellent que dans ce cas, la plateforme doit appliquer les « règles protectrices pour l’investisseur, notamment le test d’adéquation obligeant le prestataire de services d’investissement à ne conseiller un investissement qu’après s’être assuré qu’il correspondait effectivement aux besoins, objectifs, connaissances ou expérience et situation financière du client ».

Le formalisme des opérations d’offres au public de titres financiers

Lorsque la plateforme de financement participatif collecte des fonds auprès d’un large public, elle peut être soumise au formalisme applicable à « l’offre au public » qui nécessite, notamment, la publication d’un prospectus soumis au visa préalable de l’AMF. Pour éviter ce formalisme, l’opération d’investissement doit être qualifiée de « placement privé ». Ce qui est le cas, notamment, lorsque le nombre d’investisseurs pour un projet est inférieur à 150 personnes.

Depuis le 1er octobre 2014, les sociétés qui exercent une offre au public de titres financiers par l’intermédiaire de plateformes de financement participatif sous forme de titres financiers, bénéficient d’une procédure allégée. Pour chaque levée de fonds inférieure à un million d’euros (au lieu de 100 000 euros auparavant), aucun prospectus d’investissement n’est nécessaire. Une information simplifiée est suffisante (Ordonnance du 30 mai 2014 et son décret d’application du 16 septembre 2014).

Le nouveau statut européen de prestataire de services de financement participatif (PSFP)

Le règlement européen (UE 2020/1503) du 7 octobre 2020, complété par la directive européenne (UE 2020/1504), crée un statut unique européen de prestataire de services de financement participatif.

Avec le nouvel agrément européen, l’ECSP (European Crowdfunding Service Provider), accordé par l’autorité de contrôle de l’État membre dans laquelle elle est établie, la plateforme de financement participatif (de prêt rémunéré et/ou d’investissement) pourra proposer ses activités dans les différents pays européens, sous conditions.

Le règlement européen relatif aux prestataires de services de financement participatif est entré en vigueur le 10 novembre 2020, pour une mise en application le 10 novembre 2021. Les plateformes existantes ont jusqu’au 10 novembre 2023 pour obtenir le statut de prestataire européen de services de financement participatif (ce délai, initialement fixé au 10 novembre 2022, a été prolongé par la Commission européenne).

Le prestataire de services de financement participatif remplacera les statuts actuels de conseiller en investissement participatif (CIP) et d’intermédiaire en financement participatif (IFP). Sauf pour les plateformes de financement participatif sous forme de dons (ou de prêts sans intérêt) qui relèveront toujours du statut d’intermédiaire en financement participatif (IFP).

La réglementation européenne est transposée dans le droit français par l’ordonnance n°2021-738 du 9 juin 2021 portant transposition de la directive et du règlement européens du 7 octobre 2020, qui sera complétée par une seconde ordonnance révisant le cadre législatif national relatif au financement participatif.

    43 commentaires sur “Le cadre réglementaire du financement participatif”
    1. Bonjour,

      Vous indiquez que « i la plateforme ne gère pas l’encaissement des fonds, en proposant uniquement un service de mise en relation des personnes qui versent un financement avec celles qui apportent un projet, elle n’est pas soumise à la réglementation d’intermédiaire financier ». Sur quel(s) article de loi vous appuyez-vous pour ce point précisément ?

      Cordialement

      1. Bonjour,
        Le Code monétaire et financier prévoit que toute activité consistant à fournir des services de paiement est soumise à un agrément spécifique (articles L.314-1 et suivants, ainsi que L.523-1 et suivants du CMF). Toutefois, si une plateforme se limite à mettre en relation des porteurs de projets et des financeurs, sans jamais détenir ni transférer les fonds, elle ne réalise pas de service de paiement et n’est donc pas soumise à l’agrément requis pour les établissements de paiement ou leurs agents.
        Lorsque la plateforme propose des investissements en titres financiers, elle peut être soumise au statut de Conseiller en Investissements Participatifs (articles L.547-1 et suivants du CMF) et doit, dans ce cas, être immatriculée à l’ORIAS et contrôlée par l’AMF. Pour les plateformes organisant des financements sous forme de prêts ou de dons, le régime d’Intermédiaire en Financement Participatif (articles L.548-1 et suivants du CMF) s’applique, impliquant également une immatriculation à l’ORIAS.
        Par ailleurs, la plateforme peut être soumise à des obligations de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme (articles L.561-2 et suivants du CMF) si elle intervient dans des opérations financières à risque, ce qui implique des mesures de vigilance et, le cas échéant, des déclarations de soupçon.
        Meilleures salutations,
        L’équipe de Lafinancepourtous.

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