Entre 1959 et 2023, la consommation des Français a augmenté chaque année, sauf en 1993, 2012 et en 2020. De ce fait, le volume annuel de consommation par personne est maintenant quatre fois plus élevé qu’en 1960.
L’augmentation n’a pas été continuellement la même. Pendant les Trente Glorieuses, de l’après-guerre au premier choc pétrolier de 1973, l’augmentation annuelle moyenne de la consommation a été de 4,1 % au niveau individuel. Depuis, la croissance a été beaucoup moins dynamique à environ 1,9 % par an, ce qui représente néanmoins une multiplication par un peu plus de deux du volume de consommation depuis 1975. La croissance a encore ralenti avec le covid-19, n’atteignant pas les 1 %.
La progression globale recouvre de profonds changements dans la répartition du budget des ménages entre les différents postes de dépenses. Les statistiques de l’Insee montrent que les parts affectées à l’alimentation et à l’habillement se sont réduites, et que celles du logement, des transports, de la santé, de la communication et des loisirs ont augmenté.
À travers cette mutation, la consommation de services semble avoir pris le pas sur les dépenses de biens.
Les coefficients budgétaires en France
Un coefficient budgétaire est le rapport de la dépense consacrée à un poste ou à une catégorie de biens ou de services (par exemple l’alimentation, le logement…) à la dépense totale.
*solde territorial = dépenses des résidents à l’étranger – dépenses des non-résidents en France.
L’alimentation représentait 29 % du total du budget de consommation des ménages en 1960 et seulement 15,9 % en 2023.
L’évolution du coefficient budgétaire d’un poste dépend de l’évolution du volume de la consommation de ce poste ou de cette catégorie et de celle de son prix relatif.
La diminution de la part de l’alimentation dans le budget total de la consommation provient du fait que la consommation d’alimentation a moins augmenté en volume que les autres catégories de biens et de services.
Cela provient du fait que les besoins alimentaires des individus ne sont pas extensibles indéfiniment, même si la qualité de l’alimentation peut augmenter. Il est donc logique que, plus un pays s’enrichit, plus la part relative de l’alimentation dans la consommation totale diminue.
Consommation par poste de dépense : part de l’alimentation
La part en valeur des dépenses d’alimentation (y compris le tabac), est passée de 29 % du budget de consommation en 1960 à 15,9 % en 2023. Par habitant, le montant consacré à la dépense alimentaire a certes progressé, de 1 322 euros en 1960 à 3 456 euros en 2023 (en euros constants de 2014), mais cette hausse est plus faible que pour les autres postes de consommation.
La très nette hausse des niveaux de vie a permis de desserrer la contrainte des dépenses de première nécessité.
Les effets des inégalités sociales continuent de se faire sentir de différentes manières.
Le poids de l’alimentation est d’autant plus élevé que le niveau de vie des ménages est faible. Les 10 % des ménages qui ont le niveau de vie le plus faible consacrent une part bien plus importante à l’alimentation à domicile que pour les 10 % qui ont le niveau de vie le plus élevé. Depuis le début du siècle, si les écarts entre riches et pauvres augmentent à nouveau et l’alimentation est particulièrement touchée. Selon une étude du CREDOC en 2022,16 % de personnes déclaraient ne pas manger à leur faim. Une insécurité alimentaire en hausse depuis la période inflationniste post-covid-19.
Part des dépenses de logement
La part budgétaire consacrée au logement (y compris l’énergie et l’ameublement) a progressé sensiblement entre 1960 (24 %) et 1975 (30 %). Elle a, depuis, continué à très légèrement augmenter (31 % en 2023), mais cette plus faible progression traduit en réalité la croissance du nombre de ménages propriétaires : leur part dans le nombre total de ménages a augmenté tout particulièrement entre 1973 (45 %) et 1988 (54 %).
En effet, les nouveaux propriétaires, ne payant plus de loyers, ne font plus face aux mêmes dépenses de consommation de services de logement, mais à des dépenses d’autres natures (dépenses d’investissement-logement, remboursement d’emprunts).
Part des dépenses de transport
Le poids du poste des dépenses de transport dans le budget des ménages a progressé fortement entre 1960 (11 %) et 1990 (17 %), puis a baissé à 12,9 % en 2023.
L’essor de l’automobile est le principal facteur de la hausse initiale de la part des transports.
Le taux d’équipement des ménages en automobiles était de 30 % en 1960. En 2018, plus de 84 % des ménages possèdent au moins une voiture, et un tiers en possède deux ou plus.
Il en a résulté une part croissante des dépenses d’utilisation des véhicules personnels dans le budget des ménages à la fin des années 1990 et au début des années 2000. Cependant, la tendance est depuis 20 ans plutôt à une baisse de la consommation allouée au transport. Cela s’explique par le développement des transports en commun, les nouvelles générations qui sont moins enclines à posséder une voiture que leurs ainés. Avec 80 % de la population vivant en ville, tout cela prend sens.
La hausse du poids du transport dans le budget des ménages a été liée à la hausse des distances parcourues plus qu’à la hausse du prix du carburant relativement aux revenus. Par exemple, en 1973, une heure de travail au SMIC permettait d’acheter 3 litres d’essence. En 2018, la même heure de travail permettait d’acheter 6 litres d’essence.
Les volumes relatifs de consommation en transports collectifs sont en augmentation. Le transport aérien connait un dynamisme très important, suivi par le transport ferroviaire qui est de nouveau très plébiscité, en particulier par les plus jeunes.
Part des dépenses d’habillement
La part des dépenses d’habillement dans le budget des familles a baissé, de 8 % en 1960 à 3 % en 2023.
Ce tassement provient d’une moindre croissance en volume par rapport à celle du volume des dépenses totales de consommation.
Ce recul de la part budgétaire semble illustrer l’effet de la hausse du niveau de vie moyen sur la part des dépenses nécessaires : au-delà d’un certain seuil de revenu, le budget en habillement des ménages ne progresse pas dans les mêmes proportions que leur revenu. Il faut cependant nuancer ce jugement, la dépense d’habillement relevant moins de la nécessité, mais plus de la mode.
Autre point important, depuis plusieurs années déjà, la consommation de vêtements neufs est en net recul. La faillite de plusieurs marques de prêt-à-porter le prouve (Kookaï, Naf Naf, André, Kaporal, etc.). Les consommateurs privilégient de plus en plus la seconde main bien moins chère, ou la fast fashion qui défie toute concurrence en termes de prix, au prix des conditions de travail pour les ouvriers et des impacts écologiques.
Part des dépenses de santé
Les dépenses de santé prises en compte ici correspondent à la part directement supportée par les ménages.
Alors qu’en 2023, la santé représentait près de 9 à 10 % du PIB français, les dépenses de santé prises en charge directement par les ménages ne représentent que 3,8 % de leur budget. En effet, la plupart des dépenses de santé ne sont pas payées directement par les patients, mais sont prises en charge par la Sécurité sociale et les mutuelles.
Le poids de ces dépenses dans le budget des ménages a cependant quadruplé en 60 ans du fait de la croissance très rapide des dépenses globales de santé (liées entre autres au vieillissement de la population) et de la lente régression de la part des dépenses de santé prises en charge par la collectivité depuis le début du siècle.
Communication, loisirs et culture
Le poste regroupant les dépenses de communication, de loisirs et de culture est passé de 3 % du budget de consommation en 1960 à 10,5 % en 2023.
Dans cet ensemble, la consommation de communication est celle qui a augmenté le plus vite, notamment depuis le milieu de la décennie 1990 avec la téléphonie mobile et Internet. Ces produits et ces services sont rapidement devenus de plus en plus accessibles, et même indispensables.
Avec le logement, les services de communication constituent l’un des principaux facteurs du développement des dépenses « pré-engagées ».
Les dépenses contraintes
Les dépenses « pré-engagées », ou dépenses contraintes, sont les dépenses difficilement négociables à court terme, qui dépendent d’un contrat signé. Elles comprennent les dépenses de logement, les services de télécommunications, les services de télévision, les assurances et les services financiers (y compris les offres labellisées « sans engagement » par leurs fournisseurs sont comptabilisées comme des dépenses pré-engagées en comptabilité nationale).
Bonjour,
Pour un travail scolaire j’aurais besoin de connaitre le nom de ou des auteurs-trices de cet article. Serai-ce possible ? Si vous ne souhaitez pas afficher vôtre nom, pourriez-vous m’envoyer l’information par mail s’il vous plaît ?
PS: ce travail scolaire ne sera pas publié, je ne diffuserais pas votre/vos nom(s)
Bonne journée 🙂
Bonjour,
Nous signons tous nos articles de manière collective. Pour le citer, vous pouvez le faire de la façon suivante : La Finance pour tous (2021), Evolution de la consommation des ménages, 5 novembre 2021, https://www.lafinancepourtous.com/decryptages/finance-perso/revenus/consommation/evolution-consommation_menages/ [consulté le JJ/MM/AAAA].
Meilleures salutations,
L’Equipe de Lafinancepourtous.com
Bonjour,
Vous serait-il possible de publier, sous forme de « camenberts », la part des salaires dans le PIB depuis 1960 ?. Tous mes remerciements pour votre réponse.
Bonjour,
Vous trouverez ces données sur le site de l’INSEE :
– pour les années récentes : https://www.insee.fr/fr/statistiques/5758744?sommaire=5759063 (tableau 4)
– pour un aperçu global sur la période 1949-2008 : https://www.insee.fr/fr/statistiques/1376782?sommaire=1376788
Meilleures salutations,
L’Equipe de Lafinancepourtous.com
Bonjour,
le montant des dépenses alimentaires annuels (3195 € en 2019) est il bien par français ou par ménage ? Je trouve ce même montant dans plusieurs sources mais avec 2 version : par personne (comme vous) ou par ménage (sachant que la moyenne des ménages Fr est de 2,19 personnes en 2021).
Merci
Bonjour,
Il s’agit a priori bien d’une dépense par habitant.
Meilleures salutations,
L’Equipe de Lafinancepourtous.com
Bonjour, auriez vous un lien vers une ou des sources de l’INSEE pour cette donnée s’il vous plait ? :
« Entre 1959 et 2019, la consommation des Français a augmenté chaque année sauf en 1993 et en 2012. De ce fait, le volume annuel de consommation par personne est maintenant quatre fois plus élevé qu’en 1960. »
Et quand vous parlez de consommation, c’est la consommation de biens ? En volume unitaire ou monétaire ?
Je vous remercie d’avance !
Bonjour,
Nous utilisons ici les données de dépenses de consommation finale des ménages en volume. Elles sont disponibles sur le site de l’INSEE à l’adresse suivante : https://www.insee.fr/fr/outil-interactif/5367857/details/30_RPC/35_CEM/35A_Figure1
Meilleures salutations,
L’Equipe de Lafinancepourtous.com
Si vous ne couplez pas ça avec l’évolution corrélée des prix des produits ça ne veut rien dire, en particulier pour l’alimentation…
Bonjour,
La question de Marie-Louise portait sur une donnée en volume (en l’occurrence la dépense de consommation finale des ménages), ce qui explique notre réponse. Le calcul des coefficients budgétaires prend, par définition, en compte la dépense (et donc le prix) consacrée à un poste donné.
Meilleures salutations,
L’Equipe de Lafinancepourtous.com
En volume de quoi, de kg de patates et de steak ou en volume monétaire ? L’insee ne précise pas sa définition de volume.
Merci.
Bonjour,
Pour pouvoir ajouter des consommations de biens et services différents, il est nécessaire d’en exprimer le montant à l’aide d’une unité monétaire. Vous trouverez des précisions sur la distinction prix courants / prix constants (ou en valeur / en volume) sur la page suivante de l’INSEE : https://www.insee.fr/fr/metadonnees/definition/c1086
Meilleures salutations,
L’Equipe de Lafinancepourtous.com
Bonjour,
vous mentionnez
« Par habitant, le montant consacré à la dépense alimentaire a certes progressé, de 1 322 euros en 1960 à 3 195 euros en 2019 » il s agit de quelle période mensuelle ? . Par ailleurs le 17% semble très minoré pour les familles . Par exemple en serrant le budget alimentation nous arrivons à un budget de 1500euros par mois pour une famille de 6 personnes. Si cela représente 17% de nos dépenses nous devrions avoir un budget mensuel de 9000euros net ce qui n’est pas le cas . Si la restauration extérieure n’est pas pris en compte dans l’alimentation ça change effectivement le pourcentage. Sur la période de confinement du covid il serait intéressant de voir l’évolution de la part de l’ alimentation (compte-tenu du quasi arrêt de la restauration extérieure et collective) . Ce 17% ne représente pas du tout la réalité des frais alimentaires pour une famille lorsqu’on analyse simplement le coût des courses alimentaires. Même pour une personne célibataire au smic par exemple, le 17% veut dire qu’elle dépense environ 230euros par mois pour son alimentation. C’est très minoré pour l’Ile de France
Bonjour,
Il s’agit de données annuelles. Les coefficients budgétaires cités ici constituent des moyennes calculées par l’INSEE à partir de données agrégées portant sur l’ensemble des ménages résidents en France. Ces moyennes masquent, par définition, les nombreuses disparités que l’on retrouve entre les ménages, qu’elles portent, comme dans votre cas, sur le nombre de personnes composant le ménage ou encore sur le lieu d’habitation ou le niveau de vie de ce ménage. Nous vous confirmons par ailleurs que les dépenses effectuées par les ménages dans les hôtels, les cafés et les restaurants ne sont pas comptabilisées dans ce poste Alimentation.
Meilleures salutations,
L’Equipe de Lafinancepourtous.com
230 euros en Île de France c’est normal comme ailleurs…
tickets restau 5€/jour soit 110 euro pas mois
bouffe chez soi 30-40 euro/semaine
Bonjour
La part des depenses « Divers » augmente en 2019. Quelles sont les composantes de cete catégorie svp (si vous avez des informations à ce sujet) ? Merci
Bonjour,
La catégorie « Divers » intègre les dépenses liées à l’éducation (celles directement à la charge des ménages), aux hôtels, cafés et restaurants et à tous les autres biens et services n’entrant pas dans les autres postes cités dans le tableau.
Meilleures salutations,
L’Equipe de Lafinancepourtous.com
Bonjour,
Les données INSEE proposées dans notre article sont les plus récentes. Elles seront actualisées lors de la publication des prochaines études statistiques nationales.
Meilleures salutations
L’Equipe de Lafinancepourtous.com
Bjr,
les données que vous proposez ne sont plus utilisables, car trop anciennes. Cela est regrettable, car l’ensemble est bien fait.
Avez vous projet d’actualiser?
Cdt