La consommation en Europe

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En 2023, la consommation des ménages contribue à 52 % au PIB Européen. Au sein de l’Union Européenne, les divergences dans les modes de consommation sont très prononcées. Face à la hausse généralisée des prix depuis 2021, les modèles de consommation ont changé en Europe, forçant les ménages à recomposer leurs budgets et se priver.

Europe : des modes de consommation variables selon les pays

Le niveau de dépenses de consommation total au sein des 27 pays de l’Union Européenne a atteint 8 200 milliards d’euros en 2022. Certains pays contribuent pour une grande partie à ce montant, tels que l’Allemagne (21 %), la France (16 %), l’Italie (14 %) et l’Espagne (10 %).

On retrouve aussi de grandes disparités de ce que représentent les dépenses de consommation dans le PIB de chacun des pays membres. Alors qu’en Grèce, ces dépenses représentent près de trois quarts de l’activité économique du pays, ce chiffre n’atteint que les 29 % en Irlande, dont l’économie dépend fortement des investissements de ses entreprises.

La distribution des dépenses des ménages par catégories de consommation change aussi selon le pays. D’après les chiffres Eurostat de 2020, la part moyenne des dépenses totales consacrées au logement, eau et électricité est de 49 % en Hongrie, contre seulement 19 % en Estonie. La France se situe dans la moyenne des pays de l’UE, avec 29 %.

En outre, près d’un quart du budget des ménages est dédié à l’alimentation en Roumanie (28 %), Pologne (25 %), Bulgarie (25 %) et Lituanie (24 %), alors que ce chiffre reste sous la barre des 15 % en France (14 %), Autriche (12 %), Danemark (12 %) et Luxembourg (9 %).

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Des écarts existent aussi entre les dépenses moyennes consacrées aux transports, qui peuvent être expliqués par l’état des infrastructures routières, le développement des transports publics et la distance entre les centres économiques et les lieux de vie, qui sont des facteurs déterminants du coût des transports au sein d’un pays. La Bulgarie, la Roumanie et la Pologne sont d’ailleurs les pays dans lesquels les prix des transports sont les plus bas, et la part du budget leur étant consacré la plus basse également (autour de 7 %).

L’adaptation des consommateurs européens face à la hausse des prix

Face à une inflation montée en flèche par suite de la crise sanitaire de 2020, les Européens ont vu leur pouvoir d’achat baisser. Par conséquent, leurs modes de consommation ont dû s‘adapter, le plus souvent à la baisse. Au sein des 27 pays de l’Union Européenne, le taux d’inflation, qui était proches de 0 % début 2021, a atteint 11,5 % pendant l’été 2022. Bien que cette hausse ait été générale, son ampleur n’était pas la même dans tous les pays de l’Union.

Inflation en Europe

Parmi ces dix pays Européens, La France semble avoir le mieux géré la hausse des prix, qui n’ont augmenté que de 5,9 % au maximum, alors que la Belgique et la Pologne ont subi des taux d’inflation dépassant la barre des 10 %. Comme les salaires sont en grande partie restés stables, les consommateurs ont subi une chute de leur pouvoir d’achat. Face à la crise, les Européens ont donc dû adapter leur mode de consommation suivant leurs moyens financiers et volonté de prioriser un secteur de consommateur plutôt qu’un autre.

Consommation en Europe

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L’alimentation : source de renoncement pour les plus pauvres

L’alimentation fait partie des dépenses courantes des ménages ; elle pèse de plus en plus lourd sur les finances des Européens. D’après le baromètre CETELEM, la France se porte relativement bien quant à la hausse des prix de l’alimentation. Alors que 67 % des Français disent avoir subi une augmentation de leur budget alimentaire ce pourcentage atteint 74 % au Royaume-Uni, 71 % en Roumanie et 70 % en Belgique.

En règle générale, la crise a infligé une baisse de consommation à tous les niveaux de revenus, pourtant l’alimentation fait exception à cette règle. Alors que 46 % des ménages dont les revenus sont les plus faibles se sont serré la ceinture, c’est seulement le cas de 27 % des plus riches. Cet écart illustre que les contraintes budgétaires sont évaluées différemment suivant les moyens financiers des consommateurs.  

L’observation principale du baromètre CETELEM sur le sujet de la consommation alimentaire concerne la capacité des Européens à diminuer leur budget sans forcément se priver. Face à la hausse des prix, de nombreux consommateurs ont choisi de manger des aliments de moindre qualité plutôt que de diminuer la quantité de nourriture. De cette manière, de nombreux Européens arrivent à réduire leur budget alimentaire sans forcément moins s’alimenter

Néanmoins, 42 % des foyers les plus pauvres ont décidé de moins manger face à l’inflation grimpante, un chiffre qui illustre à quel point la situation est devenue compliquée pour certaines parties de la population européenne. Ce phénomène n’est pas unique à un seul pays : près de 40 % des Français et un tiers des Espagnols, Allemands et Britanniques disent moins manger que dans le passé. La baisse généralisée de consommation s’explique donc par des choix difficiles de la part des consommateurs Européens dans chaque pays.

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Des factures énergétiques de plus en plus lourdes

Par suite de l’invasion de l’Ukraine en 2021, les pays occidentaux ont mis en place des sanctions envers la Russie, ce qui a fait augmenter les factures énergétiques des Européens. Ces dernières ont surtout été ressenties au Royaume-Uni, en Roumanie et en France, ou près de trois quarts de la population a ressenti l’augmentation des factures. Le Portugal et l’Espagne sont les pays qui ont été les moins touchés grâce à l’exception qui leur a été accordée par l’Union Européenne. Cette dérogation leur a permis de fixer les tarifs qu’ils souhaitent pour le gaz et l’électricité, sans être contraints aux prix du marché européen de l’énergie. Seulement 53 et 56 % de leurs populations respectives relèvent une augmentation de leurs factures énergétiques.

Budget énergétique en Europe

De quelle catégorie de consommation les Européens se privent-ils en priorité ?

La part du budget que les ménages européens attribuent au transport a elle aussi du s’adapter aux nouvelles conditions économiques. 52 % des ménages européens disent avoir vu leur budget augmenter. L’importance des déplacements reste toutefois un pilier clé de la vie, car seulement 9 % des ménages sont prêts à réduire les dépenses de transport en premier lieu, contre 43 % pour les dépenses liées aux loisirs et 38 % envers les vacances. 41 % des foyers sont tout de même prêts à renoncer à certaines dépenses liées à la voiture, consommation de carburant et abonnement de transports s’il le faut, contre seulement 27 % pour le logement.  

Le baromètre CETELEM relève clairement que les dépenses contraintes liées à la santé, au logement et aux abonnements sont très peu impactées par la hausse des prix et la perte de pouvoir d’achat. Cela peut s’expliquer par le caractère indispensable de ces frais, et l’effet de blocage des prix effectué par certains gouvernements.

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Les frais que les ménages ont réduits pour ajuster leurs budgets au nouveau coût de la vie touchaient les loisirs, les vacances, l’habillement et l’équipement de la maison. Ces achats n’étant pas de première nécessité, ils sont les premiers à devoir être réduits pour faire place aux dépenses indispensable dans des budgets de plus en plus serrés.

Frustration entre envie et capacité d’achat en temps de crise

Alors que les consommateurs étaient prêts à fortement restreindre leurs dépenses liées aux loisirs, meubles et vacances par rapport à 2019, cette tendance s’est inversée en 2024. Sur la période 2019-2024, le nombre de personnes qui avaient des intentions d’achats de voyage et de loisirs a diminué de 1 %. Sur l’année 2024, 5 % de consommateurs additionnels prévoient d’augmenter ce poste de dépense dans les douze prochains mois. Ces chiffres suggèrent que la perception des Européens envers leurs finances serait en phase d’amélioration.

Pourtant, cette envie de retrouver les plaisirs du quotidien ne se matérialise pas tant dans les budgets des Européens. D’après le baromètre CETELEM, 62 % envisagent des renoncements au cours des 12 prochains mois pour les loisirs et les vacances. Ce chiffre reste élevé (41 et 37 %) pour les transports et l’alimentation.

L’ajustement de la consommation à la baisse du pouvoir d’achat au niveau européen reflète donc la nécessité des catégories d’achat et pas seulement les envies des consommateurs :

  • Les dépenses contraintes, étant pré-engagées ne peuvent pas diminuer immédiatement, et restent donc fixes, ou augmentent à la suite d’une hausse du taux d’inflation. À la suite de la hausse des prix, ce poste de consommation prend une place plus importante dans le budget des Français.
  • Les dépenses arbitrables, telles que l’alimentation et les transports sont nécessaires à notre survie, ne peuvent pas être réduites en quantité au-delà d’un certain niveau. Pour réduire cette catégorie, les consommateurs sont forcés à faire des achats de plus basse qualité.
  • Il arrive aussi de réduire les dépenses liées aux loisirs, qui ne sont pas de premières nécessités. Cette forte baisse entraîne cependant un fort ressenti de perte de pouvoir d’achat. Lors d’un période d’amélioration, les intentions d’achat de loisirs des consommateurs augmente rapidement, car c’est le poste qui est réduit en premier lieu en temps de crise.
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