“L’argent est source de conflit pour un couple sur deux” expliquent Emmanuelle Daviet et Marc Levy-Davilla dans leur livre « L’argent à tout prix ». « Probablement, disent-ils, parce qu’on n’en parle pas assez et qu’on laisse de côté des questions simples « qui paye quoi ?, qu’est-ce qu’on met dans le pot commun ? » ».
Mieux vaut donc en parler tôt et régulièrement et se mettre d’accord sur des volontés financières communes, au demeurant très variables selon les couples et les situations.
La gestion commune des ressources au travers notamment du compte bancaire commun (on dit un compte joint) semble avoir été la formule dominante des années 1980. Mais les femmes ont massivement, depuis plusieurs dizaines d’années, adopté le travail salarié, les situations des couples sont de plus en plus diversifiées et une nouvelle gestion plus indépendante prend de l’ampleur.
Comportement d’achat : des dépenses sexuées
Dans leur livre Sociologie de l’argent, Damien de Blic et Jeanne Lazarus expliquent qu’il s’agit de « la gestion indépendante des ressources où chaque membre du couple possède un compte personnel pour ses propres revenus et contribue également ou proportionnellement aux dépenses ». Et cela peut très bien se faire grâce à un compte joint qui s’ajoute aux comptes personnels. Mais des étapes importantes (la naissance d’un enfant, l’achat en commun d’un logement) renforcent la gestion conjointe.
La gestion indépendante ne signifie pas pour autant que les représentations des rôles sociaux de sexe ont disparu dans le ménage. Tout comme les tâches ménagères, les dépenses restent largement « sexuées ». Les sociologues font ainsi état d’une enquête approfondie qui montre que les femmes ont plutôt en charge les dépenses liées au foyer et aux enfants, tandis que les hommes gèrent le patrimoine et les dépenses exceptionnelles. L’étude a été faite en Angleterre, mais la situation n’apparaît pas sensiblement différente en France.
Les idées reçues sur les différences de consommation homme-femme
Cofidis et le CSA ont réalisé en 2017 une étude qui met à mal de nombreux clichés. Par exemple, 66 % des Français pensent que les femmes dépensent plus en shopping que les hommes, alors qu’elles dépensent chaque mois en moyenne 108 euros pour les vêtements, chaussures et cosmétiques, soit un montant équivalent à la moyenne nationale.
De la même façon, et toujours contrairement à une croyance solidement ancrée, les hommes ne dépensent pas plus que les femmes en voitures haut de gamme et en grosses cylindrées.
En revanche, le cliché selon lequel les hommes sont plus friands de nouveautés high-tech se vérifie puisqu’ils y consacrent un budget annuel moyen de 526 euros, contre 417 euros pour la moyenne de la population.
Les femmes désavantagées au quotidien
La taxe rose
La taxe rose fait référence au fait que, pour les produits qui existent dans des versions hommes et femmes, comme les cosmétiques ou les objets de soin personnel, la version pour femmes serait plus chère que celle pour hommes. L’objectif commercial est de profiter de la plus forte consommation de certains produits par le public féminin. Si les pouvoirs publics français ne reconnaissent pas l’existence d’une taxe rose, ce n’est pourtant pas ce que l’on peut constater en magasin.
Aux États-Unis, une loi existe pour interdire de telles pratiques et sanctionne lourdement les marques qui ne la respectent pas.
La théorie du pot de yaourt
Cette théorie de l’autrice Titiou Lecoq prend place au sein des finances des couples hétérosexuels et veut mettre en lumière la manière inégalitaire dont les dépenses sont effectuées au sein des ménages.
Elle part d’une observation statistique simple : dans un couple, l’homme est souvent celui qui gagne le plus, pourtant les dépenses du quotidien semblent partagées à 50/50. Cependant, lorsqu’il s’agit de plus grosses dépenses, comme pour une voiture ou une maison, c’est souvent l’homme qui paie le plus.
Cela aboutit à plusieurs conséquences :
Les femmes, pour compenser la moindre participation financière, adoptent souvent un travail à temps partiel pour s’occuper plus des tâches ménagères. Or cela ne fait qu’accentuer les différences de salaires. De plus, elles peuvent avoir tendance à acheter plus d’objets du quotidien comme des habits pour les enfants ou l’alimentaire et les fameux pots de yahourt.
Le problème survient en cas de divorce : l’homme garde souvent les biens auxquels il a apporté la principale participation financière. Quand bien même la femme touche des compensations financières, elle “ne gardera que les pots de yaourt”.
De plus, du fait de la différence de salaire, les hommes accusent moins une baisse de leur niveau vie que les femmes après la séparation. Malheureusement, souvent mal informées et conseillées, les femmes se retrouvent désavantagées et subissent un rapport de force inégalitaire au sein du couple. Un grand nombre de femmes n’osent parfois pas demander le divorce pour ces raisons, quand bien même elles subiraient des violences psychologiques, physiques et sexuelles, mettant leur vie en danger.
La solution proposée par Titiou Lecoq est d’inciter les femmes à participer le plus possible aux paiements des biens de patrimoine plutôt que de payer les courses. Car en cas de séparation, le patrimoine est ce qui compte le plus. C’est en cela que l’éducation financière est d’autant plus importante pour les femmes afin de réduire les inégalités entre les sexes.
Dans la pratique, les hommes achètent moins de vêtements pour plus cher en moyenne, même si certains (sous)-vêtements donnent l’impression que la garderobe de madame lui coûte un bras. C’est pourquoi en période de récession, les hommes achètent toujours « autant »… C’est juste parce que c’est difficile d’acheter moins que un ou deux objets par mois, ça devient zéro après. Mais faut pas le dire… Mort au patriarcat, et tout tout… Lol
Cet articles est très révélateur des inégalités hommes/femmes, non seulement face à l’argent mais face à sa gestion.