Salaires : une moyenne trompeuse
Le revenu salarial médian en France est, en 2021 selon l’INSEE (publication en 2024), de 19 834 euros par an, soit 1 653 euros mensuels. Le revenu salarial correspond à la somme de tous les salaires perçus par un individu au cours d’une année donnée, nets de toutes cotisations sociales. Il convient de préciser que nous ne raisonnons pas en équivalent temps plein (EQTP), ce qui veut dire que le temps partiel est intégré dans cette médiane et qu’il la diminue significativement.
Comme indiqué, ces chiffres sont des valeurs médianes. Cela signifie qu’une moitié des Français et des Françaises touchent moins de 1 653 euros mensuels, alors que l’autre moitié touche plus que ce même salaire mensuel. Le revenu salarial médian est souvent inférieur au revenu salarial moyen, d’une part, parce que les salariés très riches tirent fortement la moyenne vers le haut et, d’autre part, parce qu’une grande partie de la population qui gagne peu tire la médiane vers le bas.
Si la médiane nous informe indirectement que ces inégalités salariales existent, elle ne nous dit pas avec quels facteurs sont corrélées ces inégalités.
Des inégalités de salaire nombreuses en France
Les inégalités de salaire traversent un certain nombre de catégories sociales : le sexe, l’âge, la profession, le type d’emploi et le secteur sont autant de facteurs corrélés à de nettes différences de salaire.
Les différences salariales liées au genre
Les revenus salariaux féminins sont inférieurs de 21 % à ceux des hommes (qui sont supérieurs de 26 % à ceux des femmes).
Les inégalités de salaire entre les hommes et les femmes résultent du cumul de plusieurs inégalités.
Différence du temps de travail, une cause d’inégalité entre les hommes et les femmes
D’abord, les différences de temps de travail : les femmes sont quatre fois plus souvent en temps partiel que les hommes.
Quand on calcule en équivalent temps plein (EQTP), ce qui revient à pondérer la différence de temps de travail des emplois partiels et à faire comme si le salaire horaire obtenu était multiplié par des heures correspondant au temps complet, alors l’inégalité salariale entre hommes et femmes se réduit : les revenus salariaux des femmes sont alors inférieurs de 15 % à ceux des hommes (les hommes gagnent environ 17 % de plus que les femmes).
Cet écart diminue faiblement mais régulièrement depuis quelques années (les femmes gagnaient 20,1 % de moins que les hommes en 2009 et de 19,5 % de moins en 2011 selon l’INSEE). Cependant, les écarts restent toujours très significatifs.
Différence du statut de l’emploi des hommes et des femmes
Deuxième facteur, les différences de statut d’emploi : il y a plus d’hommes cadres que de femmes, de qualification et de secteur d’activité (il y a plus d’emplois féminins dans les secteurs relativement moins bien rémunérés à qualification équivalente, comme l’éducation).
Différence de rémunération entre les hommes et les femmes pour un même poste
Enfin, un troisième facteur correspond à la moindre rémunération des femmes pour un même poste occupé.
À secteur d’activité, âge, catégorie socioprofessionnelle et condition d’emploi égaux, les femmes gagnent toujours entre 4 % et 5 % de moins que les hommes, selon les calculs de l’Observatoire des inégalités. Cet écart est important, car il est le plus inégal. S’il est difficile pour les pouvoirs publics de faire en sorte que les femmes et les hommes occupent à parts égales chaque secteur d’activité, il ne devrait pourtant pas y avoir de différence de salaire à poste et temps de travail égal. Cela relève d’une discrimination salariale envers les femmes. Ces 4 à 5 % sont donc un écart pour lequel les femmes ne peuvent rien faire, car il existe à tous les niveaux de salaires et de position dans les entreprises.
Prenons un exemple chiffré sur un an pour se rendre compte des écarts :
- Une femme gagne 2 000 euros nets par mois, soit 24 000 euros par an
- Un homme qui gagne 2 000 euros + 5 % soit 2 000 + 100 = 2 100 euros mensuels, soit 25 200 euros annuels
- L’homme gagne donc 1 200 euros de plus que la femme sur une seule année
- (25 200 – 24 000 = 1 200 €)
Les différences salariales liées à l’âge
Les statistiques confirment les difficultés d’insertion professionnelle des jeunes. Il ne faut pas perdre de vue que les moins de 25 ans sont encore pour une bonne partie d’entre eux, en cours d’études. Leur emploi est alors massivement un travail d’appoint à temps partiel. Pour le reste, la principale raison expliquant ces différences réside dans l’expérience professionnelle et l’ancienneté dans l’entreprise, qui s’acquiert avec l’âge.
L’on note néanmoins qu’à partir de 54 ans, le revenu salarial moyen stagne, voire baisse légèrement. Le « pic » d’une carrière se fait donc en moyenne au début de la cinquantaine. Puis il régresse du fait des revenus de retraite qui sont plus faibles que pendant la période salariée.
Les différences salariales liées aux catégories socioprofessionnelles
Ces différences de revenu s’expliquent doublement : les écarts de qualification et de niveau d’étude d’une part ; le plus grand nombre de temps partiels pour les employés d’autre part.
Les différences de revenu salarial liées à la qualité de l’emploi (temps plein ou temps partiel)
La différence de rémunération est radicale entre ces deux types d’emploi. Cet écart déteint sur d’autres catégories, puisque les femmes, les jeunes, les salariés du secteur privé et les employés sont les plus nombreux à avoir des emplois à temps partiel.
L’inégalité de revenu salarial corrélée au niveau de diplôme
Le niveau de salaire est proportionnel au niveau de diplôme.
Il convient toutefois de noter que cette différence s’accentue dans les extrêmes : la différence de revenu salarial entre un « Bac +2 » et un diplôme supérieur est en moyenne de 948 euros par mois, ce qui est largement supérieur à la différence entre un diplôme de CAP ou BEP et un « Bac + 2 » (qui est de 741 euros en moyenne).
Depuis 2016, les augmentations de salaire ont été proportionnelles à haut niveau d’études, mais on remarque un décrochage entre les personnes ayant un niveau Bac ou inférieur et ceux qui ont au moins Bac+2. Cela signifie qu’il y a eu une croissance des salaires plus rapides chez les plus diplômés que chez les autres.
L’inégalité de revenu salarial entre secteur public et secteur privé
Cet écart de 172 euros de revenu salarial moyen en faveur des salariés du secteur public s’explique par la conjugaison de deux éléments :
- Une plus grande stabilité et une durée moyenne supérieure des emplois dans la fonction publique.
- La population des cadres dans la fonction publique (la catégorie A) représente près du tiers des effectifs, alors qu’elle ne concerne qu’un salarié sur six dans le secteur privé.
On note aussi dans cette catégorie une différence dans la croissance des salaires entre le privé et le public. Si l’écart était de 8,2 % en 2016, il était de 9,4 % en 2021. Cela pourrait être lié au salaire des fonctionnaires qui ont mieux suivi le l’inflation durant la pandémie de Covid-19 que dans le privé, ou bien à une meilleure protection dans l’emploi chez les fonctionnaires.
Bonjour
merci beaucoup pour votre article et vos graphiques. Je compte les utiliser dans un cours de maths avec des collégiens. Auriez vous par hasard fait les mêmes comparaisons (graphiques) avec les salaires médians ? Si oui je serais très intéressée . Cordialement
Bonjour,
Et merci pour vos encouragements ! Nous n’avons malheureusement pas réalisé de tels graphiques à partir des médianes, mais vous trouverez sur le site de l’INSEE les données le permettant (notamment ici : https://www.insee.fr/fr/statistiques/2381326#figure1_radio2).
Meilleures salutations,
L’Equipe de Lafinancepourtous.com
Bonjour,
Très intéressant, joli travail.
Ce serait pratique pour les lecteurs de mettre des liens vers les sources (quelles publications ou quels fichiers Insee et Dares, exactement ?) ou au moins des références précises.
Merci !
Bonjour,
Et merci pour vos encouragements ! La principale source utilisée ici – les données de l’INSEE sur les revenus salariaux – est mentionnée dans les liens disponibles au bas de l’article.
Meilleures salutations,
L’Equipe de Lafinancepourtous.com