Mauvaise perception du pouvoir d’achat par les consommateurs
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Parce que les indices de prix sont calculés à qualité constante. Or, pour beaucoup de produits que nous achetons, les prix ne baissent pas d’une année sur l’autre mais ils sont de meilleure qualité ou rendent plus de services. Il en est ainsi par exemple des téléphones mobiles, de la télé ou des voitures. Pour prendre en compte cet effet qualité, les statisticiens font comme si le prix baissait à qualité constante. Ceci a pour effet de minorer l’indice des prix d’environ 0,5 %.
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Un effet psychologique : on ressent toujours plus fortement les prix qui montent que ceux qui baissent surtout s’il s’agit de prix de biens que l’on achète fréquemment comme les produits alimentaires ou qui sont particulièrement sensibles comme le prix de l’essence, de l’électricité, du gaz ou des loyers. En effet, comme le montrent les études de l’économiste et psychologue Daniel Kahneman, les individus retiennent trois fois plus les mauvaises nouvelles que les bonnes.
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Certaines dépenses n’entrent pas dans l’indice des prix et pourtant elles peuvent peser sur le pouvoir d’achat. C’est le cas des intérêts et des remboursements d’emprunts.
En effet, les emprunts sont considérés comme des opérations financières et non comme une consommation. La variation des taux d’intérêt n’a donc pas d’impact direct sur l’indice des prix à la consommation.
En France, les taux d’emprunts sont majoritairement à taux fixe, la variation des taux d’intérêt n’a donc pas d’impact significatif sur l’évolution du pouvoir d’achat. Mais la renégociation d’un taux d’emprunt immobilier peut permettre un gain de pouvoir d’achat.
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L’indice des prix à la consommation reflète un panier de biens et services représentatif de la structure moyenne de consommation de l’ensemble des ménages. Mais celle-ci varie sensiblement d’un ménage à l’autre, en fonction notamment des niveaux de revenu. Par exemple les loyers ne pèsent que 6 % dans le panier de l’INSEE. On comptabilise les seuls loyers des locataires qui représentent moins de la moitié des ménages et on ne compte rien pour les propriétaires. Or, la part du loyer pour les locataires représente plutôt de 15 à 20 % de leur revenu. L’INSEE permet de calculer un indice des prix personnalisé en fonction de ses propres habitudes de consommation.
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Une part croissante des dépenses est contrainte (l’INSEE parle plutôt de dépenses pré-engagées) en raison d’engagements contractuels (logement, énergie, services de téléphonie, assurances, services financiers, charges de remboursement d’emprunts…). Or, la part de ces dépenses augmente. Elles représentaient 12,6 % du revenu des ménages en 1960 et 28,6 % en 2021. Cela signifie que la part du revenu qu’il reste aux ménages après avoir payé leurs factures indispensables diminue. La satisfaction que les ménages tirent de leurs revenus a donc tendance à baisser.
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Le passage à l’euro a fait perdre des références simples sur les prix et sur l’échelle des prix des différents produits et services, et ces repères prennent du temps à se reconstituer.
Pouvoir d’achat : les statistiques ne reflètent pas toutes les situations concrètes
L’évolution de la situation familiale
La naissance d’un enfant, la séparation, le départ des enfants de la maison modifient brutalement le revenu par tête, à la baisse ou à la hausse.
La variabilité du revenu
La très grande variabilité, d’une année à l’autre, du revenu pour un nombre important de personnes (réduction du temps de travail, chômage, retraite…). Le revenu peut aussi augmenter, notamment en cas de promotion.
Les modes de vie
Un ménage à la campagne sera plus sensible au coût d’entretien et de fonctionnement de l’automobile, tandis qu’un citadin locataire subira davantage la hausse des prix de l’immobilier. La hausse du prix du tabac crée aussi une différence entre fumeurs et non-fumeurs.
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