L’histoire du SMIC en France
Le SMIC a été instauré en France le 2 janvier 1970. Il succède au salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) créé en 1950.
Du SMIG de 1950…
En 1950, face aux nombreuses difficultés d’après-guerre et dans un contexte d’inflation galopante, le gouvernement français décide d’instaurer un salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) destiné à relancer la consommation et à lutter contre la pauvreté.
À l’époque, pour prendre en compte les disparités territoriales, deux SMIG sont créés : un pour la région parisienne, fixé à 78 francs de l’heure (ce qui correspond à 2,18 euros d’aujourd’hui), et un pour la province, égal à 64 francs de l’heure (1,79 euro) (1). 16 % des travailleurs français sont alors concernés par cette mesure qui met fin à plusieurs années de blocage des salaires.
(1) Montant en anciens francs converti en somme équivalente en euros d’aujourd’hui, corrigée de l’inflation observée entre les deux années (Convertisseur franc-euro de l’Insee).
…au SMIC de 1970
Le 2 janvier 1970, le SMIC remplace le SMIG. D’un salaire minimum garanti destiné à endiguer le phénomène des travailleurs pauvres, on passe à un salaire minimum de croissance dont l’objectif est d’exercer un effet de rattrapage par rapport au salaire moyen, alors largement supérieur au salaire minimum.
Concrètement, sa réévaluation ne repose plus uniquement sur l’évolution d’un panier de consommation moyen, comme c’était le cas pour le SMIG, mais également sur la progression des salaires moyens. Résultat, entre 1970 et 1981, le salaire minimum augmente significativement. Son montant reste toutefois inférieur à celui du salaire moyen.
Dans les années 1980, dans un contexte de forte inflation (de l’ordre de 13 % par an), le gouvernement décide de ne plus indexer l’évolution du SMIC sur celle des prix mais sur un taux d’inflation qu’il détermine librement en prenant en compte plusieurs paramètres.
Au début des années 1990, les revalorisations successives ne suffisent pas à compenser l’effet de l’inflation et le pouvoir d’achat des « smicards » continue de s’éroder. Le gouvernement décide alors d’alléger les charges qui pèsent sur ces salariés.
SMIC et réduction du temps de travail
En 1997, le gouvernement Jospin réduit le temps de travail : c’est l’instauration des 35 heures. Dans les faits, cela correspond à une augmentation de 11 % du SMIC, un effet qui sera étalé sur cinq ans. En effet, la réduction du temps de travail a mécaniquement fait augmenter le SMIC horaire (35 heures payées 39 heures). Pour lisser cet effet dans le temps, un système progressif avec six catégories de SMIC a été mis en place. En 2002, la loi Fillon établit les modalités d’un retour progressif au SMIC unique. Dès le 1er juillet 2005, le salaire horaire minimum redevient identique pour tous les salariés. Il est alors égal à 1217,88 euros bruts pour 151,67 heures de travail mensuelles (35 heures hebdomadaires).
Jusqu’en 2021, les revalorisations sont restées inférieures à 3 % par an, faible inflation oblige.
Jusqu’en 2009, le SMIC est revalorisé tous les ans au 1er juillet.
Depuis 2010, il est revalorisé le 1er janvier et éventuellement en cours d’année selon l’évolution de l’inflation.
Augmentation du Smic
Smic 2024
Au 1er novembre 2024, la revalorisation du smic est de 2 %. Il ne sera pas revalorisé au 1er janvier 2025.
Au 1er janvier 2024, la revalorisation du smic était de 1,13 %.
Smic 2023
Au 1er janvier 2023, une revalorisation du smic de 1,81 % a eu lieu. Il s’élevait à 11,27 euros bruts de l’heure, soit 1 709,28 euros bruts mensuels.
Au 1er mai 2023, une nouvelle revalorisation, automatique en raison d’une forte inflation, de 2,19% s’est appliquée. Le Smic s’élève à 11,52 euros bruts de l’heure, soit 1 747,20 euros bruts mensuels.
En 2022, le Smic avait déjà été automatiquement revalorisé à plusieurs reprises en raison du retour de l’inflation :
– au 1er janvier 2022 : de 0,9 %. Son montant était de 1 603,12 euros bruts, soit de l’ordre de 1 269 euros nets.
– au 1er mai 2022 : de 2,65 %. Il s’élevait alors à 1 645,58 euros bruts, soit de l’ordre de 1 302 euros nets.
– au 1er août 2022 : de 2,01 %. Le Smic est fixé à 1 678,65 euros bruts, soit approximativement 1 329 euros nets.
En 2021, le Smic concernait 2,04 millions de salariés (environ 12 % de l’emploi salarié au 1er janvier 2021).
Les personnes touchant le SMIC peuvent percevoir un complément de revenu, notamment sous forme de prime d’activité. L’annonce d’une hausse de 100 € du Smic faite par Emmanuel Macron en réponse au mouvement des Gilets jaunes n’est pas à proprement parler une hausse de salaire, mais principalement une hausse de la prime d’activité.
Les jeunes et le SMIC
À noter que les jeunes de moins de 17 ans doivent être rémunérés à hauteur minimale de 80 % du SMIC s’ils ont moins de six mois de pratique professionnelle et que ceux âgés de plus de 17 ans répondant à la même condition doivent l’être à 90 % du SMIC jusqu’à leur 18ème anniversaire. À partir de 18 ans, ou en cas de pratique professionnelle supérieure à six mois, les jeunes doivent être rémunérés au minimum au niveau du SMIC.
À noter également que les apprentis, les stagiaires, ou encore les personnes occupant un poste à temps partiel perçoivent généralement un salaire inférieur au SMIC.
Par exemple, un stagiaire touche au minimum une rémunération mensuelle fixée à 15 % du plafond horaire de la Sécurité sociale (soit 4,05 € de l’heure en 2023). Cette rémunération n’est pas obligatoire si le stage est inférieur à 2 mois.
SMIC et secteurs d’activité
La proportion de bénéficiaires du SMIC est également plus marquée dans certains secteurs d’activité. Ainsi, dans la branche de l’hôtellerie, de la restauration, 37 % des salariés sont au SMIC. À l’inverse, dans d’autres secteurs d’activité tels que celui de la production de gaz, d’électricité et d’eau ou encore de l’information et de la communication, peu de salariés touchent le SMIC, moins de 3 % des effectifs totaux.
Jusqu’en 2012, la revalorisation du SMIC s’appuyait sur l’évolution de l’indice des prix à la consommation (IPC), et également en partie sur la croissance du pouvoir d’achat du salaire de base d’un ouvrier.
Depuis 2013, elle s’appuie toujours sur l’évolution de l’IPC, mais sur celui observé chez les personnes à faibles ressources (le premier cinquième de la distribution des niveaux de vie) et également sur le pouvoir d’achat du salaire horaire moyen d’un ouvrier et d’un employé.
Smic brut et net
Pour comprendre la différence entre le Smic brut et net, il est essentiel de savoir comment se fait la conversion. Le salaire brut, qui inclut toutes les sommes versées par l’employeur, doit être réduit des cotisations sociales pour obtenir le montant net.
En général, ces charges représentent environ 22% du salaire brut. Ainsi, le Smic mensuel brut de 1 801 euros se transforme en 1 426 euros nets.
Le montant net est celui que le salarié perçoit réellement à la fin du mois. À partir du brut, on déduit les cotisations telles que la CSG et la CRDS. Le Smic net varie aussi selon les primes ou avantages en nature inclus dans le brut.
Il est donc crucial de bien lire son bulletin de paie pour comprendre ces déductions et obtenir une vision claire de sa rémunération réelle.
Les salaires minimums en Europe
En Europe, les salaires minimums varient significativement d’un pays à l’autre : de 332,34 euros par mois en Bulgarie à 2 256,95 euros au Luxembourg (données au 1er janvier 2022).
Dans ce classement, la France se situe à la sixième place derrière le Luxembourg, l’Irlande, les Pays-Bas, la Belgique et l’Allemagne.
Bien entendu, ces écarts s’expliquent en partie par la diversité des niveaux de vie. Néanmoins, exprimé en parité pouvoir d’achat (PPA), le rapport entre les salaires ne se réduit que de moitié.
Par ailleurs, seuls 21 pays membres de l’Union européenne sur 27 ont instauré un salaire minimum légal généralisé. L’Allemagne l’a instauré au 1er janvier 2015 et son montant était au 1er janvier 2022 de 9,82 euros bruts de l’heure.
Les autres pays (Autriche, Chypre, Danemark, Finlande, Italie, Suède) disposent, quant à eux, de salaires minimum fixés suite à des accords entre syndicats et patronat par branche professionnelle. Certains secteurs en sont dépourvus.
Le SMIC, une mesure efficace ?
Sur ce point, deux conceptions théoriques s’opposent traditionnellement en économie.
D’un point de vue néoclassique ou libéral, le travail est considéré comme une marchandise au même titre que les autres biens. Dès lors, l’instauration d’un salaire minimum sur le marché du travail crée nécessairement du chômage puisqu’il introduit une rigidité des salaires à la baisse.
Notion de revenu minimum
Sans salaire minimum, le marché du travail s’adapte librement : s’il y a davantage de demandeurs d’emploi, le marché absorbe cette hausse en réduisant le montant des salaires et inversement. Parallèlement, cette situation permet aux entreprises d’adapter leurs coûts de production en fonction de la conjoncture économique. Sans salaire minimum, l’entreprise peut continuer à investir et conserve son niveau de compétitivité.
Du côté des keynésiens, le travail n’est pas considéré comme une marchandise et le salaire n’est pas une variable d’ajustement sur le marché du travail puisqu’il est déterminé en amont, entre le travailleur et son futur employeur, sans prise en compte du niveau de l’emploi.
L’instauration d’un salaire minimum stimule la consommation en augmentant le pouvoir d’achat des salariés. De fait, cette hausse de la demande augmente la production des entreprises et peut donc constituer un véritable outil de relance économique.
En pratique, les effets économiques du salaire minimum se révèlent bien souvent plus complexes. Les travaux de D. Card, lauréat du Prix Nobel d’économie en 2021et A. Krueger ont, par exemple, montré que l’augmentation du salaire minimum dans le New Jersey au début des années 1990 n’a pas eu d’effet négatif sur l’emploi.
Par exemple, les États-Unis, bien que traditionnellement libéraux, disposent d’un salaire minimum depuis 1938. Mais il est fixé à un niveau très faible, à savoir 7,25 dollars de l’heure depuis 2007 (certains États, comme le New Jersey et la Pennsylvanie, appliquent cependant un salaire minimum plus élevé).
Bonsoir, dans votre article, il n’est stipulé, montré nulle part le coût que le SMIC ou sa revalorisation a ou aurait pour l’état où par ailleurs cela n’est pas visible non plus sur les graphiques. Réellement, pourquoi n’irait-on pas vers sa reformulation ou revalorisation même s’il est vrai que cela aurait un effet immédiat ou presque sur les prix, l’inflation. Ces coûts sont-ils indirects pour l’état de par le marché ? L’emploi, les aides sociales etc.? Je serais pour l’instauration d’un revenu universel à partir de la fusion des aides sociales qui seraient basées sur une moyenne et sous conditions par rapport au marché du travail à vrai dire, mais il est vrai aussi que cela serait apparenté au communisme. Merci.
Bonjour,
Effectivement, il est particulièrement difficile d’estimer les coûts directs et indirects d’une hausse du SMIC pour l’Etat. A l’occasion du débat entourant la dernière campagne présidentielle, nous avions discuté les arguments en faveur d’une augmentation du SMIC ou du statu quo dans l’article suivant : https://www.lafinancepourtous.com/2022/03/21/elections-presidentielles-les-propositions-des-candidats-sur-le-montant-du-smic/
Meilleures salutations,
L’Equipe de Lafinancepourtous.com
bonjour,
je vous remercie pour votre réponse.
je comprends l.impact qu’a l’augmentation du SMIC sur l’état, que ce soit directement ou indirectement.
néanmoins on peut augmenter, revaloriser le SMIC tout en revoyant les taux de prélèvements divers pour que cette revalorisation ait réellement un sens.
les charges patronales et salariales donc.
merci.
Bonjour,
C’est effectivement une possibilité pour l’Etat… mais qui a un coût puisqu’elle réduit ses recettes.
Meilleures salutations,
L’Equipe de Lafinancepourtous.com
bonjour,
merci pour votre réponse.
oui et non pour ce qui de cette réduction de recettes étant donné qu’elle percevra le même montant de recettes prévu de par les prélèvements ( charges patronales et salariales), sauf que le SMIC aura subi une revalorisation – à moins de laisser les taux habituels et donc d’augmenter les recettes.
meilleures salutations également
merci encore une fois.
Bonjour,
Merci pour ce complément ! Effectivement, l’Etat pourrait augmenter le montant du SMIC, tout en diminuant le taux de certains prélèvements (de manière à obtenir le même montant de recettes qu’avant la revalorisation du SMIC).
Meilleures salutations,
L’Equipe de Lafinancepourtous.com
Malgré de très nombreuses recherches sur internet, je n’arrive pas à trouver de quels éléments est composé le smic et quels pourcentage représente chacun de ces éléments. C’est à dire combien un smicard et censé dépenser selon le panier insee, pour son logement, sa nourriture, ses transports, sa mutuelle etc…
Je vous remercie de bien vouloir répondre à ma légitime curiosité
Bonjour,
Effectivement, il n’existe pas, à notre connaissance, d’étude directe des dépenses de consommation d’un individu rémunéré au SMIC. En revanche, il est possible d’en estimer le budget « type » à partir de l’enquête Budget des familles de l’INSEE. Selon la dernière publication liée à cette enquête (disponible à l’adresse suivante : https://www.insee.fr/fr/statistiques/4764315), on apprend en effet que les 20 % des ménages les plus modestes en termes de niveau de vie (quintile dans lequel devrait se situer la plupart des personnes rémunérées au SMIC) consacrent 22,1 % de leur budget au logement, 18,3 % à l’alimentation (hors alcool), 13,7 % dans des biens et services divers (assurances, coiffeurs, etc.), 13,6 % dans les transports, 7,2% dans les loisirs et la culture, 5,5 % dans l’habillement, 5,2 % dans la restauration et les hôtels, 4 % dans l’équipement du logement, 3,8 % dans les communications, 3,4 % dans l’alcool et le tabac, 1,7 % dans la santé et 1,5 % dans l’enseignement.
Meilleures salutations,
L’Equipe de Lafinancepourtous.com
Bonjour,
Nous vous remercions de votre lecture attentive. Les montants indiqués en francs portent sur des anciens francs (soit respectivement 78 et 64 centimes en nouveaux francs). Et c’est le pouvoir d’achat de cette somme qui est converti en somme équivalente en euros actuels, corrigée de l’inflation observée entre les deux années. Le convertisseur franc-euro est en ligne sur le site de l’Insee (https://www.insee.fr/fr/information/2417794). Pour plus de clarté, nous ajoutons cette précision de calcul dans notre article ci-dessus.
Meilleures salutations.
L’Equipe de Lafinancepourtous.com
La conversion des francs en euros ne correspond pas
70 frs = 11,89 euros
64frs =9,75 euros
Pour rappel 1euros correspond à 6,55957 francs