La BCE à l’épreuve des crises

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Au cours de son histoire, la Banque Centrale Européenne (BCE) a fait face à trois crises majeures : la crise des subprimes à partir de 2007, la crise de la zone euro à partir de 2010, et la crise sanitaire à partir de 2020. Ces évènements ont conduit la BCE à adapter son cadre de politique monétaire, à l’origine très rigide, et à prendre à sa charge de nouveaux mandats. 

Les nouveaux outils de la BCE : les politiques monétaires non conventionnelles

La nécessité de nouveaux outils

Les différentes crises auxquelles la BCE a dû faire face soulèvent en général deux difficultés : les marchés financiers peuvent paniquer et se geler (se qui empêche tout nouveau financement et provoque des faillites), et éloigne la BCE de ses objectifs de long terme : une inflation faible, et (dans une moindre mesure) une croissance soutenue. Le détail théorique de tous les nouveaux outils mis en place par la BCE sont détaillés dans le dossier des politiques monétaires non conventionnelles

Achats fermes d’obligations

Pour éviter la fragmentation financière et atteindre ses objectifs de politique monétaire, la BCE est intervenue directement sur les marchés en rachetant des obligations souveraines et, plus tard, des titres privés.

Securities Market Program (SMP)

Lancé en mai 2010, en pleine crise de la dette souveraine, le SMP visait à acheter des obligations d’États fragilisés (Grèce, Irlande, Portugal, Espagne, Italie) afin d’apaiser les tensions sur les marchés. Les montants injectés étaient “stérilisés” pour ne pas augmenter la masse monétaire de façon permanente. Le programme s’est achevé en 2012, laissant place à d’autres dispositifs.

Asset Purchase Program (APP)

Mis en place en mars 2015, l’APP, le QE européen, consistait en l’achat massif d’obligations publiques et, dans une moindre mesure, d’actifs privés (obligations d’entreprises, ABS, etc.). L’APP a connu plusieurs ajustements (extensions, réductions) jusqu’en 2022.

Pandemic Emergency Purchase Program (PEPP)

Face au choc du COVID-19, la BCE a lancé le PEPP en mars 2020, avec un volume initial de 750 milliards d’euros, rapidement porté à plus de 1 850 milliards. Son but est de garantir des taux d’intérêt bas et un accès facile au financement pour les gouvernements et les entreprises pendant la pandémie. Prévu pour durer jusqu’à fin 2020, il a finalement été prolongé jusqu’en mars 2022.

Forward guidance

À partir de juillet 2013, la BCE a commencé à donner des indications sur l’orientation future de sa politique monétaire. L’idée : ancrer les anticipations des marchés (par exemple en annonçant que les taux resteraient bas pendant une période prolongée) afin d’éviter des hausses de taux prématurées et de soutenir la confiance des acteurs économiques.

Long-Term Refinancing Operations (LTRO)

Dès 2011, la BCE a lancé des opérations de refinancement à long terme pour les banques, leur fournissant des prêts à taux préférentiels, sur une période plus longue que d’habitude (trois ans en général). En 2014, les TLTRO (« Targeted LTRO ») ont vu le jour : ces prêts bonifiés sont conditionnés à l’octroi de crédit à l’économie réelle. L’objectif est de stimuler directement le financement des ménages et des entreprises.

Negative Interest Rate Policy (NIRP)

En juin 2014, la BCE a instauré pour la première fois des taux de dépôt négatifs, obligeant les banques à payer des intérêts pour déposer leur argent auprès de la banque centrale. Cette mesure incite les banques à prêter davantage plutôt qu’à laisser leurs liquidités dormir, et vise ainsi à stimuler l’investissement et la croissance économique. Il ne s’agit pas vraiment d’un nouvel outil en tant que tel, mais plutôt une utilisation inédite de l’outil classique des banques centrales que constitue le taux directeur. 

Les nouveaux mandats de la BCE

Avec la crise des dettes souveraines, les politiques mises en œuvre dans l’Union européenne n’ont pas suffi à préserver la stabilité financière ni à empêcher la contagion d’éventuelles crises bancaires. Pour y remédier, les dirigeants européens ont décidé lors du Conseil européen d’octobre 2012 de créer une Union bancaire, dont le premier pilier est le Mécanisme de Surveillance Unique (MSU). Sa mise en œuvre est confiée à la BCE, qui voit ainsi son champ de compétence dépasser la seule définition de la politique monétaire, en assumant désormais un rôle clé dans la supervision des banques.

Afin de préserver l’indépendance monétaire, les réunions du Conseil des gouverneurs abordent séparément les questions de supervision et celles liées aux taux directeurs. Depuis novembre 2014, la BCE supervise directement les établissements jugés “significatifs”, c’est-à-dire ceux dont le total d’actifs dépasse 30 milliards d’euros ou exerçant une influence majeure sur leur économie nationale, ainsi que les groupes bancaires ayant reçu une aide financière européenne. En parallèle, les banques “moins significatives” relèvent de la surveillance des autorités nationales, mais toujours sous le contrôle et selon le cadre défini par la BCE. Au total, ce sont 128 grandes banques, dont 13 groupes français représentant la quasi-totalité du système bancaire national, qui relèvent de cette surveillance renforcée.

    4 commentaires sur “La BCE à l’épreuve des crises”
    1. Un grand merci pour ces informations très complètes, qui répondent à toutes mes questions, parfait pour préparer les examens dans de bonnes conditions.

    2. Bonjour,

      La BCE, conjointement avec les autres banques centrales au sein du comité de stabilité financière, suit les évolutions conjoncturelles et structurelles au sein du secteur bancaire et financier de la zone euro et de l’UE afin d’identifier toute vulnérabilité et de vérifier la résilience du système financier.

      Meilleures salutations.

      L’Equipe de Lafinancepourtous.com

    3. nous avons apprécié l’explication donner sur l’évolution du rôle de la banque centrale et aussi les informations sur le programme sur l’assouplissement quantitatif. Nous souhaitons avoir une explication sur la cible financiére. comment on peut déterminer une cible financière pour stabiliser le systéme financier?

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