Les banques ne sont pas des entreprises (tout à fait) comme les autres

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Il y a encore quelques décennies, la plupart des banques et des institutions financières étaient placées sous le contrôle de l’État. Beaucoup étaient spécialisées, les taux d’intérêt étaient en grande partie administrés, et la Banque de France encadrait le crédit.

Aujourd’hui, les banques se livrent à une concurrence sur tous les terrains. Le crédit et les taux d’intérêt ne sont plus administrés et, qu’elles soient privées ou mutualistes, elles ont de fortes exigences de rentabilité.
Comme dans la plupart des secteurs d’activité, la concurrence limite les marges sur les produits et les services bancaires et pousse aux innovations. Pourtant les banques ne sont pas tout à fait des entreprises comme les autres.

Banques : gestion d’un bien commun à tous

Leur activité qui consiste à faire le commerce de l’argent et leur pouvoir de création monétaire en font des acteurs économiques et sociaux indispensables. 
Les banques ont le pouvoir de permettre aux projets des industriels et des particuliers de se réaliser sans épargne préalable. Leur responsabilité est considérable : les banques sont au cœur de la gestion de ce bien commun que constitue l’argent, ce qui implique pour elles des contraintes et des droits.

Les pouvoirs publics, et notamment la banque centrale, doivent veiller à ce que les banques ne mettent pas en péril, par une activité trop risquée (prêts en quantité supérieure à leur capacité à les financer, prêts à des emprunteurs peu solvables, spéculation…), l’existence de l’argent comme instrument d’échange fiable.

Si elles se livrent une concurrence parfois acharnée, les banques doivent nouer entre elles des relations très étroites qui expriment leur appartenance commune à un même système bancaire.

Banques : une fragilité structurelle

Les banques partagent la partie la plus classique de leurs activités entre les dépôts qu’elles reçoivent et les prêts qu’elles octroient. Cet édifice a un effet particulièrement positif puisqu’il permet, grâce au maintien et au renouvellement des dépôts, de financer des activités qui n’auraient pas pu l’être par un simple prêt entre particuliers ou par le recours aux marchés financiers.

Mais cette activité de « transformation », qui est au cœur du fonctionnement traditionnel des banques, est une source majeure de fragilité : en effet, la banque reçoit des actifs liquides de court terme (des dépôts qui peuvent à tout moment être retirés) qu’elle transforme en actifs peu liquides de moyen ou long terme (les crédits qu’elle consent et dont le remboursement est progressif).

Même si cette banque est bien gérée, il suffit qu’une fraction importante de ses déposants décide de retirer ses avoirs pour qu’elle connaisse des difficultés. Si le montant des retraits dépasse celui des réserves, la banque est en effet obligée d’emprunter d’urgence, dans des conditions généralement défavorables, auprès d’autres banques.
Sa profitabilité peut ainsi se détériorer très rapidement. Les déposants, inquiets pour leurs dépôts, peuvent rationnellement être tentés de retirer leurs avoirs, ce qui, en l’absence d’intervention extérieure, précipite la banque dans la faillite. De ce fait la banque est constamment exposée au risque d’un mouvement de retrait des dépôts qui excèderait ses réserves d’argent disponible.

Dégâts en chaine

La défaillance d’un établissement peut avoir des répercussions importantes sur les autres banques, même individuellement bien protégées contre les risques qui peuvent les affecter (risque de crédit, risque de marché…). A cause des fortes interrelations entre banques, la chute de l’une peut entrainer la chute des autres. C’est ce qu’on appelle un risque de crise systémique. C’est ce qui a été vérifié avec la faillite de la banque Lehman Brothers à l’automne 2008. Ce risque est dû à un ensemble de facteurs.

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Lorsqu’une institution bancaire est en difficulté, elle va chercher à vendre une grande partie de ses actifs pour disposer de liquidités, ce qui risque de faire chuter le cours des marchés sur lesquels elle est présente.

De plus, en prenant connaissance des difficultés de la banque A, les déposants des autres banques risquent de ne plus faire confiance à leur propre banque et vont chercher à récupérer leurs dépôts, mettant ainsi l’ensemble du système bancaire en difficulté.

Par ailleurs chaque banque a beaucoup à perdre dans la disparition d’une autre banque, puisqu’elle perdrait alors les crédits qu’elle lui a consentis.

Impact général des banques sur l’économie

« Quand le bâtiment va, tout va » dit un dicton populaire. « Quand la banque va mal, rien ne va », pourrait-on ajouter. Les crises bancaires ont pour effet de menacer la capacité des banques à faire crédit et par voie de conséquence la capacité d’investissement et de consommation des ménages et des entreprises.

C’est pourquoi la banque, entreprise finalement pas tout à fait comme les autres, est aussi l’entreprise la plus soumise aux réglementations et contrôles.

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