Lors d’une crise financière, un État peut se retrouver en situation de manque de liquidités et de ne plus pouvoir honorer le paiement de la charge de sa dette envers ses créanciers internationaux. Un pays peut aussi être confronté à une sortie importante de capitaux se traduisant par un assèchement de ses réserves en devises, réduisant ainsi sa capacité à importer les produits de l’étranger dont son économie a besoin pour fonctionner correctement.
Dans ce genre de situation, pour éviter qu’un pays ne fasse défaut (c’est-à-dire qu’il ne puisse plus rembourser ses créanciers), le FMI lui prête de l’argent le temps que la confiance des investisseurs revienne. Le FMI conditionne toutefois l’obtention de prêts à la mise en place de réformes visant à assurer la soutenabilité des finances publiques et à soutenir la croissance économique à moyen et long terme.
Jusqu’en 1976, garant du bon fonctionnement du système de Bretton Woods
A l’origine, le rôle du Fonds Monétaire International était de promouvoir la stabilité monétaire afin de maintenir un contexte favorable à l’essor du commerce mondial tout en accordant des prêts à certains pays en difficultés dans le contexte de la reconstruction d’après-guerre.
Le FMI agissait alors comme le garant du bon fonctionnement du système monétaire de Bretton Woods qui était fondé sur des taux de changes fixes ajustables marginalement : lorsque certains pays se révélaient incapables de maintenir la valeur de leur monnaie dans la marge de1 % prévue par les accords de 1944, ils pouvaient recourir à des réajustements monétaires (dévaluations ou réévaluations), avec l’accord préalable du FMI s’ils étaient supérieurs à 10 %.
Pour tenter d’éviter ce genre de situation, le FMI servait d’intermédiaire financier au profit des États membres, lesquels sont tenus de lui verser annuellement une « quote-part » dont le montant varie selon la puissance économique du pays, elle-même mesurée par le PIB et par l’importance de son commerce extérieur.
En cas de déséquilibre de sa balance des paiements risquant de menacer la valeur externe de sa monnaie, chaque pays membre pouvait obtenir automatiquement 25 % de sa quote-part (« droit de tirage »), afin de lui permettre de soutenir sa monnaie nationale en achetant celle-ci sur le marché des changes. Si le FMI le jugeait nécessaire, il pouvait prêter à ce pays jusqu’à 125 % de sa quote-part.
L’octroi de ces crédits était soumis à conditions, le pays demandeur devant s’engager dans une politique d’ajustement conseillée par l’organisation afin de remédier aux causes de la dépréciation de sa monnaie.
Par ailleurs, dans le cadre du système de Bretton Woods, chaque banque centrale nationale s’engageait à échanger, en or ou en dollar, toute somme en monnaie nationale présentée par un détenteur étranger. Mais dans les années soixante, les États-Unis financent en grande partie la guerre du Vietnam et la conquête spatiale en recourant à la création monétaire, ce qui provoque une poussée inflationniste et une perte de confiance dans la devise américaine d’autant plus vive que le stock d’or de la FED est devenu très largement insuffisant pour lui permettre de garantir la convertibilité du dollar.
Le 15 août 1971, les États-Unis suspendent la convertibilité de dollar américain en or, mettant ainsi fin au système monétaire prévu par les accords de Bretton Woods. Le système de changes fixe disparaît définitivement en mars 1973 et le régime des changes flottants est officiellement adopté par les accords de la Jamaïque de janvier 1976.
Le rôle initial principal du FMI, garantir la stabilité des taux de change dans une marge de 1 %, disparaît alors.
Les droits de tirage spéciaux
Les droits de tirage spéciaux (DTS) ont été créés par le FMI en 1969 pour soutenir le système de parités fixes de Bretton Woods. Tout pays adhérent au système devait disposer de réserves officielles — avoirs en or de l’État ou de la banque centrale et devises largement acceptées — destinées à racheter sa monnaie nationale sur les marchés des changes internationaux, au besoin, pour maintenir son taux de change.
Mais l’offre internationale de deux grands avoirs de réserve, l’or et le dollar, s’est révélée insuffisante pour étayer l’expansion du commerce et l’évolution financière auxquelles on assistait alors. La communauté internationale a donc décidé de créer un nouvel avoir de réserve mondial sous les auspices du FMI.
La fin du système monétaire de Bretton Woods et l’instauration d’un système de changes flottants en 1976 a rendu caduc ce rôle premier du DTS. Depuis, il exerce deux fonctions :
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Bien que n’étant pas une monnaie à part entière, il constitue une unité de compte pour le FMI et quelques autres organisations internationales comme la Banque Mondiale.
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Il représente une créance virtuelle sur les monnaies librement utilisables des pays membres du FMI. Les pays détenteurs de DTS peuvent se procurer ces devises en échange de DTS de deux façons : premièrement, sur la base d’accords d’échange entre pays membres; deuxièmement, lorsque le FMI demande à un pays membre dont la position extérieure est forte (les avoirs détenus sur l’étranger sont supérieurs aux dettes contractées auprès d’entités étrangères) d’acquérir des DTS de pays membres dont la position extérieure est faible.
Le FMI peut allouer des DTS aux pays membres en proportion de leurs quotes-parts respectives. Ces allocations fournissent à chaque pays membre un actif de réserve international gratuit et inconditionnel.
Depuis 1976, le FMI pompier monétaire
A partir de 1976, le rôle principal du FMI évolue. Il consiste alors à soutenir les pays qui font appel à lui en raison des difficultés financières qu’ils rencontrent en leur octroyant des prêts destinés à garantir leur solvabilité. L’objectif de cette intervention est d’empêcher l’éclatement d’une crise financière et sa contagion à l’ensemble du système financier mondial.
Le FMI joue en quelque sorte le rôle de prêteur de dernier ressort du système financier international et apparaît ainsi comme la « banque centrale des banques centrales et des trésors publics ».
Dans le cadre des prêts qu’il accorde et de par ses statuts, le FMI se doit toutefois de garantir la bonne utilisation des fonds alloués à tel ou tel pays. Les prêts sont en effet financés sur les ressources provenant notamment des quotes-parts des pays membres. Il ne s’agit donc pas seulement de retarder la crise par l’octroi d’une aide monétaire temporaire, mais de profiter du répit pour engager les réformes qui permettront d’assurer la soutenabilité de la dette.
Aussi, en contrepartie de son aide financière, le FMI exige des pays qu’il secourt qu’ils adoptent les réformes économiques qu’il préconise. Ces réformes portent le nom de « politiques ou programmes d’ajustement structurel » à la mise en place desquelles les équipes du FMI peuvent apporter une assistance technique et des offres de formation.
L’évolution du rôle du FMI avec la crise financière
La crise financière de 2008 a amené le FMI à revoir ses moyens d’intervention ainsi que ses recommandations de politique économique.
Adapter son offre de prêts
Le FMI a décidé de procéder à un renforcement de ses capacités de prêt grâce à un quadruplement de ses ressources, qui ont été portées à environ 1 000 milliards de dollars en 2013, contre 250 milliards avant la crise.
Mais le doublement des quotes-parts adopté à cet effet en 2012 n’est pas encore entré en vigueur du fait de l’opposition du Congrès américain, si bien que le FMI est tributaire d’accords d’emprunts passés avec certains pays.
Par ailleurs, le FMI a cherché à adapter son offre de prêts aux besoins des pays demandeurs en offrant des crédits de montants plus élevés et en les octroyant plus rapidement.
En avril 2009, la Ligne de Crédit Modulable (LCM) a ainsi été créée pour assurer aux pays dont la situation économique est saine un accès aux ressources du FMI en cas d’urgence. La Colombie, le Mexique et la Pologne ont bénéficié de ce nouveau dispositif pour un droit d’accès de 100 milliards de dollars à eux trois, garantie qui leur a permis de s’endetter à des conditions plus favorables sur les marchés financiers internationaux.
Le FMI a également mis au point une ligne de précaution et de liquidités (LPL) destinée aux pays dont l’économie, bien que solide, reste exposée à des facteurs de vulnérabilité qui pourraient les exposer à une crise de liquidités (sorties importantes de capitaux) en cas de tensions régionales ou mondiales. En outre, l’aide aux pays les plus pauvres a été renforcée via l’augmentation des ressources spécifiquement dédiées aux pays à faibles revenus.
Poser moins de conditions
La conditionnalité du versement des prêts du FMI a également fait l’objet d’une révision à la suite du déclenchement de la crise financière de 2008 dans le sens d’une plus grande souplesse.
Désormais, si les réformes structurelles continuent à être exigées, elles ne sont plus systématiquement axées sur les réductions des déficits publics et le resserrement des conditions d’octroi des crédits, mais sont davantage ciblées sur les domaines spécifiques qui apparaissent essentiels pour assurer le redressement économique du pays concerné.
Prévenir les crises
Enfin, le FMI a fait évoluer sa mission traditionnelle de surveillance du système monétaire international de façon à le rendre plus efficace dans la prévention des crises.
En 2012, il a ainsi établi une stratégie de surveillance financière destinée à lui permettre de mieux exercer son mandat dans un contexte de forte croissance des flux internationaux de capitaux. En particulier, l’analyse des risques et des effets de contagion que ses équipes d’experts conduisent a été affinée et l’étude des liens entre le secteur financier, l’économie réelle et la stabilité extérieure a été approfondie.
De même, dans le cadre des examens des politiques économiques des pays membres, le FMI accorde désormais davantage d’attention aux politiques structurelles, y compris celles qui ont trait au marché du travail. Le FMI a ainsi engagé de nombreuses initiatives visant à renforcer la surveillance macroéconomique et la surveillance du secteur financier, et a développé les outils et les processus qui lui permettent de détecter les risques et les facteurs de vulnérabilité, ainsi que de mettre en garde contre ces derniers.
Bravo. Clair et non polémique. Objectif atteint .