Marché des changes (Forex)

la finance pour tous
  • Volume quotidien des échanges : 6 590 milliards de dollars (enquête BRI)
  • L’euro est la deuxième monnaie la plus échangée dans le monde

 

Le marché des changes est le marché sur lequel se retrouvent tous les participants désireux de vendre ou d’acheter une devise contre une autre. Dans le jargon financier, il est souvent question du Forex pour désigner le marché des changes ; contraction des termes anglais FOReign EXchange.

Comme tout marché il a aussi pour fonction de déterminer les prix d’échanges, c’est-à-dire le taux de change entre chaque couple de devises.

Le plus grand marché au monde

En 2019, le rapport de la Banque des Règlements Internationaux (BRI) sur l’enquête triennale des banques centrales estime le volume quotidien des échanges à près de 6 590 milliards de dollars. Les volumes échangés sur ce marché ont, ainsi, progressé de près de 30 % depuis la précédente enquête (2016) et de plus de 65 % au cours de la décennie 2010. Cela en fait le marché le plus vaste et le plus liquide au monde en termes de volume de transactions.

L’adoption d’un régime de changes flottants par de nombreux pays à partir des années 1970, combinée aux progrès techniques (notamment avec les logiciels de Trading Haute Fréquence, et l’accès quasi-continu au marché des changes) expliquent en grande partie pourquoi ce marché est aujourd’hui le plus actif et le plus volumineux au monde.

Un marché dominé par la City de Londres

S’il existe bien des pièces et des billets de banques dans tous les pays, le marché des changes est entièrement dématérialisé et décentralisé. Il n’est rattaché à aucune place boursière en particulier. La quasi totalité des opérations y sont réalisées de gré à gré. Il permet d’effectuer des transactions sur les devises quasiment 24h/24 tous les jours de la semaine alors que les autres titres financiers sont souvent rattachés à une place financière déterminée (Paris, New York, Tokyo, Londres…) avec des horaires quotidiens d’ouverture et de clôture.

En 2019, le marché des changes est largement dominé par la City de Londres. Cette place financière représente plus de 50 % des opérations de changes dans le monde. Le poids des places asiatiques est en croissance mais reste inférieur à Londres. La France, quant à elle, n’accueille que 2 % des échanges mondiaux de devises.

Qui intervient sur le marché des changes ?

Le  marché des changes réunit des participants extrêmement divers. On y trouve :

  • des particuliers (très rarement) et des entreprises (PME et multinationales) qui ont besoin de vendre et d’acheter différentes devises selon leurs activités ;

  • des banques commerciales, des banques d’investissement et des courtiers qui exécutent les ordres de leurs clients et agissent aussi pour leur compte propre ;

  • les autorités monétaires, notamment les banques centrales qui sont des participants majeurs sur le marché des changes. Elles gèrent leurs réserves de change et interviennent le cas échéant, sur le cours des devises dont elles ont la charge.

  • des institutions internationales (comme le FMI et la Banque Mondiale) ;

  • des fonds d’investissement dont certains sont même spécialisés sur les devises.

Quelques caractéristiques notables sur le marché des changes

Le marché des changes est un marché où la quasi totalité des opérations sont réalisées de gré à gré. Les courtiers et les banques négocient directement les uns avec les autres, sans intermédiaire boursier. Les particuliers comme les entreprises doivent faire appel à leur banque pour avoir accès au marché des changes. Le Forex est donc un marché non régulé. Il existe cependant dans le Forex des compartiments régulés – de taille très restreinte – qui offrent des produits dérivés (par exemple des warrants) comme instruments de couverture et de spéculation.

Depuis la libéralisation des échanges dans les années 1990, les intervenants sur le marché des changes se sont fortement concentrés, notamment au niveau des banques. Ils mettent à disposition des autres participants du marché des instruments permettant de se couvrir ou de spéculer sur les variations de cours des devises. Ils jouent également un rôle dans la fixation d’un taux de change unique pour chaque couple de devises.

Un marché dominé par le dollar

Il est intéressant de noter que le dollar américain (USD) reste la monnaie de référence sur le marché des changes. L’édition 2019 de l’enquête de la BRI a montré que sur la totalité des opérations réalisées sur le marché des changes, 88,3 % portaient sur le dollar américain et 32,3 % sur l’euro.

Puisque deux monnaies sont impliquées dans chaque transaction, si l’une est achetée, l’autre est forcément vendue. Chaque monnaie (dollar, euro, yen…) étant comptée deux fois, la somme des pourcentages de toutes les monnaies dans les échanges atteint 200 %. En revanche, quand on considère des paires de monnaies (euro/dollar, dollar/yen…) le double comptage disparait et la somme des pourcentages de toutes les paires dans les échanges atteint 100 %.

Le couple EUR/USD est ainsi celui qui s’échange le plus dans le monde : en 2019, il représentait 24 % des échanges de monnaies considérées par paires.

Les opérations au comptant et les opérations à terme

La transaction la plus simple sur le marché des devises est l’opération au comptant, dite opération « spot« . Elle consiste à acheter une devise contre une autre au prix actuel du marché avec une livraison à J+2 jours. Le marché au comptant (marché spot) représente 30,2 % des transactions quotidiennes.

La majeure partie des transactions a lieu sur le marché à terme.

Une opération à terme consiste à fixer le prix, la quantité et la date de l’échange futur dès le jour de l’opération. Son utilité réside dans le fait qu’elle offre une couverture contre les fluctuations des taux de change. En effet, quel que soit le prix à l’échéance (c’est-à-dire à la date fixée pour l’échange de devises) la transaction se fera selon les termes du contrat fixés plus tôt.

Quel que soit l’objectif d’un participant au marché des changes, une couverture ou une spéculation, les différents intervenants se rencontrent quotidiennement sur ce marché en tant que « contreparties » de transactions. Ainsi, par exemple, afin de se couvrir contre une baisse du taux de change euro/dollar américain, la banque d’une société française doit trouver sur le marché des changes une personne  qui au même moment désire acheter des euros contre des dollars américains.

Un industriel de la zone euro achète du pétrole en dollars dont la livraison sera effectuée et payée dans trois mois. Pour couvrir son risque de change, il achète du dollar à terme à un taux de change garanti.

Cette personne  peut aussi bien être un spéculateur achetant des euros car il mise sur une hausse de cette devise, qu’une personne souhaitant se couvrir contre une hausse de l’euro vis-à-vis du dollar américain.

On comprend donc l’intérêt de l’opération à terme pour des entreprises ou des institutions dont les activités se déclinent à l’international. 

Il existe d’autres types de produits dérivés permettant de se prémunir contre les effets des fluctuations des taux de change : il s’agit des swaps, des options sur devises et de certains produits structurés plus complexes.

Sur les 6 950 milliards de dollars d’échanges quotidiens sur le marché des changes, 3 310 milliards de dollars concernent les swaps, soit 50 % des volumes échangés.

L’accès au marché des changes permet à la plupart des participants de se protéger contre un risque de change sur leurs recettes et leurs dépenses, en utilisant notamment le marché à terme comme le montre l’exemple plus haut. Mais il offre aussi la possibilité de spéculer sur les taux de change des différentes devises.

Couverture et spéculation

Si bon nombre d’entreprises et de banques commerciales participent au marché des changes avant tout pour se couvrir, d’autres participants, notamment des fonds spéculatifs et des banques d’investissement agissant pour leur compte propre participent au marché des changes afin de tirer bénéfice des mouvements quotidiens des taux de change.

En effet, depuis les années 1970 et la fin des changes fixes, une explosion du volume de transactions sur les devises est observée, quoique cette hausse ait pris fin ces dernières années. Les devises sont considérées comme des actifs financiers ordinaires permettant de réaliser des gains ou des pertes en spéculant sur les variations de taux de change. Si le marché des changes n’est pas en lui-même un marché à effet de levier, les produits dérivés qui s’y sont développés à grande échelle, comme les options et les swaps par exemple, ont renforcé son attractivité, notamment pour les spéculateurs. 

La spéculation peut avoir des effets bénéfiques car elle permet notamment d’assurer la liquidité d’un marché. En effet, si un investisseur veut se prémunir contre la hausse d’une devise, il doit acheter cette devise. Cela ne peut être possible que s’il trouve une contrepartie, c’est-à-dire un investisseur qui parie sur la baisse de cette devise, sinon, le marché est bloqué.

Mais la spéculation peut aussi provoquer des mouvements violents à la hausse comme à la baisse de certaines devises. Lorsque les fluctuations s’emballent, la lecture des taux de change devient difficile et cela peut déclencher des crises économiques graves nécessitant des interventions concertées des Banques Centrales.

Il est intéressant de  noter que la volatilité (la rapidité et l’amplitude des variations de cours) sur un marché, comme celui des changes, favorise les spéculateurs car il n’y a rien à gagner dans un marché atone alors que cette volatilité dessert les autorités monétaires et les intervenants en couverture de change. Ceci étant dit, les crises de change qui malmènent une ou plusieurs devises ne font bien souvent que révéler une faiblesse réelle du (des) pays considéré(s).

    83 commentaires sur “Marché des changes (Forex)”
    1. Bonjour,

      Lorsqu’une banque accorde un crédit (elle détient donc une créance sur son client), elle court le risque que le client n’honore pas ses engagements. La banque risque alors soit de perdre une partie de l’argent prêté (elle en récupère une partie grâce aux garanties obtenues lors de l’octroi du prêt), soit la totalité si le client n’est pas solvable et si la garantie ne peut être exercée ou est inexistante (par exemple en cas de faillite d’une entreprise, les créances de la banque ne sont pas prioritaires par rapport à l’Etat ou aux salariés).

      Meilleures salutations.
      L’Equipe de Lafinancepourtous.com

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