Genèse et impact du Brexit pour les Britanniques
Le Brexit découle d’un référendum dont le débat a porté sur la souveraineté du Royaume-Uni. En effet, voici les 3 arguments qui ont porté le « non » à la victoire :
-
retour à un contrôle des flux migratoires,
-
l’Union Européenne coûte trop cher,
-
la réglementation européenne est préjudiciable au Royaume-Uni.
Christian Noyer souligne que les Britanniques s’exposent aujourd’hui à de nouveaux obstacles. En premier lieu, le Royaume-Uni perd son accès au marché unique. Ce dernier est une source d’économies (temps et argent) grâce à la libre circulation des marchandises et des personnes. Deuxièmement, la suppression des réglementations européennes aura un coût pour le Royaume-Uni qui devra créer de nouvelles administrations.
Christian Noyer évoque l’hypothèse que des accords sectoriels pourront être signés mais il estime que le Royaume-Uni sera globalement perdant.
La place financière britannique va-t-elle perdre sa place de n°1 en Europe ?
Christian Noyer rappelle que la place financière de Londres est de loin la plus importante en Europe. Il estime que Londres ne va pas perdre cette position, mais qu’elle verra sa taille diminuer de 15 % à 25 % en raison de la perte du passeport européen. En effet, du fait de la sortie du marché unique, Londres n’aura plus un accès direct aux marchés financiers des pays de l’Union Européenne.
Christian Noyer décrit par ailleurs un paradoxe : la création de l’euro a renforcé Londres en tant que place financière n°1 en Europe, alors que le Royaume-Uni a conservé sa devise (la livre sterling). En effet, étant donné que Londres est historiquement la capitale financière de l’Europe, il était plus pratique d’y concentrer les activités financières en euros grâce au passeport européen.
Christian Noyer estime que le déplacement de certaines activités depuis Londres vers l’Union Européenne aura un effet bénéfique sur les pays de l’Union européenne.
Le Royaume-Uni pourrait-il devenir un paradis fiscal pour attirer des entreprises ?
Certains observateurs se posent la question. Mais Christian Noyer n’y croit pas, et ce pour deux raisons :
-
cela implique une baisse très importante des revenus fiscaux (et donc un déficit budgétaire). Or, le Royaume-Uni ne peut pas se permettre un déficit trop important s’il veut continuer à se financer sur le marché de la dette souveraine ;
-
cela ne résout pas le problème du passeport européen. Quand bien même le Royaume-Uni serait un paradis fiscal, une société financière installée à Londres n’aurait pas accès aux marchés de l’Union Européenne.
Brexit : quel impact pour les pays européens ?
Les impacts du Brexit diffèrent selon les pays européens. Sur la question des échanges de marchandises, l’UE est membre de l’Organisation Mondiale du Commerce, et les marchandises y circulent librement.
Le Brexit suppose, pour le Royaume-Uni, de négocier tant avec l’Union européenne qu’avec l’ensemble des membres de l’OMC. Tout dépendra des accords. Y aura-t-il un déplacement d’usines du Royaume-Uni vers d’autres pays ? Ce sera un processus assez long.
Selon Christian Noyer, dans le domaine des services financiers, les grandes places financières qui sont candidates et que les banques et compagnies d’assurances regardent avec attention sont essentiellement Paris et Francfort, suivies d’Amsterdam, de Dublin et du Luxembourg pour des activités très spécialisées.
Tout cela permet d’apporter de l’activité, des emplois, des revenus et donc aura un impact positif sur la croissance de ces pays.
Quels sont les atouts et handicaps de la place de Paris ?
La place de Paris dispose de nombreux atouts, mais souffre également de quelques inconvénients qu’il faut essayer de corriger.
Commençons par nos avantages. Christian Noyer rappelle que Paris est la seule place financière en Europe qui offre la totalité des activités financières, comparé par exemple à l’Allemagne (les Fintech à Berlin, les compagnies d’assurance à Munich…). En outre, Paris est une grande ville comparable à Londres et à New- York, qui offre
-
des possibilités d’emploi pour les conjoints,
-
suffisamment d’espace pour la construction d’immeubles de bureaux,
-
de nombreuses écoles internationales.
Nos handicaps sont au nombre de trois : le droit du travail jugé rigide et compliqué, une fiscalité souvent instable (au gré des lois de finances) qui inquiète les entreprises étrangères, et enfin un niveau très élevé de cotisations sociales pour les activités à forte valeur ajoutée qui pèse sur le coût du travail.
Les recommandations de Christian Noyer
Après le référendum britannique du 23 juin 2016, Christian Noyer a été chargé par le gouvernement de réfléchir aux conséquences du Brexit. L’objectif était de faire des recommandations sur l’attractivité de la France et de réfléchir aux solutions permettant de maximiser les chances d’une partie des acteurs financiers.
Les deux chantiers majeurs, pour Christian Noyer, sont les domaines du droit du Travail et de la fiscalité. Des avancées sont en cours. La loi El Khomri a été votée au cours de l’été 2016 et va dans la direction souhaitée par les grands investisseurs étrangers.
Et la baisse de la fiscalité sur les sociétés, programmée sur quatre ans, permet d’avoir une orientation consensuelle. Par ailleurs, pour faciliter l’installation en France de personnes venant de l’étranger, il existe un régime – dit des « impatriés » – permettant d’exonérer d’impôt sur le revenu les primes d’expatriation pendant quelques années, qui a été amélioré par la dernière loi de finances.
Ce Christian NOYER est un tantinet méprisant à l’égard des Britanniques: vieille tradition française qui ne nous a pas été toujours bénéfique, au cours de notre histoire…. Si nos voisins sont menacés de payer cher leur Brexit, manifestement ça ne leur fait pas peur. Pourquoi ?
1) Ils savent pertinement que l’UE va négocier un partenariat économique qui sera finalement intéressant pour eux. D’ailleurs, si le Brexit n’était pas passé au référendum, Cameron avait déjà obtenu de l’UE un nouveau traité favorable au Royaume Uni. Un Brexit caché avait déjà été préparé, en vérité ! Le Brexit actuel n’est qu’une variante (plus chère) du Brexit de Cameron, qui lui même était une variante de sortie du traité de la prétendue adhésion du Royaume Uni à la CEE. En fait, le RU n’a jamais été membre réel et actif de l’Europe (CEE puis UE). La situation actuelle est logique. Et les Britanniques y sont prêts depuis … le début ! De fait, l’UE ne fait pas peur au RU (qui a peur de l’UE, d’ailleurs…?)
2) Les Britanniques sauront récupérer les milliards du Brexit. On peut leur faire confiance, sur ce points. Ils ont un sens du sacrifice, et un sens de la cohésion sociale, que nous n’avons pas vraiment en France. C’est ça qui leur permettra d’éponger en 5 ans la facture, et c’est ce sens de l’abnégation (Ils vont peut-être souffrir un peu…) qui leur permettra d’accepter que le RU devienne une nouvelle Zone Franche qui attirera tous les capitaux du monde (ils vont alors sourire, de l’UE surtout).
Vinh
Excellent article !!!