Premier instrument : le taux des réserves obligatoires
La Banque Centrale impose à toutes les banques commerciales de « déposer » sur leur compte (auprès de la BCE) un pourcentage des dépôts qu’elles collectent. Si le taux des réserves obligatoires est de 1 %, cela signifie que si une banque accorde un crédit de 1000 €, elle crédite le compte de dépôt de son client d’autant et doit alors déposer 10 € à la BCE.
Plus le taux des réserves obligatoires est faible, plus les banques pourront accorder des crédits. Si la BCE décidait de baisser ce taux à 0,5 %, lorsqu’une banque prête 1000 €, elle ne devrait plus déposer que 5 € à la BCE au lieu des 10 € précédemment.
Inversement, si la BCE augmente ce taux à 2 %, les banques pourront accorder moins de prêts car pour 1000 € prêtés, 20 € au lieu de 10 € précédemment devront être déposés à la BCE et seront donc « gelés ». Cet instrument est aujourd’hui peu utilisé par la BCE. La seule modification du taux des réserves obligatoires remonte au 18 janvier 2012, où il est passé de 2 % à 1 %. Il n’avait pas évolué auparavant.
Deuxième instrument : les interventions sur le marché interbancaire
Ces interventions, dites » opérations d’open market « , se situent au cœur de la politique monétaire de la BCE.
Quand une banque a besoin de liquidités pour honorer les paiements effectués par ses clients (si ses clients retirent plus d’argent de leurs comptes qu’ils n’en déposent), elle les emprunte à une autre banque.
De l’autre côté, quand une banque a des liquidités disponibles (ses clients remettent plus d’argent sur leurs comptes qu’ils n’en retirent), elle les propose aux autres banques. C’est ce que l’on appelle le marché interbancaire.
Les banques se prêtent pour des durées très courtes, allant de 24 heures seulement à un an. Les paiements entre banques se font exclusivement par l’intermédiaire des comptes qu’elles détiennent à la banque centrale. C’est pourquoi on parle de « monnaie banque centrale ».
Cette monnaie n’est utilisée par les banques que sur le marché interbancaire et ne circule donc pas dans l’économie.
Les taux d’intérêt sur le marché interbancaire servent de référence aux banques pour fixer les taux d’intérêt des crédits qu’elles accordent à leurs clients.
Mais quand une banque ne trouve pas le montant nécessaire auprès des autres banques, elle peut s’adresser à la BCE qui va lui prêter ces liquidités à un taux d’intérêt appelé « taux des opérations principales de refinancement ». La banque doit pour cela apporter à la BCE des garanties sous la forme de titres de créances de qualité qu’elle détient. On dit qu’elle se « refinance » auprès de la banque centrale. C’est le mode principal d’intervention de la BCE. Celle-ci a modifié le taux de ces opérations principales de refinancement à 41 reprises depuis sa création en 1999 (22 baisses et 19 hausses).
Si la BCE augmente le taux de ses opérations de refinancement, les banques vont répercuter cette hausse sur le coût des crédits qu’elles accordent. Les agents économiques (ménages, entreprises, États) vont être plus réticents à emprunter et vont alors réduire leur consommation ou leurs investissements.
Inversement, si la BCE diminue le taux de refinancement, les banques vont diminuer le taux d’intérêt de leurs crédits. Les agents économiques vont être plus enclins à emprunter et vont alors augmenter leur consommation et leur investissement.
En cas de tensions sur le marché interbancaire (les banques ne veulent plus se prêter), la banque centrale peut aussi fournir des liquidités (octroi de prêts temporaires garantis par des titres par exemple) ce qui a pour effet de faire baisser le taux du marché monétaire. En sens inverse, elle peut également intervenir pour retirer des liquidités (elle vend aux banques des titres de dette publique par exemple) et orienter le taux du marché monétaire à la hausse.
Troisième instrument : les facilités permanentes
Les facilités permanentes sont gérées de façon décentralisée par les banques centrales nationales membres de la zone euro. Elles sont réalisées sans appel d’offre, à la demande des banques sans limitation de montant ou à l’initiative de chaque banque nationale.
Elles permettent de fournir ou de retirer des liquidités par le biais de prêts ou de dépôts d’une durée de 24 heures. Le taux d’intérêt de ces opérations est fixé par la BCE. Ils déterminent respectivement le taux plafond et le taux plancher du marché interbancaire au jour le jour.
Que peuvent faire les banques centrales lorsque leur taux directeur est au plus bas (proche de 0) ?
Bonjour,
Quand le taux directeur est à 0, les banques centrales peuvent lancer des opérations de rachat d’actif (assouplissement quantitatif, ou « QE »), de façon à faire baisser le taux d’intérêt sur les obligations, notamment les obligations d’Etat (plus d’explications dans ce décryptage : https://www.lafinancepourtous.com/decryptages/politiques-economiques/theories-economiques/politique-monetaire/l-assouplissement-quantitatif/une-succession-de-quantitative-easing-dans-les-economies-developpees/).
Cependant, lorsque le taux directeur est à 0, les capacités d’action des banques centrales sont plus limitées, ce qui peut poser problème en cas de crise.
Meilleures salutations
L’Equipe de Lafinancepourtous.com
bonjour est ce que le refinancement des banques auprès de la banque centrale est une création monétaire. Merci d’avance
Bonjour,
Non, dans la mesure où cela n’entraîne pas une hausse de la masse monétaire en circulation dans l’économie.
Meilleures salutations.
L’Equipe de Lafinancepourtous.com
bonjour,
je veux savoir c est quoi un mécanisme du diviseur de crédit?
et à quoi sert?
merci.
Bonjour,
Bonjour,
Le diviseur du crédit est une approche de la création monétaire dans laquelle les banques accordent des crédits et se refinancent ensuite auprès de la banque centrale. Cette approche s’oppose à celle du multiplicateur du crédit, dans laquelle les banques se procurent de la monnaie banque centrale avant d’accorder des crédits.
Meilleures salutations
L’Equipe de Lafinancepourtous.com
Bonjour,
Je ne suis pas sûr de bien tout comprendre.
Les banques centrales prêtent aux banques avec un taux d’intérêt qu’on appelle le taux directeur. Cependant, les banques (secondaires) doivent bien rendre un jour ce qu’elles empruntent. Sauf qu’elle doivent rendre nécessairement plus que ce qu’elles ont emprunté à la BC(vu qu’il me semble que le taux directeur est généralement positif). Mais pour rendre plus, je me dis qu’elles utilisent les intérêts qu’elles perçoivent en faisant des crédits aux particuliers/entreprises. Ces derniers doivent donc aussi rendre plus que ce qu’ils empruntent. Sauf que la monnaie de chacun trouve nécessairement à son origine une dette envers une banque (cf video de heu reka).
Donc en conclusion, les particuliers/entreprises doivent s endetter encore plus pour rembourser leur dette. Ce que je dis dans cette dernière phrase nest vrai que dans le cas où les banques utilisent une partie des intérêts pour financer ses intérêts dus à la BC. En effet, si les intérêts des particuliers/entreprises servaient à consommer alors les particuliers/entreprises nauraient pas besoin de s endetter pour financer leur intérêt mais des lors qu un intérêt envers la BC est remboursé, j’ai l’impression qu’il y a nécessairement création de monnaie et donc pluS de monnaie en circulation. Il y a alors pour moi nécessairement une inflation. Est-ce en partie de là que vient le chiffre proche des 2% pour une economie saine ?
Je pense qu il y a quelque chose que je nai pas compris et j’aimerais si possible que l’on m’eclaire là dessus.
Merci beaucoup !
Bonjour,
Nous ne sommes pas certains d’avoir parfaitement compris votre raisonnement, mais voici quelques éléments de réponse. La cible d’inflation à 2 % vise à avoir une inflation sensiblement au dessus de 0 (pour éviter de tomber en déflation) mais pas trop élevée de façon à ne pas avoir de spirale inflationiste (si les agents économiques anticipent de l’inflation, ils adaptent leur comportement en fonction de l’inflation anticipée, ce qui génére une inflation croissante). Cette cible des 2 % (assez arbitraire et souvent contestée) n’est donc pas liée aux intérêts que doivent payer les emprunteurs.
Nous ne sommes pas forcément d’accord avec votre conclusion selon laquelle il y a forcément plus de monnaie créée (donc de l’inflation) du fait des intérêts. En fait, c’est plutôt l’inverse : si les taux sont élevés, les agents économiques (ménages, entreprises…) demandent moins de crédits, donc il y a moins de création monétaire.
Meilleures salutations
L’Equipe de Lafinancepourtous.com
Bonjour,
dans un article du jour dans les Echos, le Gouverneur de la Banque de France évoque le mécanisme du Tiering afin de soulager les banques concernant l’impact des taux négatifs sur leurs réserves excédentaires. Pouvez-vous expliquer le mécanisme mis en oeuvre depuis septembre apparemment.
Merci de votre réponse
Très cordialement
Bonjour,
Le taux d’intérêt sur réserves excédentaires des banques placées à la banques centrales européenne est négatif (-0,5%). Ce taux est donc pénalisant pour les banques. Cependant, pour éviter de trop pénaliser les banques, une partie de ces réserves est exemptée de ce taux négatif (le taux est alors de 0%), ce qui est désigné sous le terme de mécanisme de tiering.
Ce document de la BCE (en anglais) donne plus de détails.
https://www.ecb.europa.eu/press/pr/date/2019/html/ecb.pr190912_2~a0b47cd62a.en.html
Meilleures salutations
L’Equipe de Lafinancepourtous.com
Bonjour,
Merci pour cet article et plus généralement pour les informations de votre site et pour les réponses quasi systématiques aux commentaires.
Voici ma question : ce sont les banques commerciales qui ont le pouvoir de créer de la monnaie. Cette création monétaire est limitée par les réglémentations actuels dont vous parlez (ratio fonds propres/dépôts, réserves à la BCE, etc). Lors de la création monétaire, la banque commerciale se base sur les taux interbancaires et sur le taux REFI (j’imagine une suptile moyenne entre tout ça) pour déterminer le taux de prêt à un agent économique. Mais… pusique c’est de la création monétaire, la banque commerciale doit-elle rembourser à la BCE la valeur du taux directeur ?
Je ne sais pas si ma question est claire donc je l’exprime autrement : je pensais que les banques commerciales créaient de la monnaie en octroyant des prêts aux agents économiques à un taux déterminé supérieur aux taux directeurs parce que ces banques « empruntaient » elle-même cette somme à la BCE, à un taux qui est le taux directeur… Dans ce cas, je comprends le lien entre « valeur du taux directeur et valeur du taux du crédit. Si ce n’est pas le cas, j’ai plus de mal à voir le lien, sauf à considérer le « risque » de devoir se refinancer chaque jour, couvert par les taux de crédit à long terme.
Parmi vos articles et les commentaires, j’ai du mal à trancher…
Merci d’avance,
Geoffrey
Bonjour,
Les banques commerciales ne réempruntent pas l’intégralité de la somme prêtée à leur client auprès de la banque centrale. Elle n’en empruntent qu’une fraction, déterminée par différentes règles encadrant le crédit (taux de réserves obligatoires par exemple) et par les « fuites », par exemple lorsque les clients retirent des billets aux distributeurs (les banques n’ont pas la capacité de créer des billets).
De ce fait, le taux auquel les banques prêtent à leurs clients est influencé par le taux directeur fixé par la banque centrale puisqu’une banque sait qu’elle devra refinancer une partie du prêt accordé.
Meilleures salutations
L’Equipe de Lafinancepourtous.com
Bonjour, savez-vous si les marchés financiers ont une quelconque influence sur les politiques de relance opérées par les banques centrales, qu’ils soient néfastes ou bénéfiques ?
Bonjour,
Nous ne sommes pas certains de comprendre votre question. Les marchés répondent naturellement aux décisions des banques centrales. Mais il est possibles que les banques centrales décident aussi en partie de leur politique en fonction des attentes des marchés, afin de ne pas décevoir les attentes et créer de krach.
Meilleures salutations
L’Equipe de Lafinancepourtous.com
Merci pour ce début de réponse, c’est vrai que ma questio n’était pas précise… Je voulais savoir si les marchés financiers pouvaient perturber les politiques de relance des Banques Centrales (exemple : politique de relance budgétaire créant un déficit public voire dette publique, les agents sur les marchés financiers vont préférer investir leur épargne dans les titres de dette souveraine plutôt que dans « l’économie réelle » qui fait que les marchés financiers captent en quelque sorte les effets de relance), mais d’une autre manière que l’exemple cité 🙂
Bonjour,
L’exemple que vous mentionnez est appelé « effet d’éviction » : l’épargne étant captée par l’État pour financer le déficit public et n’est plus disponible pour être investie par les entreprises qui paient alors des taux plus élevés. Cet effet d’éviction, possible en théorie, ne semble pas être un problème actuellement. Il y a beaucoup d’épargne au niveau mondial et ce qui freine l’investissement des entreprises est plus une inquiétude concernant les débouchés futurs qu’une captation de l’épargne par le déficit public.
Meilleures salutations
L’Equipe de Lafinancepourtous.com
Bonjour,
Savez vous quand le taux de réserve obligatoire a-t-il été instauré en France ? QU’il n’est plus à 100% ?Sûrement avant le passage à l’euro, mais je ne trouve pas de documentation à ce sujet
Bonjour,
Nous ne connaissons pas la date exacte d’instauration des réserves obligatoires en France. Cependant, cela doit dater d’avant l’instauration de l’euro, car il s’agit d’un outil de politique monétaire qui est certainement aussi vieux que les banques centrales.
Meilleures salutations
L’Equipe de Lafinancepourtous.com
Bonjour, comment la BC achète t’elle sa propre monnaie? (par exemple pour garder la parité du taux de change fixe ) est ce qu’un pays en developpement a la possibilité de le faire dans la mesure ou sa monnaie n’est pas une monnaie international ou convertible? Merci salutation à l’équipe.
Bonjour,
Une banque centrale peut racheter sa propre monnaie en utilisant ses réserves de change. Imaginons pas exemple que la Turquie (qui connait actuellement une crise de change) souhaite soutenir le cours de sa monnaie (la livre turque).
La banque centrale turque utilise ses réserves de change, par exemple des dollars, qu’elle utilise pour acheter sa propre monnaie sur le marché des changes. Concrètement, la banque centrale turque vend des dollars contre des livres, ce faisant, elle augmente le cours de la livre sur le marché des changes.
Ce processus n’est bien entendu possible que tant que la banque centrale a des réserves de change à disposition. Quand ses réserves de change son épuisées, elle ne peut plus utiliser ce mécanisme pour soutenir sa monnaie.
Meilleures salutations
L’Equipe de Lafinancepourtous.com
Merci l’équipe.
bonjour, vous ne parlez pas du tout des réserves change. comment se constituent-elles exactement? comment un excedent courant se ‘transforme’ en reserves de devises dans le coffre de la BC?
Bonjour,
En effet, nous ne mentionnons pas les réserves de change car elles jouent en zone euro un rôle marginal (contrairement aux pays en développement dont le taux de change est plus instable).
Quand une entreprise française exporte pour 100 dollars par exemple, elle échange ces 100 dollars contre 100 euros à sa banque, qui peut les refinancer auprès de la banque centrale. Les 100 dollars se retrouvent donc en réserves de change à la banque centrale. Dans le cas d’une importation, le processus inverse se met en place et les réserves baissent. Donc, si les exportations sont supérieures aux importations (excédent commercial) les réserves de change augmentent.
Vous pouvez trouver plus d’explications sur ce décryptage.
https://www.lafinancepourtous.com/decryptages/politiques-economiques/economie-mondiale/reserves-de-change/
Meilleures salutations
L’Equipe de Lafinancepourtous.com