Programme SMP
Le programme SMP a été lancé en mai 2010. Il consistait à racheter sur le marché secondaire les obligations souveraines des Etats de la zone euro qui faisaient face à la défiance des investisseurs qui exigeaient des primes de risques élevés pour acquérir ces titres.
La BCE a ainsi procédé au rachat d’obligations du Portugal, de l’Irlande, de l’Italie, de la Grèce et de l’Espagne pour un montant total d’environ 220 milliards d’euros. Ce programme est aujourd’hui arrêté.
Il a été remplacé en septembre 2012 par le programme OMT (Outright Monetary Transactions) qui n’a toutefois pas débouché sur l’acquisition de nouveaux titres par la BCE.
Ces rachats effectués dans le cadre du programme SMP n’ont pas donné lieu à de la création monétaire. En effet, si la BCE procédait bien à des injections de liquidités lors de ses rachats, elle procédait à la « stérilisation » de ses interventions.
Cela signifie qu’elle intervenait auprès des banques pour retirer le même montant de liquidités que celui qu’elle leur avait apporté en rachetant les titres de la dette publique. Par exemple, si la BCE rachetait sur le marché secondaire de la dette publique des titres d’une contrevaleur de 5 milliards d’euros, elle allait dans le même temps procéder à une reprise de liquidités pour un montant global de 5 milliards d’euros également.
La reprise de liquidité de la BCE dans le cadre d’opérations de stérilisation correspond à un emprunt auprès des banques. Cet emprunt (désigné sous le terme de « reprise de liquidité en blanc ») prend la forme d’une facilité de dépôts rémunérés : les banques ont la possibilité de placer leurs excédents de liquidité, à concurrence du montant fixé par la BCE et selon une procédure d’appel d’offre, dans un compte ouvert auprès de la BCE. Ces montants sont rémunérés, contrairement à ceux qui sont placés en excès du montant des réserves obligatoires. Mais le taux de rémunération de ces dépôts est inférieur au taux de refinancement principal de la BCE.
L’assouplissement quantitatif
La BCE a annoncé le 22 janvier 2015 le lancement d’un programme d’assouplissement quantitatif (Quantitative Easing en anglais) portant sur le rachat sur le marché secondaire de titres obligataires souverains et privés d’un montant de plus de 2 600 milliards d’euros échelonnés entre mars 2015 et décembre 2018.
Comme pour les rachats opérés dans le cadre du SMP, ceux-ci seront financés par la BCE par des injections de liquidités dans le système financier.
Toutefois, ils s’en distinguent par le fait que cette injection de monnaie ne sera pas stérilisée, ce qui implique que le montant de la masse monétaire de la zone euro est susceptible de s’accroître pour autant que les euros nouvellement émis viendront se déverser dans l’économie réelle par le biais de la distribution de crédit par les banques ou par l’achat des nouvelles émissions obligataires des Etats de la zone euro. Or, cela n’est pas garanti.
En effet, les investisseurs qui recevront les liquidités de la BCE en échange de leurs titres obligataires peuvent décider de les réinvestir dans d’autres actifs financiers, comme les actions, y compris hors zone euro (obligations américaines par exemple).
Les investisseurs peuvent aussi décider de conserver les liquidités. C’est le cas, en particulier, des banques de la zone euro qui détiennent un stock important de titres de la dette obligataire des Etats membres de la zone euro. Les banques pourraient apporter une partie des titres qu’elles détiennent à la BCE mais utiliser les liquidités obtenues pour se désendetter ou les placer dans leurs comptes de réserves à la banque centrale plutôt que de les utiliser pour octroyer davantage de crédits aux entreprises ou aux ménages.
Ceci revient à dire que la création monétaire opérée par la BCE dans le cadre de son programme d’assouplissement quantitatif sera :
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indirecte, dans le sens où elle ne peut transiter que par le canal de la distribution de crédit par les banques commerciales de la zone euro ou via le réinvestissement des liquidités dans les nouvelles émissions obligataires des Etats de la zone euro ;
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probablement peu efficace sur la distribution de crédit par les banques, qui dépend surtout de la demande des entreprises et donc des perspectives de croissance ;
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dépendante de la stratégie de réinvestissement des acteurs qui accepteront de vendre leurs titres à la BCE, et notamment du réemploi des liquidités obtenues de celle-ci dans l’achat de titres des nouvelles émissions obligataires des pays membres de la zone euro.
Bonjour,
J’aimerai reposer la question de Jean-Pierre, posée en mai 2020, mais laissée sans réponse de votre part. La voici :
« Sauf erreur, quand la BCE acquiert de la dette d’Etat sur le marché secondaire auprès de banques commerciales, elle le fait en émettant de la monnaie centrale. En va-t-il de même lorsqu’elle acquiert des titres auprès d’autres types d’investisseurs (à supposer qu’elle le puisse), par exemple des fonds de pension américains (ce qui signifierait que des investisseurs autres que des établissements bancaires peuvent détenir de la monnaie banque centrale) ? »
Merci d’y répondre et merci pour vos articles,
Bien à vous,
Matthieu
Bonjour,
Voici quelques précisions sur ce dernier point : la Banque centrale européenne ne traite, dans le cadre de ses programmes d’achats de titres, qu’avec des institutions désignées comme « éligibles ». Il s’agit d’établissements de crédit de la zone euro. Ainsi, les gestionnaires d’actifs et les autres institutions financières ne sont pas considérés comme des contreparties éligibles aux programmes d’achats de titres. Vous pourrez trouver davantage de précisions sur le fonctionnement du PEPP dans notre infographie dédiée : https://www.lafinancepourtous.com/decryptages/crises-economiques/crise-economique-covid-19/la-dette-publique-et-la-politique-de-la-bce-face-a-la-pandemie-de-covid-19/.
Meilleures salutations,
L’Equipe de Lafinancepourtous.com
Bonjour,
Vous expliquez que certaines banques seraient tentées de garder les liquidités obtenues lors de la cession de leurs titres à la BCE et ainsi empecher en quelques sortes l’augmentation de la masse monétaire en circulation dans l’économie .
Ma question est donc la suivante : la BCE n’a-t-elle pas un levier lui permettant justement d’éviter celà , plus précisément le 2ème taux directeur de la BCE : le taux de rémunération des dépôts ? Vous pensez que même avec un taux négatif , certaines banques persisteraient à conserver ces liquidités dans leurs comptes à la BCE ? ( ou bien vous pensez qu’elles ont le droit de conserver ces liquidités au sein de leur établissement ?)
Merci .
Bonjour,
Vous avez tout à raison : la Banque centrale peut tenter d’inciter les banques commerciales à prêter davantage de fonds, afin de relancer l’économie, via le taux de rémunération des dépôts. Toutefois, en cas de crise de confiance aigue, les banques peuvent, temporairement, préférer conserver leurs liquidités à la Banque centrale, même en cas de taux faibles ou négatifs.
Meilleures salutations,
L’Equipe de Lafinancepourtous.com
Les banques ne prêtent qu’à certaines conditions
– respecter la régulation
– être en face de bons dossiers solvables, soit de particuliers, soit d’entreprises.
Concernant les particuliers, c’est assez simple.
Concernant les entreprises, c’est plus compliqué : pas de demande d’entreprises, pas de crédit, des demandes « farfelues », border-line, faut réfléchir avant d’acceper.
Les banques sont prudentes. Quelques fois, et souvent, elles s’y mettent à plusieurs pour limiter les risques (pool bancaire).
Faites l’exercice vous même : vous disposez de 10.000 €. Vous souhaitez les prêter. Que faites vous, quelles réflexions vous passent par la tête. Voilà, vous êtes un banquier en herbe !
Bonjour,
Pour compléter ce commentaire, nous vous invitons à relire notre article détaillant les principales étapes avant la souscription d’un crédit par un particulier : https://www.lafinancepourtous.com/pratique/credit/souscrire-un-credit/avant-de-vous-accorder-un-credit/.
Meilleures salutations,
L’Equipe de Lafinancepourtous.com