Inflation : définition et théories
En France, l’inflation est mesurée mensuellement par l’INSEE à travers l’Indice des Prix à la Consommation (IPC) et l’Indice des Prix à la Consommation Harmonisé (IPCH). Ce dernier indice, ainsi que ceux produits par les différents organismes statistiques des pays membres de l’Union européenne, est utilisé par Eurostat (l’organisme européen en charge de la production de statistiques européennes harmonisées) pour calculer l’inflation en zone euro et dans l’Union européenne.
L’IPC et l’IPCH sont des indicateurs de variation mensuelle d’un panier de différents produits et services représentatifs de la consommation finale des ménages.
Quelles sont les principales composantes et variations de l’IPC ?
Pour calculer l’indice des prix à la consommation, l’INSEE observe la variation du prix de dizaines de milliers de biens et services. Le détail précis des prix étudiés n’est pas rendu public car si c’était le cas il deviendrait possible pour des producteurs et des commerçants de modifier uniquement les prix observés par l’INSEE, ce qui fausserait les statistiques.
Les biens et services sont réunis en grandes catégories auxquelles il est attribué une pondération, mise à jour annuellement, en fonction de leur poids dans la consommation moyenne des Français.
Par exemple, en 2022, l’alimentation pèse 14,7 %, le logement 15,5 % (ce poids prend en compte les loyers et des charges, comme l’eau, l’électricité, etc.), les transports 14,2 %, la restauration 6,6 % et l’habillement 3,5 %.
L’IPC ne prend pas en compte l’évolution des prix de l’immobilier à l’achat. En effet, un achat immobilier est considéré comme un investissement et non comme une consommation. Pour calculer la pondération adossée aux loyers, il faut tenir compte du fait qu’environ 60 % des Français sont propriétaires et donc ne paient pas de loyer. La pondération des dépenses de loyers (généralement autour de 6 %) est une moyenne qui cache de grandes disparités entre les propriétaires et les locataires.
Entre 2000 et 2022, la hausse de l’IPC a été en moyenne de 1,5 % par an. Cette moyenne masque cependant des variations très différentes selon le type de produits. Par exemple, le prix du gaz a augmenté en moyenne de 4 % par an en moyenne au cours de la même période, le fioul domestique de 2,7 % et le tabac de 6,2 %. À l’inverse, les prix moyens de la santé ont baissé de 0,2 % par an, des loisirs de 0,3 % par an et des communications de 1,7 % par an, notamment du fait des baisses de prix dans l’informatique.
Les variations de prix tiennent compte de l’évolution de la qualité. Par exemple, si le prix d’un médicament ou d’une télévision reste identique mais que sa qualité a augmenté, l’INSEE considérera que son prix a baissé.
Il est possible, sur le site de l’INSEE, de calculer son inflation « personnelle » en fonction de ses propres habitudes de consommation.
L’inflation a des causes multiples
Il existe principalement quatre facteurs à l’origine de l’inflation :
L’inflation par les coûts
Lorsque les prix des matières premières s’accroissent, cela pèse sur les coûts de production des entreprises. Il en va de même si en raison de la faiblesse du chômage, ces dernières doivent augmenter les salaires pour pouvoir attirer de nouveaux employés.
En réaction, et pour conserver leurs marges bénéficiaires, les entreprises sont incitées à augmenter leurs prix, ce qui provoque un premier saut inflationniste. Toutefois, si les salaires sont indexés sur l’inflation, la hausse des prix est répercutée automatiquement sur le niveau des salaires, qui s’accroissent à leur tour. Il s’en suit une nouvelle hausse des prix et un cercle vicieux inflationniste se met en place.
C’est ce processus qui était à l’œuvre dans les économies occidentales au milieu des années 1970 après le premier choc pétrolier et qui a conduit à l’apparition de taux d’inflation annuelle élevés, supérieurs à 10 %.
L’inflation par la demande
Lorsque la demande de produits ou de services s’accroît mais que l’offre de produits et services n’arrive pas à s’adapter à ce surcroît de demande, les prix sont poussés à la hausse.
Les entreprises mettent en œuvre des programmes d’investissement pour accroître leur production et embauchent de nouveaux salariés, ce qui stimule davantage l’activité économique et la demande globale des ménages. Tant que les quantités produites ne parviennent pas à satisfaire la demande globale, le processus de hausse des prix se poursuit. Cette situation est typique d’une économie qui sort d’une phase prolongée de faible croissance ou même d’une récession.
Dans un contexte de sortie de conjoncture morose ou déprimée, les entreprises ne réagissent pas immédiatement à une hausse de la demande pour leurs produits car elles cherchent à écouler leurs stocks et préfèrent avoir la confirmation du caractère durable de la reprise avant d’investir.
L’inflation importée
Lorsque le taux de change d’une monnaie se déprécie par rapport au dollar et/ou aux autres principales devises de facturation du commerce mondial (essentiellement la livre sterling, le yen et l’euro), le coût des produits importés augmente.
Ce renchérissement des importations se répercute dans tous les secteurs de l’économie et touche les ménages autant que les entreprises. Ce phénomène peut aussi avoir pour origine une forte hausse des cours des produits énergétiques et agricoles sur les marchés mondiaux, laquelle hausse peut elle-même avoir pour origine une situation internationale tendue, voire un conflit comme ce fut le cas en 2022/2023 (guerre en Ukraine).
L’inflation par excès de création monétaire
Certains économistes qualifiés de « monétaristes » affirment que l’inflation « est toujours et partout un phénomène monétaire » (pour reprendre l’expression de leur chef de file, Milton Friedman). Ils considèrent en effet que l’inflation apparaît parce que le stock de monnaie circulant dans l’économie est trop important par rapport à la quantité de biens et services offerts.
C’est donc un excès de création monétaire par les banques commerciales ou par le financement du déficit public par la banque centrale (ce que l’on dénomme souvent par l’expression « faire fonctionner la planche à billets ») qui est à l’origine de l’inflation. Dans ce contexte, celle-ci est alimentée par un excès de demande et par la dépréciation du taux de change.
La stagflation, une situation économique a priori aberrante
La stagflation, contraction des mots « stagnation » et « inflation », désigne une situation combinant à la fois une faible croissance économique et une inflation élevée.
La théorie économique a longtemps considéré que cette situation ne pouvait pas se produire car « normalement » l’inflation et la croissance sont corrélées positivement : en phase de ralentissement conjoncturel, la politique économique visait à stimuler l’activité via le déficit budgétaire alors que la politique monétaire assouplissait les conditions du crédit. La croissance redémarrait en même temps que les prix progressaient. À l’inverse, si l’inflation était jugée trop forte, la politique économique devenait restrictive et la politique monétaire restreignait les conditions du crédit. L’activité ralentissait alors et la hausse des prix était contenue.
L’expression de « stagflation » a été créée dans les années 1970 pour caractériser une situation économique inédite, lorsque les prix du pétrole et des autres matières premières montant en flèche, ont entraîné à la fois une accélération de l’inflation et un fort ralentissement de la croissance dans les pays industrialisés.
Ce n’est qu’à partir du milieu des années 1980 que la stagflation a pris fin avec la mise en place de politiques de désindexation des salaires qui ont permis de faire reculer les taux d’inflation dans les pays occidentaux.
Une inflation modérée est bonne pour l’économie
Une hausse régulière mais modérée du niveau général des prix est l’objectif principal des politiques monétaires conduites par les grandes banques centrales. À ce titre, une progression de l’inflation de l’ordre de 2 % par an est considérée par la Banque centrale européenne (BCE) comme une cible optimale.
À un niveau modéré d’inflation sont en effet associés plusieurs avantages :
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Cela permet aux entreprises d’ancrer leurs anticipations de hausses des prix à moyen et long terme. Le caractère prévisible de ces dernières est favorable à la prise de décision d’investir, car il réduit l’incertitude sur les revenus futurs engendrés par l’investissement.
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Cela incite par ailleurs les ménages à placer leurs excédents de liquidités plutôt que de les thésauriser ou de les conserver sur leurs comptes bancaires. À défaut, l’érosion monétaire réduirait le pouvoir d’achat de leur épargne. Une inflation modérée contribue donc à assurer l’équilibre entre le niveau d’épargne et le niveau de l’investissement sans lequel les taux d’intérêt s’orienteraient à la hausse, limitant ainsi les projets d’investissements des entreprises.
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Cela permet également de conserver les taux d’intérêt à des niveaux peu élevés, puisque la banque centrale qui fixe les taux d’intérêt directeurs n’a pas besoin de restreindre les conditions de crédit pour atteindre son objectif de politique monétaire. Ceci est favorable à la croissance économique car les ménages et les entreprises peuvent emprunter à des conditions financières incitatives, tant en termes nominaux (le niveau des taux d’intérêt) que réels (le niveau des taux d’intérêt diminué de l’inflation).
Une inflation trop forte est nocive
Si l’inflation progresse trop fortement, cela peut avoir des répercussions dommageables pour l’économie tout entière :
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Cela entraîne une dégradation de la compétitivité prix des produits fabriqués dans le pays par rapport aux produits fabriqués à l’étranger. En effet, si les prix des produits domestiques deviennent plus élevés que les mêmes produits fabriqués à l’étranger pour une qualité comparable, la demande étrangère risque de diminuer (baisse des exportations) alors que la demande interne pour les produits étrangers risque d’augmenter (hausse des importations). Il en résulte une baisse de l’activité pour les entreprises domestiques qui est susceptible d’entraîner des réductions d’effectifs et donc une progression du chômage.
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Cela renforce l’incertitude quant au niveau futur des prix. Aussi, les entreprises adoptent des comportements prudents en matière d’investissement car la rentabilité de ceux-ci est difficile à anticiper. Une trop forte inflation risque donc de réduire les investissements productifs et donc le potentiel de croissance.
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Cela pénalise les ménages si leurs salaires ne sont pas indexés sur la hausse des prix. Ils subissent alors une perte de pouvoir d’achat qui peut les amener à réduire leur consommation ou à désépargner pour maintenir leur niveau de vie.
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Mais cela favorise les emprunteurs car le niveau réel de leur dette diminue. Par contre, elle pénalise les créanciers pour les raisons opposées.
Bonsoir, je voulais savoir les causes de l’inflation qu’on remarque en ce jour sur le marché de bien et service en Afrique. On ne comprend pas vraiment ce qui se passe.
Bonjour,
Il n’est pas possible de répondre en toute généralité à votre question : les dynamiques à l’œuvre dans l’ensemble des pays du continent diffèrent d’une région à l’autre. Par exemple, une note du FMI datant de décembre 2021 montre qu’une part importante de l’inflation dans les pays de l’Afrique sub-saharienne est liée à l’augmentation des prix des biens alimentaires (https://blogs.imf.org/2021/12/06/food-inflation-in-sub-saharan-africa/). Pour d’autres pays, au contraire, l’inflation est davantage causée par la hausse des prix de l’énergie, liée d’abord à la reprise économique et, à l’heure actuelle, à la guerre en Ukraine.
Meilleures salutations,
L’Equipe de Lafinancepourtous.com
Avec un taux d’inflation de plus de 10% par an est-ce nocif pour l’économie du pays ?
Bonjour,
Une inflation trop forte est, effectivement, généralement considérée comme nocive. Elle génère en effet de nombreuses conséquences négatives : instabilité de la monnaie, déstabilisation des agents économiques dont les décisions en matière de consommation et d’investissement deviennent plus incertaines, dégradation de la compétitivité-prix des entreprises locales, etc. Il est, toutefois, difficile, dans la pratique, de définir le seuil à partir duquel l’inflation devient problématique.
Meilleures salutations,
L’Equipe de Lafinancepourtous.com
Bonsoir,
dans le graphique je ne comprends pas bien à quoi correspondent les chiffres 2.9% pour l’UE et 2.1% pour la France : est-ce la valeur moyenne de l’inflation sur la période 2000 – 2021 ? Ou la valeur sur 2021 pour chacune des zones ?
Je vous remercie par avance pour vos lumières.
Cordialement,
Ben
Bonjour,
Il s’agit du taux d’inflation pour 2021, mesuré par l’évolution de l’indice des prix à la consommation harmonisés. Les données détaillées sont disponibles sur le site d’Eurostat à l’adresse suivante : https://ec.europa.eu/eurostat/databrowser/view/tec00118/default/table?lang=fr
Meilleures salutations,
L’Equipe de Lafinancepourtous.com
Svp, j’ai le taux de croissance réel de 10% et le taux de croissance nominal de 12%, comment on peut calculer le taux d’inflation ?
Bonjour,
A partir des données dont vous disposez, vous pouvez obtenir une valeur approximative du taux d’inflation en soustrayant le taux de croissance du PIB en volume (ou réel) au taux de croissance du PIB en valeur (ou nominal). Soit, ici 12-10.
Meilleures salutations,
L’Equipe de Lafinancepourtous.com
L’inflation est t’elle la même pour tous les ménages, même lorsqu’ils n’ont pas les mêmes revenues
Bonjour,
L’indice des prix à la consommation est calculé pour l’ensemble de l’économie. Ainsi, il n’existe qu’un seul taux d’inflation. Toutefois, les ménages peuvent la ressentir de manière différente selon leur niveau de revenus. Supposons, par exemple, que les loyers augmentent très rapidement : cette « inflation » ne touchera alors que les ménages non propriétaires de leur logement.
Meilleures salutations,
L’Equipe de Lafinancepourtous.com
Non Dorian, c’est évident. Tout indice est construit par les statisticiens et les pondérations ( = poids) d’articles choisies sont fonction des consommations moyennes d’une population de reference. Donc des gens pauvres sont donc plus concernés que des gens tres riches.
Mais il faut éviter les fautes d’orthographe tout de même, même si ta question est clairement exprimée.
6% dans les loyers ? la blague, en fait c’est un indice de propagande nan ?
Bonjour,
Le poids des loyers est, en effet, faible dans l’indice des prix à la consommation (IPC), principale mesure de l’inflation. L’INSEE prend en compte le fait que cette dépense est nulle pour les propriétaires. Vous trouverez davantage de détails sur ce choix méthodologique dans la publication de l’INSEE, « Le logement dans l’indice des prix à la consommation », disponible à l’adresse suivante : https://www.insee.fr/fr/statistiques/4126450.
Meilleures salutations,
L’Equipe de Lafinancepourtous.com
L’inflation peut jouer dans deux sens au niveau de l’épargne:
1) Diminution du pouvoir d’achat –> diminution de la propension moyenne à épargner augmentation de la proprension moyenne à consommer –> augmentation en valeur et en proportion du revenu destiné à la consommation. Je pense que cet effet l’emporte sur les déciles inférieurs qui ont une capacité d’épargne inférieure à la moyenne nationale (14% du revenu épargné).
2) Effet Pigou: L’inflation diminue le pouvoir d’achat de la monnaie, quelle que soit sa destination (conso/épargne). Ainsi, un agent souhaitant maintenir son épargne à un pouvoir d’achat constant va l’augmenter afin de neutraliser la perte de pouvoir d’achat suscitée par l’inflation.
Dans tous les cas les conséquences sont négatives: accroissement de l’épargne (en particulier épargne de précaution) ou augmentation des dépenses de consommation des plus modestes et donc de leur précarité eu égard à leurs revenus.
Bonjour,
Les effets que vous décrivez dépendent également de l’évolution des revenus. C’est seulement dans le cas où les prix augmentent plus rapidement que les revenus que le pouvoir d’achat se dégrade.
Meilleures salutations,
L’Equipe de Lafinancepourtous.com
Super article! merci pour ces précisions.
C’est un bon article traitant du lien entre le taux de change et la stabilité des prix ou bien les liens entre l’inflation et le taux de change
la forte circulation de monnaie peut elle induire une restriction des crédits aux ménages. En attente de votre de réponse.
Bonjour,
Le cas que vous évoquez est possible notamment si Banque centrale décide de réduire la forte circulation de monnaie, par exemple en relevant ses taux directeurs. Il s’ensuivra une dégradation des conditions d’accès au crédit pour les acteurs privés et donc les ménages.
Meilleures salutations,
L’Equipe de Lafinancepourtous.com