Une récession se distingue d’un simple ralentissement de l’économie qui correspond à une diminution du taux de croissance du PIB sur deux trimestres consécutifs. Le terme dépression, quant à lui, concerne une chute de la production plus intense et de durée plus longue telle que l’ont connu les États-Unis après le krach boursier de 1929.
Récession : un phénomène rare, mais de plus en plus fréquent
Depuis les années 1950, les périodes de ralentissement économiques sont relativement fréquentes, mais les récessions sont plus rares. A l’échelle mondiale, le PIB n’a reculté que deux fois depuis la seconde guerre mondiale : en 2009 suite à la crise des subprimes.
La France a connu quatre récessions depuis 1945 : en 1975 (-0,9%) en 1993 (-0,6%), en 2009 (-2,9%) et en 2020 (-7,5%).
Le graphique ci-dessus retrace l’évolution annuelle du taux de croissance en France depuis 1950.
Historique des récessions françaises
Après une forte poussée inflationniste au début des années 1950, la France connait une période d’une vingtaine d’années de croissance forte avec des périodes de ralentissement relativement limitées. Mais l’inflation tend à augmenter (écart croissant entre les courbes verte et rouge). La France connait ensuite une croissance en moyenne plus faible.
Récession de 1975 et 1993
Elle subit d’abord une récession en 1975 (choc pétrolier) puis jusqu’au début des années 1980 une période de croissance réelle réduite mais avec une inflation qui ne recule pas (dite de stagflation).
Dans les années 1980, la désinflation (baisse de l’inflation) s’accompagne d’une certaine reprise de la croissance jusqu’au début des années 1990. Un certain nombre de difficultés et d’instabilités contribue à la récession de 1993 : crise des Savings and loans, réunification allemande, guerre du Golfe, crise du Système Monétaire Européen…
La situation économique de la France s’inscrit ensuite, jusqu’en 2007, dans une forte croissance mondiale. Il n’y a pas de récession, mais simplement des ralentissements et une croissance en moyenne plus faible que dans les années de l’après guerre et insuffisante pour revenir au plein emploi.
Crise de 2007
En 2008, la crise financière de 2007 se transforme en crise économique et en récession mondiale. Aux États-Unis celle-ci commence dès le début de 2008. Dans les pays européens et notamment en France, elle démarre à la fin de 2008 après l’aggravation de la crise financière mondiale (faillite de Lehman Brothers). En effet, la récession de 2009 en France a été la conséquence directe de la crise financière de 2007-2008.
À l’automne 2008, l’ampleur du surendettement des ménages et du secteur bancaire aux États-Unis et dans d’autres pays à hauts revenus et les risques d’effondrement des marchés financiers menaçaient d’entraîner le monde dans une véritable dépression comme après la crise de 1929.
Les États sont intervenus massivement pour sauver le système financier et pour soutenir les revenus des ménages et des entreprises et la demande. Parallèlement les banques centrales ont agi dans le même sens par des politiques de baisse des taux d’intérêt et d’émissions massives de liquidités. Cela a abouti à une stabilisation de la production fin 2009 : la plupart des pays sortent de la récession au cours du 2e semestre 2009 en prenant appui sur les politiques monétaires et budgétaires très expansives. L’année 2010 marque une certaine reprise de la croissance économique jusqu’au premier trimestre 2011.
Crise de la zone euro
La France a de nouveau frôlé la récession au premier trimestre 2013, dans le contexte de crise de la zone euro. Selon l’INSEE, tous les moteurs de l’économie française ont fonctionné au ralenti: la consommation des ménages, bien que revue à la hausse, est restée en berne, comme l’investissement des entreprises, plombé par la faiblesse de leurs marges. Même constat pour le commerce extérieur, qui a pâti d’un recul inattendu des importations allemandes et britanniques.
Covid-19 et effets sur l’économie
Le confinement lié à la pandémie de Covid-19 provoque une grave crise économique, en France comme dans le monde. La récession est la plus violente depuis 1945. Après une baisse de 0,1 % au quatrième trimestre 2019 (principalement liée aux grèves dans les transports), le PIB plonge, en effet, de 5,7 % au premier trimestre 2020, puis de 13,5 % au cours du second trimestre. Il s’agit de la plus forte chute de l’activité économique jamais enregistrée en France sur un trimestre depuis que l’INSEE publie des comptes publics, soit 1949.
La France est-elle en récession ?
En utilisant les dernières données de l’INSEE, il est possible de déterminer si la France est en récession à l’heure actuelle. Bien que la croissance soit atone, elle est positive sur tous les trimestres depuis le premier de 2022. Il n’y a donc pas de récession en cours.
Les causes et les remèdes à la récession
Comment expliquer les fluctuations cycliques de l’économie, la succession des périodes de croissance, de retournements, de ralentissement ou de récession e de retour à la croissance ? Pourquoi les ralentissements sont-ils plus ou moins profonds et durables ? C’est l’une des questions les plus traitées et les plus controversées parmi les économistes. De nombreuses théories des cycles économiques ont été développés, en particulier depuis le début du XXème siècle. On peut citer la surcapitalisation d’Albert Aftalion, le principe d’accélération de John Maurice Clark, le processus cumulatif de Knut Wicksell, ou encore l’effet accordéon de Friedrich von Hayek.
L’économiste français Albert Aftalion voit dans l’origine des cycles économiques des phénomènes de surcapitalisation. Lorsqu’un besoin de la population n’est pas satisfait, les entreprises sont incitées à investir dans du capital (machine, formation…) afin de produire des biens et services adaptés. Or, la production prenant du temps, elles ont tendance trop investir, voyant que les besoins ne sont toujours pas satisfaits après plusieurs mois voire plusieurs années. En fait, l’investissement nécessaire est déjà réalisé depuis longtemps, mais ses effets ne sont pas encore visibles. Se matérialise alors une surcapitalisation, menant à une surproduction de biens et de services, et donc à une crise.
Les phases de ralentissement et de récessions économiques correspondent en principe à des périodes durant lesquelles les déséquilibres et les excès qui ont conduit aux crises sont corrigés. Par exemple les fermetures d’entreprises et les concentrations réduisent les capacités de production excédentaires en éliminant les équipements et les entreprises les moins efficaces. Les coûts peuvent être abaissés grâce à la baisse des prix des matières premières et à la régression des coûts salariaux du fait du recul des emplois.
Le fait qu’il y ait récession et non simple ralentissement est dû en règle générale à la gravité des déséquilibres économiques monétaires et financiers qui ont provoqué la crise.
Les analyses des économistes divergent cependant entre ceux qui considèrent qu’il faut laisser faire les mécanismes économiques ou qu’il faut les renforcer par des politiques publiques et ceux qui considèrent que le libre jeu de ces mécanismes peut aboutir à une spirale négative de l’activité ou à un équilibre de sous-emploi et qui prônent une intervention des États pour soutenir la demande afin de faire repartir la machine économique (opposition entre les économistes libéraux et les économistes keynésiens).
Bonjour,
D’après vous que doivent faire les entreprises pour se tenir face à la récession économique actuelle ?
Appuyez vos idées avec des exemples concrets.
Merci d’avance
Cordialement
Bonjour,
Comme expliqué dans l’article, une récession est définie comme une baisse du PIB (souvent réel) pendant plus de deux trimestres d’affilé. Or, ce n’est actuellement pas le cas : l’année 2024 a pour l’instant connu une croissance, certes atone, mais positive (https://www.insee.fr/fr/statistiques/2830547). Si vous avez besoin de ressources au sujet des périodes d’instabilité économique ou de crise, nous vous invitons à consulter les nombreux articles des dossiers suivants : https://www.lafinancepourtous.com/decryptages/crises-economiques/.
Meilleures salutations,
L’équipe de Lafinancepourtous
Bonjour,
– En 2008 tx croissance PIB 0.3 et 2009 il est de – 2.9 , donc j en conclus que le pays a creé moins de richesse en 2009 puisque negatif. mais de combien a t il baissé entre les 2 annees ? comment calculer svp..
– Taux croissance annuel PiB pr 2018 est de1.7 ; 2017 est de2.3 ; il a été creé plus ou moins de richesses en 2017 ou 2018 et pourquoi svp ?
Merci d avance pour l aide précieuse.
Cordialement.
Bonjour,
Pour votre première question : la méthode mathématiquement correcte consiste en l’application successive des deux pourcentages. Notons, t1 le taux de croissance en 2008, t2 le taux de croissance en 2009 et t3 le taux de croissance sur les deux années. On obtient : (1 + t1 / 100) * (1 + t2 /100) = (1 + t3 /100). En remplaçant t1 et t2 par leurs valeurs respectives, on trouve : 1,003 * 0,971 = 1 + t3 / 100, soit 0,974 – 1 = t3 / 100, et donc t3 = -2,6 %.
Concernant votre deuxième question : le taux de croissance a été plus faible en 2018 par rapport à 2017, mais il a été positif : cela signifie que les richesses produites telles que mesurées par le PIB se sont accrus entre 2017 et 2018, mais à un rythme moins rapide. En conséquence, c’est en 2018 que l’on a créé davantage de richesses.
Meilleures salutations,
L’Equipe de Lafinancepourtous.com
Bonjour,
Comment différencier la récession du ralentissement de la croissance ?
Merci d’avance
Bien à vous
Bonjour,
Une récession désigne une situation dans laquelle le produit intérieur brut (PIB) baisse pendant au moins deux trimestres consécutifs. Au contraire, un ralentissement de la croissance économique renvoie à une hausse plus faible de ce même PIB. Dans ce dernier cas, le taux de croissance reste positif, mais plus faible que précédemment.
Meilleures salutations,
L’Equipe de Lafinancepourtous.com