La banque du Moyen-Âge au XVIIème siècle
Au moment où l’Italie et les Pays-Bas voient la naissance de grandes banques, en France, l’activité bancaire connaît un développement plus lent. Pourquoi ? Parce que le pays commerce trop peu avec ses voisins et que le poids de l’Église catholique, hostile au monde de l’argent, freine l’installation des banques.
Aux XIIème et XIIIème siècles, les foires de Champagne, les grandes places commerciales de Lyon et les grands ports du royaume favorisent l’arrivée de banques sur le territoire. Jusque-là, la plupart des banquiers sont des étrangers : des Italiens (les Lombards) et des Juifs d’origine espagnole ou d’Europe de l’Est. A Paris, quelques Français exercent cette profession comme Jacques Cœur, homme d’affaires et grand argentier du roi Charles VII (sur le trône de 1422 à 1461).
Le XVIIIème siècle : un tournant pour la banque en France
Le XVIIIème siècle voit la naissance de la première grande banque française avec la tentative de John Law (1716-1720) et sa fameuse « Banque générale ».
Cette banque a eu le privilège d’émettre des billets, de pratiquer le crédit et de mettre fin aux dettes du royaume après de longues périodes de guerre sous Louis XIV (roi de 1643 à 1715). En dépit de nombreux efforts, la banque fait faillite. Les conséquences sont importantes pour l’image de la profession.
Sous Louis XVI (roi de France et de Navarre entre 1774 et 1792), de nombreuses villes accueillent des banquiers locaux à Lyon, Bordeaux ou Saint-Malo. De grandes familles étrangères pour la plupart protestantes s’installent en France et développent des réseaux bancaires de premier ordre : ce sont les familles Mallet, Hottinguer ou Zurich. Elles participent aux grandes affaires du royaume.
En 1789, la Révolution française éclate. Les banquiers fuient la France et mettent fin à leurs affaires. Après la période de la Terreur (de 1792 à 1794), la France est économiquement affaiblie. Le besoin de reconstruire le pays est fort. Les banques vont y participer pleinement. En 1799, le coup d’État installe Napoléon Bonaparte au pouvoir. Les banquiers s’allient alors à lui. La Banque de France jusque-là limitée à une activité parisienne, devient en 1800, une banque à part entière et peut maintenant émettre des billets. Un réseau de succursales (agences régionales) est créé.
Sous l’Empire (1804-1815), les banques sont malmenées par les successions de guerres napoléoniennes. Le retour à la paix avec la fin de l’Empire permet aux banques d’espérer un renouveau.
Le XIXème : l’ère des grands banquiers
La première moitié du XIXème siècle finit d’installer la « Haute Banque » en France. Ce sont de grandes « maisons » parisiennes et provinciales : les Rothschild, les Mirabaud ou les Perier de Grenoble. Ces marchands-banquiers participent :
- au commerce mondial;
- au développement des finances européennes;
- au lancement des premières caisses d’épargne;
- à l’aménagement des villes;
- et à la construction des chemins de fer.
A côté de ces grands financiers, il existe dans la majorité des villes des banquiers locaux, appelés escompteurs. Il s’agit de professionnels qui avancent de l’argent à quelqu’un en échange d’un intérêt. On en compte plus de 2 000 dans les années 1875-1885. Au même moment, de nouveaux établissements bancaires rivalisent d’initiatives commerciales pour obtenir de l’épargne. Ce sont le Crédit Lyonnais (1863), la Société Générale (1864) ou le Crédit industriel et commercial (1859). Ces nouvelles banques ont créé un réseau d’agences, employé des démarcheurs pour s’assurer de nouveaux clients et utiliser la réclame (la publicité) pour se faire connaître de tous.
Pas à pas, le secteur bancaire français se construit. A la veille de la Première Guerre mondiale (1914-1918), la France dispose désormais d’un réseau bancaire diversifié comprenant des banques d’affaires (qui gèrent les grandes opérations commerciales) et des banques régionales et locales (appelées aussi banques de dépôts) qui assurent la gestion quotidienne des comptes des entreprises et des personnes. Une banque spécialement réservée aux agriculteurs a été créée en 1894-99 grâce à l’État : les caisses de crédit agricole.
Le XXème siècle : entre difficultés et renouveau
Après la Grande guerre, les banques sont fragilisées par la situation économique du pays et l’arrivée de la crise de 1929. L’État favorise alors les banques publiques (l’État en est le propriétaire) et mutualistes (ce sont les clients qui possèdent le capital de la banque).
Quelques années plus tard, la Seconde Guerre mondiale (1939-1945) débute. Les banques françaises sont alors touchées par la chute de l’économie et par le fait d’être coupées du monde libre.
A partir de la Libération (en 1945), l’État encadre l’ensemble de l’activité des banques : le crédit et l’épargne des particuliers et des entreprises. Un certain nombre de banques sont nationalisées (le propriétaire devient alors l’État). Dans les années soixante, la plupart des Français possèdent un compte bancaire.
Entre les années 1970 et 1980, les banques se modernisent. Elles achètent des ordinateurs et diffusent les nouveaux moyens de paiement.
Durant les années 1990 et 2000, de nombreuses banques sont privatisées (l’État vend alors les banques à des entreprises privées et au grand public). Leur activité se mondialise : elles sont au quatre coins du monde ! Grâce à l’Internet, la banque arrive à la maison. C’est une petite révolution.
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