Le terme de « subprimes » désigne des prêts immobiliers accordés à des Américains disposant de faibles revenus. Au début des années 2000, les banques accordent massivement des prêts immobiliers, avec le soutien du pouvoir politique qui voit dans la frénésie de construction immobilière un bon moyen de dynamiser l’économie à court terme.
Le gonflement de la bulle
Les Américains achetant de plus en plus de maisons grâce au crédit bon marché, le prix de l’immobilier augmente. C’est la loi de l’offre et de la demande. En effet, il est difficile de modifier l’offre de logements à court terme, du fait des délais nécessaires à la construction de nouveaux immeubles ou maisons. Dans ce contexte d’une demande croissante de logements, ces derniers deviennent plus rares et donc plus chers.
Et plus les prix de l’immobilier augmentent, plus les Américains s’endettent pour acheter des biens de plus en plus chers… Ce mécanisme de hausse des prix alimentée par le crédit facile est bien connu des économistes qui le nomment une bulle spéculative.
Cet endettement est facilité par une forme de crédit que l’on ne connaît pas vraiment en France mais qui est considérée comme normale aux États-Unis, à savoir la recharge hypothécaire qui permet de se réendetter au fur et à mesure de l’augmentation du prix du bien immobilier servant de support à l’hypothèque.
L’utilisation de produits financiers complexes
Pour pouvoir accorder des crédits à des ménages très modestes, tout en respectant la règlementation américaine, les banques ont recours à des produits financiers complexes, masquant en partie la nature véritable des risques qu’elles prennent dans ces opérations. Ces produits opaques constituent le cœur du récit de The Big Short : le casse du siècle, le film aux multiples récompenses d’A. McKay, sorti en 2015 et adapté de l’ouvrage de M. Lewis.
La chute du prix des maisons déclenche la crise
Pour freiner la dynamique de cette bulle, la Banque centrale américaine, la FED, augmente les taux d’intérêt à partir de 2005. En augmentant les taux auxquels elle prête de l’argent aux banques, la Banque centrale cherche à provoquer une hausse généralisée des taux d’intérêt dans l’économie. Avec des intérêt plus coûteux à rembourser, le recours au crédit est censé faiblir.
Dans le même temps, la hausse des taux d’intérêt provoque un renchérissement des crédits déjà accordés par les banques aux acquéreurs de logement. Aux États-Unis, les crédits immobiliers comportent, en effet, le plus souvent, un taux d’intérêt variable. Certains clients ne peuvent alors plus assurer le paiement de leurs mensualités, ce qui occasionne des pertes pour l’établissement prêteur et entraîne la saisie par la banque du logement concerné par le prêt. Ces habitations, ainsi saisies, sont alors vendues aux enchères, ce qui provoque une chute rapide des prix de l’immobilier et déstabilise tout un pan entier de l’économie américaine. Les banques se retrouvent donc en difficulté et, le 15 septembre 2008, la banque américaine Lehman Brothers fait faillite, déclenchant une panique inédite depuis 1929.
La propagation au reste du monde
De par le poids des États-Unis dans l’économie mondiale et la très forte interdépendance commerciale, bancaire et financière des principaux pays avancés du globe, le reste du monde est rapidement impacté. Cette crise a été la plus violente que l’économie mondiale ait connue depuis la Seconde Guerre mondiale. Ses effets négatifs se faisaient toujours sentir, plus de 10 ans après son déclenchement. En effet, le taux d’endettement public a pratiquement doublé aux États-Unis du fait de la baisse des recettes fiscales et du soutien qu’a apporté l’État au secteur financier.
Les politiques menées face à la crise
Pour enrayer la crise, les banques centrales ont injecté plus de monnaie dans l’économie et les États ont augmenté leurs dépenses afin d’atténuer les effets de la crise, comme le chômage par exemple.
L’outil employé par les banques centrales pour injecter de la monnaie dans l’économie et ainsi la soutenir s’appelle « l’assouplissement quantitatif ». Elle consiste, pour les banques centrales, à créer de la monnaie pour acheter des titres financiers, comme des obligations, à des institutions financières.
Parallèlement, les États ont pratiqué des politiques de soutien à l’économie (politiques budgétaires notamment). Ces politiques ont eu des résultats contrastés. Aux États-Unis, elles ont permis un rebond économique assez rapide, tandis qu’en Europe, elles n’ont pas suffi à éviter l’entrée dans une autre crise, celle des dettes publiques au sein de la zone euro.
Je crains qu’il ne manque un élément fondamental dans cette analyse des causes de la crise des subprimes : l’immense RESPONSABILITÉ du Gouvernement américain. 1- Celui-ci n’a pas contrôlé l’activité de Fannie Mae, qui a étendu aux banques d’affaires la vente des MBS issus de la titrisation des crédits immobiliers. Ces MBS ont été ensuite mélangés avec d’autres titres pour émettre des CDOs vendus dans le monde entier. 2- . Le gouvernement américain a laissé planer trop longtemps l’incertitude sur la garantie gouvernementale des MBS émis par Fannie Mae. Les volumes avaient explosé, et lorsque l’immobilier s’est retourné, les marchés ont compris que la garantie publique présumée ne serait pas exercée. Les cours des CDOs ont massivement chuté. La catastrophe a gagné la planète, même s’il s’est avéré que tous les MBS n’étaient pas défaillants.
Ne pas parler de cela a surtout une conséquence grave aujourd’hui : on apprend aux Français que les banques sont coupables d’avoir « transféré des crédits pourris sur les marchés ». Et cela à un moment où l’on essaie d’expliquer à l’opinion l’importance de faire de grandes banques pan-européennes ; indispensables pour créer le MARCHÉ EUROPÉEN DES CAPITAUX.
Bonjour,
Vous avez tout à fait raison, le gouvernement fédéral a joué un rôle non négligeable dans le développement de la bulle immobilière et plus généralement dans les dynamiques d’euphorie et de panique lors de cet épisode. Cependant, cet article s’adressant à des lycéens, il se veut très synthétique et n’entre pas dans les détails de la responsabilité de chaque acteur. Comme vous le pouvez le voir, le rôle particulier des banques, de la Fed ou des fonds d’investissement n’est pas détaillé non plus. L’article mentionne seulement le « soutien politique » en introduction. Il convient avant tout de ne pas désigner un responsable unique, ce qui est malheureusement souvent le cas.
Le dossier sur la crise des subprimes offre un peu plus de détails : https://www.lafinancepourtous.com/decryptages/crises-economiques/crise-des-subprimes/crise-financiere/.
Meilleures salutations,
L’équipe de Lafinancepourtous
Bonjour, j’ai bien compris la crise et ses effets, mais je ne comprends pas ce qu’est reellement la titrisation ? en quoi cela est un risque pour l’economie ?
merci de votre reponse
Bonjour,
Vous trouverez des élements de réponse depuis ce lien : https://www.lafinancepourtous.com/decryptages/marches-financiers/fonctionnement-du-marche/titrisation/
Meilleures salutations,
L’Equipe de Lafinancepourtous.com
bonjour j’aimerai avoir un peu plus d’eclaircissement sur les Réponses des autorités monétaires face aux crises diffente crise systemique allant de 2008 jusqu’a la crise de la guerre de l’ukraine
Bonjour,
Chaque crise est différente et a donc fait l’objet d’un traitement différent. Par exemple, lors de la crise provoquée par la pandémie de Covid-19, l’inflation en zone euro était relativement faible, tandis qu’au moment de l’envahissement de l’Ukraine par la Russie, les taux d’inflation étaient nettement plus élevés. Pour synthétiser, toutefois, il apparaît que les réponses des Banques centrales face à ces différentes crises reposaient sur l’utilisation de deux types d’outils : les taux d’intérêt directeurs et les programmes d’achats de titres. Pour une présentation détaillée de la réponse de la BCE à la crise Covid, nous vous invitons à consulter notre article disponible à l’adresse suivante : https://www.lafinancepourtous.com/decryptages/crises-economiques/crise-economique-covid-19/la-dette-publique-et-la-politique-de-la-bce-face-a-la-pandemie-de-covid-19/
Meilleures salutations,
L’Equipe de Lafinancepourtous.com
Bonjour, l’article est très clair, merci pour votre travail. Je ne comprend simplement pas pourquoi les banques se sont retrouvées en difficulté lorsque de nombreux ménages n’ont pas pu rembourser leurs crédits subprimes et que leurs biens immobiliers ont été saisies. Même si la bulle immobilière éclate, comment se fait-il que cela impacte les banques alors qu’elles ne sont plus les créanciers de ces ménages après avoir utilisé la titrisation. Merci d’avance !
Bonjour,
On peut ici distinguer deux canaux : d’une part, les banques ont subi des pertes sur les crédits non remboursés par certains ménages (tous ne faisaient pas l’objet d’une titrisation), d’autre part, les établissements financiers avaient également acheté des produits titrisés.
Meilleures salutations,
L’Equipe de Lafinancepourtous.com
Merciii bcp pour votre travail ! même en lisant très rapidement, j’ai reussi à comprendre un peu. Cela va me servir pour compléter ma rédaction de mon rapport de stage.
Bonjour,
Nous vous remercions de votre appréciation. Et nous vous souhaitons courage et réussite pour la suite de vos études.
Meilleures salutations.
L’équipe de lafinancepourtous.com
Je vous salue pour cet effors de rendre la finance accessible à tous
je veux savoir les conséquences de cette crise sur l’économie algérienne.
Merci d’avance.
Bonjour,
Sur cette question, nous vous conseillons la lecture de l’article de Chabane Mohamed, « Conséquences de la crise internationale sur les économies maghrébines, cas de l’Algérie ».
Meilleures salutations,
L’Equipe de Lafinancepourtous.com